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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je retrouve Brink au sommet de sa forme. Comme je l'aime, dans la veine de Un turbulent silence. L'histoire de cette esclave ballottée au gré des sentiments de ses maîtres, une femme forte et fragile à la fois. Un excellent moment de lecture.
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Philida, esclave dans une grande propriété viticole proche du Cap, est la mère de 4 enfants du fils de son maître, François Brink. Ce dernier lui a promis de lui donner la liberté. Ce qu'il n'a aucune intention de faire. Philida va alors déposer une plainte, geste insensé même si, en 1832, l'abolition de l'esclavage en Afrique du Sud n'est plus un rêve (elle interviendra le 1er décembre 1834). En découvrant l'existence de cette femme dans l'histoire familiale, André Brink a eu envie de tracer son portrait et d'imaginer son destin. le roman est porté par une langue lyrique, émaillée de termes en afrikaans (merci au glossaire en fin d'ouvrage) dont le pouvoir d'évocation, comme toujours chez l'écrivain sud-africain, est prodigieux. Femme battue, violée et humiliée, Philida garde davantage que sa dignité dans les épreuves qu'elle traverse : elle s'enrichit auprès de ses compagnons d'infortune, ne se résigne jamais, ayant décidé une fois pour toute d'être une esclave libre dans sa tête quel que soit le sort qu'on lui réserve. On ne pourra reprocher à Brink nul manichéisme car plusieurs chapitres sont "écrits" par ses propriétaires blancs, ébranlés par la révolte et le désir d'affranchissement de cette indomptable, dont ils peuvent bien souiller le corps mais jamais l'âme. Philidia est aussi poignant et passionnant que 12 Years a Slave, ponctué de scènes remarquablement décrites comme cette abominable vente aux esclaves, l'une des toutes dernières avant l'émancipation.



Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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J'ai lu Philida en entendant la voix d'André Brink.
J'avais laissé André Brink de côté dans mes lectures sud-africaines, au profit de Coetzee ou Gordimer. L'idée lointaine d'un anti-apartheid devenu démodé ! Brink est revenu à moi grâce à ses entretiens pour "A voix nue", la très belle émission de France Culture. Il y décrit les moments-clés de sa vie.
Et il y a cette étonnante histoire de Philida. Qui renvoie aux fondements de la famille Brink, aux fondements de la société afrikaner du XIXème siècle. L'esclavage, la violence, mais aussi l'aspiration à quelque chose : la liberté, la terre promise (le Gariep), l'au-delà ? Il y a dans ce livre un étrange appel spirituel. Sans doute pas vraiment l'idée dune spiritualité qui sauve l'homme. Mais peut-être la force que chacun peut trouver en lui-même pour s'affranchir.
Et l'amour aussi. Connu de tous et inavouable. Surprise, l'amour trouve sa place dans cette société d'exclusion.
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André Brink, écrivain sud-africain blanc engagé contre l'apartheid (1935 - 2015), auteur entre autres du prix Médicis étranger 1980 "Une saison blanche et sèche" raconte ici l'histoire de Philida, esclave attachée au domaine de ses ancêtres appelé Zandvliet, situé dans la région du Cap, où elle fut tricoteuse.
L'écrivain a découvert que son maître ou baas, Cornelis Brink, avait vendue Philida aux enchères alors qu'elle avait eu quatre enfants avec son propre fils, François Brink.

Plusieurs familles sont présentes dans le récit, mais c'est surtout des Brink dont on parle ; le père autoritaire mais pas si mauvais, plutôt englué dans une époque et une éducation rigide ; la mère obèse, prisonnière elle aussi de son statut. Ce sont eux les véritables esclaves de cette société archaïque. Il y a aussi une vieille esclave, Petronella, qui avait été affranchie et possédait une pièce et des biens à elle ; c'est elle qui a éduqué Philida enfant, elle qui sait quelques bribes de son passé...

