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3,52

sur 244 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Roman tardif (et publié à titre posthume si je ne me trompe), "Le professeur" de Charlotte Brontë est bien moins connu que le monument "Jane Eyre". Et pour de bonnes raisons. Non que "Le professeur" ne soit pas un bon roman, c'est même un beau roman plein de sensibilité mais il n'a pas l'envergure de son aîné.

William, le narrateur, est orphelin. Issu d'une famille naguère prospère, aujourd'hui ruinée, il cherche à s'employer chez son frère industriel dans le Nord de l'Angleterre (cette partie se ressent de l'influence du superbe "Nord et Sud" d'Elizabeth Gaskell). Devant l'échec de la relation fraternelle, William passe à l'étranger et s'installe à Bruxelles en qualité de professeur dans un pensionnat de jeunes filles en fleur...

Charlotte Brontë en connaît long sur la servitude de l'état d'enseignant. Gouvernante ou professeur, elle connaît les arcanes du métier et le décrit avec précision. Il est intéressant de constater que bien qu'une femme tienne la plume, le jugement qu'elle porte sur ses consoeurs n'est pas toujours tendre même si, personnellement, je le trouve plutôt juste, et toujours pondéré par l'expérience de Charlotte et de ses soeurs, des femmes de tête et de lettres dont l'existence fut tout un roman à elle seule.


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Même si l'on n'y retrouve pas la "magie" de Jane Eyre, ce roman est agréable à lire.
La jolie plume et les belles descriptions de Charlotte Brontë sont toujours au rendez-vous. Et, comme le titre du roman l'indique, on se trouve une fois de plus avec un personnage principal enseignant (comme dans Jane Eyre).

Mais William est bien moins sympathique que Jane. Il a tendance à se considérer comme le seul être humain parfait, les autres étant inférieurs... Heureusement, notre héros devient un peu plus humain au fil du roman. Une rencontre, en particulier, va le rendre un peu plus sympathique.

Point amusant à souligner pour la petite Belge que je suis : la majeure partie de l'intrigue se déroule à Bruxelles. Les pérégrinations de William m'ont donc parues très familières.
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L'essentiel de l'intrigue du "Professeur" se déroule à Bruxelles où William Crimsworth, le personnage principal et narrateur à la première personne du récit, devient, après une première expérience dans un pensionnat de garçons, instituteur dans le pensionnat voisin pour jeunes filles dirigé par Miss Zoraïde Reuter. Orphelin de père et de mère, il a quitté son Angleterre natale pour trouver sa voie mais surtout pour être enfin indépendant après avoir fait une brève carrière en tant que clerc dans l'usine de son antipathique frère, Edward. Il doit sa place en Belgique aux recommandations d'un personnage étrange mais haut-en-couleur, M. Hunsden, un collaborateur de son frère qui la prit en affection. A Bruxelles, tout en prenant ses marques, il devra trouver en lui assez de pédagogie et d'autorité pour déjouer les manigances des plus chipies de ses élèves et aider les plus prometteuses à se dépasser. Mais, lui qui se laisse porter trop souvent par ses sentiments, saura t-il déjouer les projets des plus intrigant(e)s pour discerner l'honnêteté de l'hypocrisie, l'amour véritable de l'amour-propre ?

J'ai envie de rendre hommage au "Professeur" de Charlotte Brontë sans me risquer à tomber dans des banalités sur sa place dans l'oeuvre complète de son auteur. Certes, "Jane Eyre" est peut-être son oeuvre la plus aboutie. Mais, à vrai dire, ce genre de remarque qui laisse entendre qu'il y aurait comme une hiérarchie dans l'oeuvre de Charlotte à tel point que Jane Eyre metterait toutes les autres en respect ne me plaît pas beaucoup et ne nous fait pas vraiment avancer, à mon sens.

Déjà, , "Le Professeur" n'est pas à proprement parlé une oeuvre de jeunesse : certes, il a été écrit avant que "Jane Eyre", "Villette" ou "Shirley" ne soient publiés mais il a été nourri par une expérience déjà acquise dans le travail de son style et de l'art de composer comme le souligne un texte qui a servi de préface à sa publication à titre posthume.

En arrière-plan, on sent beaucoup une part personnelle, voire autobiographique, de cette oeuvre pour Charlotte et il est certain que son voyage à Bruxelles avec sa soeur Emily pour étudier le français dans le pensionnat de Monsieur Héger, qui, d'après la légende, ne l'aurait pas laissée insensible, a nourri les passages les plus nostalgiques et les plus sensibles comme par exemple celui qui ouvre le chapitre VII, c'est-à-dire l'arrivée de William en Belgique.

