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EAN : 9782707344229
126 pages
Editions de Minuit (04/01/2018)
3.55/5   308 notes
Résumé :
A défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s'étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J'allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin ceux qui restaient.
Mais soyons honnête, le problème n'était pas là.
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Critiques, Analyses et Avis (76) Voir plus Ajouter une critique
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Un début tout simple et paf ! l'auteur nous fait un premier ricochet, « Je lui désignai Claire de la main. Je te présente Constance, dis-je. »....et puis les ricochets s'accélèrent.....et des mouches, beaucoup de mouches, des mouches mortes, des mouches qui volent dans la maison....une atmosphère mixte de Chabrol et D. Cronenberg, oppressante.

Laurent, accompagné de Claire, retourne dans le bled de son enfance, pour le mariage de sa cousine, y habite aussi son oncle et sa mère, et il n'y vient pas à coeur joie....grosso modo c'est le sujet, mais l'histoire est toute autre. Des silences et des secrets.....une atmosphère lourde et malsaine, dans la chaleur de ces journées d'août.

Un style singulier, une écriture très visuelle et sensuelle qui saisit les choses au vif. de jolies expressions,« un bureau où s'entassait de la paperasse en souffrance.... »,
des descriptions incisives « Il continuait de se masser les doigts dans son chiffon sale, avec méticulosité. Tu ne me reconnais pas ? lui demandai-je. le chiffon s'immobilisa. ». Une première rencontre avec la prose d' Almendros qui m'a subjuguée.

Un texte court, très fort, qui se lit d'une traite !
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Son précédent roman, « un été », avait fait mouche avec une fin qui m'avait laissé comme deux ronds de flans. « Faire mouche » s'annonce d'emblée du même genre : un format rapide de longue nouvelle (ou de court roman), une ambiance oppressante délivrée par une écriture à la fois sobre et singulière, taiseuse sur l'essentiel mais prolixe en détails visuels, qui ne manque pas de plonger le nez du lecteur dans le guidon en lui réduisant son champ de vision.
Laurent rend visite en couple à sa famille pour le mariage de sa cousine, famille trouble dont presque tous les membres sont encore là, en chair ou en cendres. Des cadavres de mouches, une chaleur suffocante et des relents de sales histoires familiales dont les abcès ne sont pas crevés, ni même révélés, tout concourt à ce que le dénouement soit un choc rural.
Et c'est la que le bât blesse (un peu) en ce qui me concerne. J'avais pressenti cette fin et n'ai pas autant été surpris que dans « un été ». Faire mouche ou faire plouf, voilà à quoi ce genre de livre pourrait être réduit, tant la tension qui va crescendo focalise le lecteur sur un final qui ne peut être qu'un guet-apens narratif, pour son plaisir total.
Malgré ce petit couac, je retiens la grande qualité suggestive de l'écriture de Vincent Almendros, son efficace construction narrative, et ne manquerai pas de continuer à le suivre.
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Laurent revient dans le hameau de son enfance près de Saint Fourmeau, en compagnie De Claire, une amie, pour assister au mariage de sa cousine Lucie avec Pierre.
Du moins c'est la raison qu'il donne puisqu'il dira un peu plus loin qu'il est revenu après des années d'absence à cause du cancer de son oncle Roland.

Tout est inquiétant autour de lui. Est-ce l'appréhension qui l'habite qui rendent les choses et les êtres aussi gris, visqueux ou le sont-ils réellement ?

Laurent, dès son arrivée dans la vieille maison poussiéreuse que lui et Claire vont occuper,
remarque quelque chose au sol, près de la fenêtre :
« Je m'approchai.
Qu'est-ce que c'est ?
C'étaient des mouches. Cinq mouches mortes qui reposaient en famille sur les lames du parquet, leurs corps très noirs étaient argentés par de délicates ailes transparentes. Je me demandais si elles étaient tombées d'épuisement à force de voler. »

Elles réapparaissent lors de la rencontre avec la mère dans la maison où elle vit avec l'oncle Roland : « Près de la fenêtre, cloué à une poutre, je remarquai également la présence d'un de ces pièges en tortillon, long ruban adhésif marron et collant que des mouches constellaient. Certaines étaient déjà mortes depuis longtemps mais voisinaient avec d'autres fraîchement engluées qui essayaient. en vain de se débattre en vibrant des ailes. »

Le lecteur est pris lui-aussi dans un piège, environné d'indices, de signes qui devraient lui indiquer une direction mais ne font que le désorienter en multipliant les hypothèses au sein d'un malaise familial dont on ne sait ce qui est vrai ou découle des suppositions et de la rumeur.