L'histoire commence en novembre 1832, soit un an avant la fin de l'esclavage en Afrique du Sud (1833 dans les colonies britaniques) ; l'esclave Philida raconte qu'elle s'est rendue au bureau du protecteur des esclaves de la petite ville de Stellenbosch pour déposer plainte contre son baas Frans qui lui avait promis de l'affranchir si elle couchait avec lui : "Il promet qu'il achètera ma liberté au landdrost. Au gouvernement. Mais maintenant au lieu d'acheter ma liberté, il veut partir loin de moi... On raconte qu'il veut marier une blanche. Pas une esclave ou une Khoe mais une de sa race. Alors maintenant il veut me vendre dans le nord du pays". (p 19)
Frans (François), le fils du maître, semble amoureux de l'esclave Philida ; mais bien sûr on n'épouse pas une esclave et son père ayant de graves soucis d'argent, il a promis lâchement d'épouser une demoiselle riche...
De découvertes en secrets de famille, de présentations des moeurs de l'époque (avec quelques horreurs...) en cheminement de Philida vers l'affranchissement, cette histoire est le récit de l'évolution d'une femme intelligente, déjà libre dans sa tête, si ce n'est dans son corps puisqu'elle va pieds nus : "De ça surtout je me rappelle : des souliers aux pieds. Ce qu'il dit sur les souliers, il promet dès le tout premier jour. Parce qu'il savait, comme moi je savais, comme tout le monde savait, que l'homme et la femme chaussés, ils peuvent pas être esclaves, ils sont libres : les souliers c'est signe qu'ils sont pas des poules ou des ânes ou des porcs ou des chiens, ils sont des gens." (p 26)

Kleinkat, la petite chatte, accompagne joliment le récit, symbole d'une certaine liberté mais aussi de la dépendance affective et matérielle dont il est difficile de se défaire...

Que penser des douleurs de l'esclavage quand on apprend que des femmes pouvaient tuer leur nouveau-né pour qu'il ne connaisse pas justement cet état ?

Un très beau récit, drôle et triste, qui contient quelques contes expliquant la vie, et qui a d'autant plus de profondeur et d'écho chez le lecteur, que c'est - reconstituée - une histoire vraie !

