Le masque relève d'un univers mâle. Et la très grande majorité des observations en atteste le caractère résolument masculin. Tous les auteurs en sont d'accord. Toutefois, ici ou là, se rencontrent des « exceptions » qui invitent à moduler l'affirmation ci-dessus. De nombreux témoignages ethnologiques ou folkloriques font état en effet, en quelque lieu de l'existence du masque, d'une intervention féminine. Pour rares qu'ils soient, ces faits ne sont cependant pas à négliger ; peut-être même doivent-ils êtres considérés comme les précieux vestiges d'un passé définitivement caduc et, à ce titre, méritent-ils un surcroît d'attention. Des exemples qui seront donnés plus loin, on pourra conclure que, d'une façon très générale, les femmes sont fréquemment impliquées dans la découverte ou l'invention du masque, ou encore, dans la réception du message initiatique dont un esprit lui indique la technique. A l'homme par contre incombent les tâches de fabrication et d'interprétation des masques ainsi que la mission de les porter lors des cérémonies et des fêtes. Si la femme est à l'origine du masque, c'est sa création par l'homme que proclament les sociétés ; c'est l'homme qui, en s'en couvrant le visage, s'identifie à l'image plastique et absorbe les forces vitales qu'elle est supposée détenir. Souvent d'ailleurs, les mythes font allusion au vol ou au rachat par l'homme du savoir des femmes et tout se passe comme si ces dernières s'étaient vues dépossédées de prérogatives initiales selon les termes d'un antique contrat qui aurait conféré à l'homme, à défaut du pouvoir public de mettre au monde, le pouvoir secret d'engendrer.
Périodicité de la fête, dualité de la signification, la fête est placée sous le signe de la dialectique, propriété essentielle du vital et du sacré.
Revenir au chaos, c'est annuler en même temps qu'inverser. Mais inverser, c'est jouer plus pleinement encore sur la corde des antithèses : c'est vilipender le sacré et révérer l'immonde, c'est mettre la charrue devant les bœufs et chevaucher l'âne à l'envers, c'est dissimuler l'être et proclamer le simulacre. C'est, en définitive, porter masques et déguisements.
A Radolffzell, sur le lac de Constance, c'est aux Schnitzweiber, portant un curieux masque de toile métallique, qu'échoit, au Jeudi gras qui précède le dimanche du Fastnacht, le rôle subversif de libérer les enfants des écoles.
Rappelons cependant ici cette fête de lointaine origine qui a survécu jusqu'à nos jours en Thrace. On y voit une procession de phallus de bois, qui nous rappellent la coutume des chœurs phalliques dont, selon Aristote, naquit la Comédie, accompagnés d'un homme masqué, vêtu de peau de bouc, masque proprement « tragique » qui illustre la séquence sémantique conduisant du "tragos" à la "tragôdia", c'est-à-dire du bouc proclamé au bouc sacrifié, sans doute jadis Dionysos lui-même.