Pourtant, ce qui m'a le plus marqué à ma lecture, c'est le souci de réalisme, de clarté et de simplicité qui lui ont permis de rendre le cheminement de ce personnage dans la vie active et dans le monde, ses sentiments et ses remarques beaucoup plus crédibles. Cette vraisemblance, peut-être acquise d'après l'observation de son propre maître, Mr Heger comme un modèle, nous permet de davantage nous identifier au personnage principal d'autant plus qu'il raconte son expérience et ses souvenirs à la première personne. Pour quelqu'un comme moi, qui me destine à prendre la même voie, celle du professorat, j'ai beaucoup apprécié les leçons qu'elle faisait tirer à son personnage de son expérience de la classe et de son acquisition de « trucs » de professeurs pour être ni trop autoritaire, ni trop sujet à la sensiblerie envers les élèves. Charlotte a fait de William Crimsworth un personnage intègre, avec beaucoup d'honnêteté et de sens des réalités ce qui peut parfois le faire paraître dur ou même cruel mais quelque part, sans adhérer à tout, j'ai aimé ce style direct et le rejet de toute idéalisation du métier et des élèves.

Plus que le style, c'est le point de vue choisi qui m'a plu et auquel j'aimerai rendre hommage. Comme je l'ai dit, la focalisation se fait à la première personne et c'est William, un homme donc, qui parle. J'ai aimé cette audace de la part de la jeune fille qu'était Charlotte et l'exercice de style m'a plutôt convaincu. Certes, parfois, l'illusion ne trompe pas surtout quand Monsieur décrie avec minutie ce que porte ses élèves ainsi que l'élégance ou le port de ces demoiselles ! Bien sûr, en tant qu'homme, William ne peut pas être insensible à la présence d'autant de jeunes filles alors qu'il n'a jusque là que côtoyer des hommes dans sa propre scolarité à Eton mais avoir un tel sens du détail pour ces choses-là met tout de même la puce à l'oreille. Tout du moins, ce soupçon ne gâche pas la lecture ce qui aurait rendu bien peu crédible ce bon roman d'apprentissage.

Quant à William, je n'ai pas autant été choquée par son tempérament même si, il est vrai, je l'ai trouvé par moment un peu trop froid avec ses congénères mais c'est aussi ce qui fait son charme d'autant plus que, roman d'apprentissage oblige, il évolue beaucoup. Au contraire, ce qui caractérise William pour moi, c'est son penchant au sentiments forts et à l'emphase ce qu'il modère par ce masque de froideur surtout pour ne pas qu'on trouve son point faible afin qu'on ne l'utilise pas contre lui. Ce qui le caractérise à mon sens, c'est son esprit d'indépendance, de maîtrise (il ne devient pas « maître », professeur pour rien) et pourtant, c'est avec beaucoup de maladresse qu'il arrive à ce résultat ce qui le pousse parfois à être piégé par plus malin(e)s que lui...

En définitive, c'est une belle découverte qui a ses qualités mais aussi ses quelques défauts, comme un sens plus prononcé pour le sentimentalisme et les situations romanesques avec un peu moins de distance que d'habitude. Mais restons-en là de peur d'en dire trop ! du moins, j'ai retrouvé la patte de Charlotte Brontê notamment l'expressivité de ses phrases et son talent pour dépeindre les sentiments et les caractères.
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De Charlotte Brontë, je ne connaissais que Jane Eyre, un de mes livres préférés que j'ai lu et relu tant de fois... J'avais très envie de découvrir ses autres oeuvres et pour se faire autant commencé par le premier publié.

En désaccord avec ses tantes et oncles, le narrateur William Crimsworth, un jeune aristocrate désargenté orphelin, n'a d'autre solution que de demander l'aide de son frère à la fin de ses études à Eton. Ce dernier, distant et froid lui concède un emploi industriel mais guère plus... Leurs relations difficiles s'enveniment au fil du temps et c'est sur les conseils de l'étrange Hunsden que William donne sa démission et part s'installer en Belgique avec une lettre de recommandation en poche.