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Voilà un livre assez passionnant, car son histoire n'est pas banale. En effet, André Brink a écrit ce roman à partir d'un épisode de son histoire familiale. Ce livre raconte non seulement l'histoire d'une femme qui survit et se bat tous les jours pour sa survie et celle de ses enfants, mais elle croit aussi en la justice. Elle aime passionnément et cela lui permet de ne pas avoir de limites et de se dépasser dans tout ce qu'elle fait : porter plainte envers le père de ses enfants - un blanc !-, partir et refaire sa vie avec ses enfants, et surtout pourvoir un jour être libre.
Un petite anecdote : ce livre m'a aussi interpellé par l'activité que réalise Philida : elle tricote, autrement dit, c'est une tricoteuse ! Ce métier hors du commun et que je voie pour la première fois dans un livre m'a vraiment amusé et intéressé.
Un livre à lire et à faire lire pour se souvenir...
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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Roman passionnant, à la fois émouvant et choquant, qui foisonne de détails historiques et profondément réalistes sur l'âpre destinée des esclaves, en 1830, en Afrique du sud.
André Brink a découvert qu'un de ses lointains ancêtres avait eu une liaison avec Philida, une jeune esclave noire ( une tricoteuse) de son domaine viticole et qu'ils avaient eu ensemble quatre enfants. A partir de cette découverte, il a mené des recherches historiques pour construire l'arrière-plan de son roman.
Roman historique (la période de l'abolition de l'esclavage dans le royaume britannique), roman d'amour (entre Philida esclave noire et Frans son jeune maître blanc), roman d'apprentissage (Philida chemine de son enfance à sa maternité et apprend à vivre libre malgré tous les obstacles et les horreurs à surmonter) : tout est mêlé avec grand art dans Philida!
Le personnage de Philida est digne, à la fois passif - car obéissant à son rôle d'esclave opprimé- et à la fois fort et volontaire : elle traverse des événements incroyablement tristes (infanticide, viols) mais continue à poursuivre « sa route ». Deux personnages, la vieille Petronella puis le vieux Labyn, font fonction de « protecteurs « et de mentors : ils permettent à Philida de ne pas sombrer.
Plusieurs narrateurs s'entremêlent aussi : Philida, Frans, Cornélis Brink le maître absolu et révoltant plus un narrateur omniscient, chaque voix ayant bien sûr son style et ses opinions.
A lire absolument.
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Le samedi 17 Novembre 1832, la jeune esclave Philida part avec son bébé dans le dos déposer une plainte auprès du protecteur des esclaves à l'encontre de son propriétaire Cornelis Brink et de son fils François Gerhard Jacob Brink, communément appelé Frans. Elle accuse celui-ci de lui avoir promis de l'affranchir si elle acceptait de coucher avec lui. Quatre enfants plus tard (dont 2 sont morts), non seulement il n'est plus question d'affranchissement, mais Frans doit épouser une jeune fille de la bonne société du Cap dont la dot devrait renflouer les caisses du domaine et son père Cornelis a l'intention de vendre aux enchères Philida, tricoteuse hors pair, et ses enfants avant l'arrivée de la nouvelle Madame Brink.
Le protecteur après avoir consigné la plainte de l'esclave, la fait mettre en prison en attendant la version de Frans. Evidemment la version de Frans ne sera pas tout à fait celle de Philida.......Dans un premier temps il va prétendre que ses enfants ne sont pas les siens en l'accusant d'avoir couché avec d'autres hommes pour finalement reconnaître que peut être un jour............et prononcer cette phrase sibylline : tout ce que dit cette meid (terme afrikans péjoratif pour désigner une femme noire ou de couleur) est aussi vrai que faux. Quand le protecteur lui demande de préciser ses dires, Frans explique que Philida dit vrai, mais qu'en aucun cas sa parole d'esclave ne peut avoir autant de valeur que celle d'un blanc, à fortiori s'il s'agit du fils du propriétaire de celle-ci, donc ce qu'elle dit ne peut être la vérité. le protecteur voudrait bien s'en tenir là et faire emprisonner Philida, mais celle-ci le menace d'aller jusqu'en Angleterre qui a aboli l'esclavage pour faire reconnaitre ses droits. Pour avoir la paix le protecteur la laisse partir et Philida est contrainte de retourner au domaine des Brink sans avoir rien obtenu. le père de Frans préfèrerait la voir morte, mais l'intervention de Philida l'en empêche et il ne lui reste plus qu'à la vendre le plus loin possible du domaine. Son nouveau maître se montrera plus humain et le 01 Décembre 1834 elle sera affranchie comme tous les esclaves. Commencera alors pour elle une vie de femme enfin libre de son corps avec aux pieds des chaussures qui lui permettront d'aller et venir comme tous les gens libres.
Pour écrire ce roman, André Brink s'est inspiré d'un fait réel : Frans était le frère de l'un de ses ancêtres. Cependant on pourrait dire de ce roman ce que dit Frans au protecteur des esclaves : il est vrai et il n'est pas vrai. Tout ce qui concerne Philida tant qu'elle est sur le domaine des Brink est basé sur les solides recherches d'une historienne du domaine où tout était consigné, du prix des esclaves à celui d'une petite cuillère. Par contre ce qu'il advint d'elle une fois qu'elle a été vendue relève de l'imagination de l'auteur.
Ce roman parle d'une esclave rebelle mais aussi d'un amour impossible entre maître et esclave. Frans n'oublie pas Philida, la mère de ses enfants, celle qui, s'il le pouvait serait son épouse "de coeur", et pour laquelle à plus de vingt ans il a tenu tête à son père pour la première fois.
Le style employé est un peu déroutant au début, parce qu'il est écrit dans la langue parlée de l'époque tant celle des maîtres que celle des esclaves, et beaucoup de termes africaners n'ont pas été traduits (il y a un glossaire en fin de livre) ce qui rend le texte d'autant plus vivant et n'empêche pas après un temps d'adaptation de deviner le sens des mots sans en connaître la signification exacte.
Chacun des personnages auquel André Brink donne la parole exprime à sa façon son amour pour ce pays, même s'ils n'en n'ont ni la même perception ni le même vécu.Certains passages sont dramatiques, mais d'autres sont réellement poétiques voire oniriques, notamment ceux où s'expriment l'imaginaire et les croyances dont les esclaves ne pouvaient pas parler devant leurs maîtres.
J'ai beaucoup aimé ce roman un peu long dans sa deuxième partie. Il retrace la vie d'une femme libre dans sa tête alors que son corps ne l'est pas. Philida sait très bien que l'émancipation ce n'est pas la liberté, mais ce dont elle ne veut plus c'est que chacun puisse disposer de son corps comme il l'entend. Sujet encore actuel qu'il s'agisse des femmes, des enfants ou des migrants entre autre.
André Brink dont le nom signifie paix en néerlandais et afrikaans, est né en 1939 d'un père magistrat et d'une mère institutrice, eux mêmes descendants de colons boers installés depuis plus de trois siècles dans l'état libre d'Orange. En 1959 après une double maîtrise en Afrikaans et en Anglais il vient étudier à la Sorbonne et découvre que des étudiants noirs y côtoient des étudiants blancs, et c'est là qu'il va prendre conscience de "l'abomination" de l'apartheid. Il traduit Camus en Afrikaans et en 1968 il fait le choix de revenir en Afrique du Sud où il deviendra l'un des plus farouche opposant de l'apartheid, accompagnant le combat de Nelson Mandela. Il est mort en Février 2015 et Philida est son dernier roman.
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Philida, esclave sud-africaine, qui se bat pour sa liberté d'être dans le contexte de l'abolition de l'esclavage.