Les mouches sont encore là quand Claire découvre au cours d'une cueillette de champignons en compagnie de l'oncle Roland, le cadavre d'un chien :
« … le ventre de la charogne était ouvert, dépecé ou rongé, pourrissant dans un bourdonnement sourd de mouches sombres. Je ne dis pas qu'il y en avait des mouches, mais je croyais les entendre. En approchant, je craignais même de voir la carcasse grouiller de vers ou de larves. Mais non, il n'y avait rien. Plus aucun signe de vie. La charogne était sèche comme du carton. »

Un texte court mais dense que la concision, l'efficacité de l'écriture fait gagner en puissance au fur et à mesure de la lecture. Grand contraste entre cette écriture précise et l'atmosphère lourde, menaçante, putride, la déliquescence qui entoure progressivement Laurent et le lecteur et va crescendo jusqu'au dénouement final qui « fait mouche ».
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J'avoue que je suis un peu dubitatif en terminant cette courte histoire au format grosse nouvelle.
C'était pourtant bien parti, d'entrée l'ambiance est auréolée de mystère, Laurent se rend au mariage de sa cousine accompagné de Claire, qui doit se faire passer pour Constance sa petite amie...
Arrivé au village Laurent retrouve sa mère, son oncle et sa cousine, l'ambiance est lourde et suffocante, il y a des non-dits et des souvenirs douloureux, j'ai trouvé le contexte vraiment réussi avec une densité psychologique bien travaillée, on a aucun mal à entrer dans cette histoire, oui vraiment ça part plutôt bien...
Difficile d'en dire plus car l'intérêt n'est certes pas d'en dire trop, je me contenterais de dire que la fin ne m'a pas convaincu, je n'ai pas compris où l'auteur voulait vraiment nous emmener...
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"Quelle page Laurent , veux - tu que je tourne?"

" C'était ma crainte depuis le début , que tout se lise sur mon visage "" .Il était impavide , inexpressif.... "
" Claire finit de s'habiller. "
"Claire ? "
"Constance , dis- je.."..
Voici un roman irrespirable, étouffant, lu d'une traite ....qui vous cueille à froid , de la premiére à la derniére page dans une ambiance poisseuse, lourde , délétère , intrigante d'où les trois extraits cités - dessus ....

Un exploit à vous couper le souffle dont je ne peux rien devoiler, sinon mon admiration pour l'écriture de l'auteur...

Il excelle tant par la tension palpable, les sous entendus, les soupçons, les non - dits , les demi- aveux, l'ambiguïté des comportements , la précision incroyable et impitoyable de la description des lieux : notamment le garage décrit au scalpel avec son bric à brac, la cave et la découverte d'une bouteille de vin de noix , le café, la découpe précise du lapin par la mére de Laurent .....

Les conversations courtes et intrigantes, acides, se savourent .
L'hostilité sourde , la contrainte de celles - ci, la gêne palpable...montrent une famille désarticulée, en voie de décomposition ....

L'écriture est économe, laconique, visuelle, rigoureuse, faussement simple et fluide, vivante, descriptive, semblable à un court métrage qui se déroulerait sur un écran blanc sur fond de champignons et de feuilles pourrissantes en forêt, de mouches aux délicates ailes transparentes, d'une mére qui ferait boire de l'eau de javel ? D'urnes mortuaires ?
La langue parfaite à l'apparence anodine cache un roman noir , une espèce de thriller rural troublant , parfaitement abouti, à la chute forte .
Constance ? Claire ?
Qui sont ces couples ? Cet oncle ? Ces futurs mariés ? Suspense , suspense ?
L'auteur explore les liens familiaux distendus, les rancoeurs , les mensonges et les secrets inavoués ...
Un bijou d'économie et de noirceur , à conseiller à tous,!



