« Parce que la faiblesse des autres peut vous détruire tout autant que leur force. Les gens faibles ne sont pas inoffensifs. Leur faiblesse peut justement être leur force… » Philippe Roth, Indignation.
Trois jours et tout change à jamais. Ce roman est une destinée. Lire «
Trois jours » c'est atteindre les profondeurs infinies. Apprendre l'alphabet essentialiste. La force de l'invisibilité, le pouvoir intrinsèque des merveilleuses vertus. Chaque mot de
Denis Brillet enclenche un processus, un signe. Ici, c'est la double lecture qui lève le voile sur l'advenir d'un roman hors pair. L'errance pour sac à dos, l'endurance aux souffrances d'une saison hivernale glacé, rude et sauvage. Un jeune homme dont on ignore le nom arrive dans un village en plein midi de février. D'aucuns s'étonnent. Tous observent sournoisement cet étrange (er). Dans un hors champ ordinaire, ce jeune homme devient non pas un dérivatif aux habitus, mais le point d'appui d'une hostilité. Dans ce lieu emblématique, sa toile de tente gorgée de vent et de méprises, il est dans une attitude hédoniste, olympienne. Un magicien théologal qui va de par son stoïcisme et sa discrétion bousculer chacun (e) dans leurs convictions les plus ancrées. La solitude encerclée sur chacune de ses prouesses. le magnétisme de ses capacités qui oeuvre en silence. Ce jeune homme est la baguette du magicien. Il contre les vents contraires, la faim, le froid, la fragilité de son corps frêle comme un roseau et sa vulnérabilité qui est juste une écorce. L'apparence physique d'une faiblesse qui n'est pas le Rocher de Sisyphe. Il déambule dans le village,
trois jours de quête résiliente, l'altruisme en porte-voix dans l'invisibilité de ses bravoures. Qui est ce jeune homme ?
Trois jours et le village va s'éveiller, s'offusquer, craindre et comprendre le dépassement de tout entendement. L'énigme qui dévore subrepticement ce jeune être en mission. Il va tel un mage donner un souffle rédempteur à ses élus, choisir ses destinations symboliques et fédératrices. Nous sommes dans l'Ére des Petits Riens à l'instar d'Amélie Poulain ou de
Philippe Delerm.
« La vie m'avait appris à me tenir debout, à regarder devant, sans orgueil et sans modestie. Ma place était ici, ailleurs, n'importe où bon me semblait, nul ne pouvait me dénier ce droit… Je vivais à rebours des autres et où l'on ne me cherchât, on ne me trouvait pas. »
Trois jours, et rien ne sera plus comme avant la dernière aurore. Il va tel le Petit Poucet semer des cailloux dans un labyrinthe à bout de souffle.
Trois jours et l'énigme bascule. La crainte n'est plus. le mystère reste dévorant, signifiant. le secret des oeuvres souterraines de ce jeune inconnu qui ne sortira jamais de terre.
Ce roman magistral, salvateur est une chance. Un outil spéculatif pour chacun un jour ou l'autre il sera le mot de passe des existences réalisées dans le charme des suprêmes. Ce livre est une pépite d'or, sac à dos, et destinée. Bienfaisant, thérapeutique et grave.
Trois jours pour retourner le sablier et vous verrez comme tout change. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes 2021. Publié par les Éditions de la Rémanence.