Les débuts sont difficiles mais il finit par être embauché en tant que professeur d'anglais dans une école de garçons. Sa rigueur et son sérieux vont lui permettre d'enseigner également dans le pensionnat de jeunes filles adjacent.
Le personnage est assez obtu malgré des qualités certaines, ses opinions sont tranchées et ses réflexions
à l'emporte-pièce sur les Belges, les Français, sur les femmes, sur les protestants et les catholiques...etc... le rendent antipathique au lecteur du XXIe siècle.
Pourtant j'ai suivi sans déplaisir tous ses déboires professionnels et sentimentaux, la plume de Charlotte Brontë se reconnaît et se savoure. J'aime beaucoup sa façon de décrire les personnages et leurs sentiments et l'on perçoit ses propres expériences d'enseignement à travers l'histoire de William.

Sans être au même niveau que le superbe "Jane Eyre", ce roman est une agréable lecture et je poursuivrai ma découverte des oeuvres de l'auteur avec grand plaisir, "Shirley" et "Vilette" m'attendent sur mes étagères !
Lien : https://chezbookinette.blogs..
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Ce que j'aime dans les romans anglais, c'est cette impression constante que sans un thé à la mode anglaise, le roman ne parvient pas à pénétrer de la même façon, mon esprit si indiscipliné !
Pour en revenir au roman à proprement parlé, il me semble indéniable qu'il s'inscrit dans une lignée d'auteurs mondialement connus et adulés, même de nos jours !
Mais voilà, à croire que j'en suis devenue difficile à force de boire du thé; je ne fus pas transcendée lors de ma lecture... La qualité de l'écriture et de l'histoire à proprement parlé est indiscutable, mais sans doute manquait-il ce petit déclic, un personnage plus attendrissant et moins raisonné, plus impétueux, pourquoi pas ?!
Mais j'insiste sur le fait qu'il ne serait pas honnête de critiquer foncièrement un roman si ... anglais !
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Très différent de Jane Eyre (le chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre), ce roman m'a pourtant beaucoup plu.
Le personnage principal fait parfois preuve d'une ironie absolument savoureuse, en particulier lorsqu'il décrit ses relations avec ses jeunes élèves. J'ai bien aimé retrouver ce thème de l'éducation : dans Jane Eyre, l'héroïne du même nom est préceptrice ; ici, le héros est professeur.
La fin tout à fait heureuse était agréable.
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J'ai lu Le Professeur après avoir englouti compulsivement un best seller, et le contraste a été saisissant : quelle délicatesse, quelle poésie ! Les descriptions m'ont instantanément évoqué des aquarelles. Je suis contente d'avoir retrouvé l'écriture douce et subtile des classiques du dix-neuvième, que d'aucuns trouvent ampoulée et inaccessible (dixit mon mari lorsque, sous le charme, je lui ai lu quelques passages). Il en faut pour tous les goûts :)

Que dire du Professeur ? On y retrouve beaucoup de Villette, qui a aussi la Belgique pour paysage, et cette xénophobie assez typique de l'époque : les belges "avaient la figure nationale, où l'infériorité intellectuelle est gravée de manière à ne pas pouvoir s'y méprendre ". Puis plus loin : "derrière elle étaient deux flamandes vulgaires parmi lesquelles se faisaient remarquer deux ou trois exemples de cette difformité physique et morale que l'on rencontre si fréquemment en Belgique et en Hollande, et qui semble prouver que le climat y est assez insalubre pour amener la dégénérescence de l'esprit et du corps"... Aïe. Même en remettant l'oeuvre dans son contexte, c'est dur à lire. A noter quand même que ces propos arrivent en début de récit qu'à la fin, les dignes Anglais en prennent aussi pour leur grade : Charlotte Brontë réhabilite un peu les continentaux. On la sent dans une sorte d'ambivalence, qui peut probablement s'expliquer par sa propre expérience de la Belgique...

On y retrouve aussi la fameuse figure du professeur, récurrente chez Charlotte Brontë... cette vénération pour l'homme qui guide ses ouailles sur le chemin de la connaissance, malgré (ou grâce à ?) son autorité parfois tranchante, auquel elle se soumet avec reconnaissance, car elle doit tout à l'homme qui l'élève... Et voilà Rochester, et voilà M. Paul Emmanuel. Mais le sec et rigoureux Crimsworth n'est pas pour autant un avatar de Mr Rochester qui est, lui, habité par la passion.

Crimsworth, justement, est le narrateur. Et il ne m'a pas semblé sympathique. Froid et implacable, dominateur, un rien cruel... C'est pourtant un homme amoureux, mais il n'exprime pas le moindre élan affectif, tout est intellectualisé, rationalisé. Il est difficile de se prendre d'amitié pour lui. Charlotte Brontë, par la bouche de son personnage masculin principal, n'a pas su faire naître d'émotions.