Vendue, violée, malmenée pour ses choix, son besoin de vérité, elle fera face avec ténacité et courage aux colons qui l'emploient.

D'abord chez les Brink, colons ruraux violents tant dans leurs actes que dans leurs paroles, dont le fils, Frans, lui fera des enfants qu'il ne voudra jamais assumer, faisant croire à Philida qu'elle sera affranchie.

S'étant vendue à un colon de Worcester, elle fera la connaissance de Labyn, esclave lui-même qui la guidera dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.

Lire et écrire, c'est commencer à exister pour Philida ! Elle deviendra autre, n'ayant plus du tout peur de s'affirmer, de défendre ses opinions.

Et le tout sous la plume de l'auteur qui abonde de mots afrikaans, qui laisse parler Philida avec ses mots à elle, sa syntaxe.
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Le dernier livre édité de A. Brink est le récit-roman d'une ancienne histoire familiale. Durant cette période d'esclavage où chaque famille de fermiers blancs détenait son lot, certainement, le nombre d'enfants nés métis a du être important. Entre ceux qui ont été sacrifiés à la naissance pour ne pas perpétuer le calvaire de leur mère, et tous les autres dont l'état civil ne fait pas mention… les géniteurs blancs, les patrons (les baas) disposaient d'un pouvoir double : posséder et dominer. Philida est une esclave qui appartenait au frère d'un aïeul de la famille Brink. François est son amant. Il lui a fait quatre enfants -dont deux sont vivants- et il lui promet de l'affranchir. Mais rien ne se passe comme prévu. L'exploitation familiale est au bord de la faillite. Pour éviter la banqueroute, Cornelis, le père de François, veut marier celui-ci à une riche héritière voisine, et pour éviter toute récrimination de Philida, la vendre, elle et ses enfants, loin, très loin de là. L'abolition de l'esclavage est dans les tuyaux en 1932, date à laquelle Philida va porter plainte au landdrost contre François. Assez inimaginable, mais réel. Elle n'obtiendra pas gain de cause et sera vendue. A partir de là, A. Brink invente son parcours, car sa trace est perdue. L'abolition sera déclarée le 1er décembre 1934.
Il évoque le personnage de Galant, l'esclave d'"Un turbulent silence", pendu et décapité pour avoir fomenté la révolte contre ses maîtres en 1824, pour bien afficher à Philida, la totale domination des blancs et leur pouvoir sur eux, cette race inférieure. Dans chacun de ses livres, les références à la bible sont très présentes. Celui-ci ne fait pas exception. Cependant, en opposition, il y ajoute des références au Coran, s'étant lui-même converti à l'Islam avec sa dernière épouse. Je n'ai pas aimé ces passages. Comme s'il voulait nous convaincre que élevé au biberon de la bible, il s'en détournait alors, car gavé et aveuglé par trop de dogmes… et celui du Coran ???

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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