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critiques presse (3)
LeMonde
30 mars 2018
L’écrivain, professeur de français et admirateur de Toussaint ou de Modiano, recherche cette économie de moyens qui rend le lecteur actif. « Faire mouche », son troisième roman, est à cet égard éloquent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
28 février 2018
"Faire mouche" de Vincent Almendros est un court roman ciselé comme un bijou. Un thriller minimaliste, à la campagne, où tout est signe et sous-entendu.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
24 janvier 2018
Deux ans après "Un été", irrespirable thriller marin, cet auteur de 39 ans signe un étouffant thriller rural.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Elle aimait compliquer les choses. Petite, elle mentait déjà avec un aplomb qui déconcertait ma grand-mère. Si je n’avais pas attendu la mort de mes grands-parents pour ne plus remettre les pieds à Saint-Fourneau, c’était en partie à cause d’elle. Elle le savait. 
Je remarque que vous êtes allés déjeuner chez ta mère et que Constance est tombée malade, c’est tout. 
Je tentai de la fixer avec, dans mon regard, un mélange de consternation et de compassion, cherchant à insuffler, chez elle, un soupçon de doute. Mais elle ne baissa pas les yeux. Au contraire, son regard à elle se renforça d’une détermination butée, provocante. Elle avait l’air convaincue de ce qu’elle pensait. Pour dire la vérité, je me protégeais en feignant la surprise, car j’y avais songé, moi aussi. Lorsque j’avais entendu Claire vomir dans la salle de bains, je m’étais demandé ce qui se passait. Lucie dut sentir une faille, qu’elle transforma en brèche en s’y engouffrant. Son un ton plus méchant, qui me rappela la brutalité dont ma mère était capable, elle voulut savoir pourquoi j’avais toujours cherché à la protéger. (p. 91-92)
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Des nuages s'étaient de nouveau formés dans le ciel, de gros cumulus qui se reflétaient maintenant blancs et gonflés, sur la surface du lac. J'adressai de loin un signe à Claire, une sorte de salut indécis et amblgu.
Elle dut penser que je voulais qu'elle sorte de l'eau, car elle se mit à nager vers moi, dans ce ciel inversé, au milieu des nuages.
... Je me penchai et fouillai dans son sac pour prendre sa serviette de bain. Lorsque je me redressai, je vis que le soleil, tout à coup, s'était voilé. L'eau verte du lac s'était couverte d'une large flaque grise avec, par endroits des zones plus sombres, noires et laquées.
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Ces souvenirs étaient si anciens que j’avais le sentiment de les inventer.
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Dehors, des oiseaux sifflotaient dans le petit jour, répétant des phrases aiguës, insouciantes, qui semblaient s'amuser avec le silence de la campagne. (p. 32)
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" C'étaient des mouches. Cinq mouches mortes qui reposaient en famille sur les lames du parquet. Leurs corps trés noirs étaient argentés par de délicates ailes transparentes. Je me demandais si elles étaient tombées d'êpuisement à force de voler. Et soudain, je relevai la tête ."
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Videos de Vincent Almendros (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vincent Almendros
Lecture par Emmanuel Noblet Rencontre animée Camille Thomine
Depuis quatre romans, Vincent Almendros cultive un art subtil et délicat, où les intrigues sont toujours portées par une tension sourde, palpable mais invisible. Et les situations sont souvent « ordinaires », du moins en apparence.
Ici Quentin, un adolescent de quatorze ans, parle. Il raconte sa « monstruosité » physique, ses difficultés sociales au collège Joliot-Curie, sa relation compliquée avec sa mère. Un week-end qu'ils passent chez sa grand-mère maternelle, sa cousine de onze ans est avec eux. Or Quentin n'est pas insensible à la toute jeune femme et sa mère le surveille… le suspens et la drôlerie de ce livre rivalisent avec l'émotion puissante qu'il fait naître.
« Avec l'arrivée de la puberté, j'étais en train de devenir un monstre. » Vincent Almendros, Sous la menace.
À lire – Vincent Almendros, Sous la menace, éd. de Minuit, 2024.
+ Lire la suite
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