Frances n'est pas beaucoup mieux, quoi qu'il soit moins difficile de s'y attacher car elle est toute tendresse et bienveillance. Mais elle est plutôt incolore. On retrouve en elle l'héroïne sans grande beauté mais dotée de qualités morales, plus ou moins vouée à l'enseignement... alter ego de son auteure, à l'image d'une Jane Eyre ou d'une Lucy Snowe.

Il est quand même intéressant de voir apparaître dans ce roman la question de la condition féminine et le fait que les femmes puissent continuer à travailler après leur mariage. Zoraïde est une maitresse femme, mais pas dans son aspect le plus reluisant puisqu'elle semble mener son affaire par la ruse. Frances, elle, a le souhait d'assurer seule sa subsistance et cela la pousse à continuer à travailler après son mariage, pour ne pas dépendre de son mari. Dans ce bref passage, on sent une position de l'auteure. C'est dit, timidement mais c'est dit. Position renforcée par la réponse de Crimsworth. La question de tendre à l'égalité des salaires apparaît aussi ! Pour autant malgré cet éclair, on n'ira pas dire que Le Professeur est un roman féministe. Frances reste bien un personnage de son époque, relativement soumise à son mari, son "seigneur et maître"...

Un petit mot quand même sur un personnage qui détonne dans le roman : Mr Hunsden. Haut en couleur, il vient balancer la rigidité de Crimsworth et la fadeur de Frances... en permettant d'ailleurs à cette dernière de s'animer un peu, par esprit de contradiction. On adore le détester. Ses apparitions réveillent le récit... et le lecteur.

Malgré les défauts que je lui ai trouvé, j'ai aimé Le Professeur. Pour son écriture superbe - sa plus grande qualité. Mais aussi parce que ce roman, tout comme Villette, est une projection de l'âme tourmentée de son auteure. Ce n'est peut-être pas flatteur pour Charlotte Brontë que de dire à propos de son livre qu'on ne peut l'apprécier que lorsque l'on connaît sa vie à elle, c'est nier une partie de son talent. Mais pourtant c'est un peu ce que je ressens : si Jane Eyre est un bijou, une oeuvre géniale qui se suffit à elle-même, les autres romans de Charlotte Brontë semblent plus flous, moins inspirés, quoique toujours délicieux pour la beauté de la plume avec laquelle ils ont été écrits ; et on les apprécie d'autant mieux que l'on peut faire des parallèles avec la vie de leur auteure. C'est une source d'émotion certes indirecte, mais c'est une source d'émotion. Et pour moi c'est tout ce qui compte.
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Premier des quatre romans de Charlotte Brontë dont on sent déjà le génie ,même si j'aurais aimé que certains passages soient davantage développés. La condition enseignante de l'époque est bien présentée, les personnages principaux sont bien définis.
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Pour un Brontë, le professeur est un livre assez court, avec son nombre de pages inférieur à 300. Ca implique que dans cette histoire, il y a moins de tumulte que dans Jane Eyre. Elle se passe en Belgique, que d'ailleurs, l'auteur critique assez durement. Elle dit que "le climat y est assez insalubre pour amener la dégénérescence de l'esprit et du corps." Clairement, on ne peut pas leur en demander trop, à ces petits belges.

Ca a été un véritable plaisir de relire du Charlotte Brontë. Ca m'avait manqué de lire des phrases qui ont du sens, de la tournure et une harmonie dans les sons. Et puis surtout, je sais que le sujet me plaira. Quoi qu'elle écrive. Le simple fait de me propulser dans une époque où on prend le thé à 17h, où on parcours la nature en guise de loisir et où on ne sort pas sans chapeau, me ravit déjà les papilles du cerveau.
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Je suis passée proche du coup de coeur pour ce roman. La première partie prend le temps de poser les caractères et aspirations de chacun, on découvre donc chaque personnage petit à petit. Tout se passe dans un cadre particulier, le pensionnat, et même si je n'adhère pas à la vision de l'enseignement de ce roman, j'ai aimé la découvrir.

Je connaissais déjà l'histoire puisque la 4ème de couverture la donne presque entièrement... Heureusement que le "comment on en arrive là" m'intéresse autant que de savoir où on va sinon je me serais ennuyée. La 4ème couverture en dit bien trop et la préface est pire.

J'ai moins aimé la deuxième partie qui donne l'impression d'être un épilogue étiré. Les événements sont moins intéressants et les personnages sont moins nombreux donc il y a moins d'interactions possibles.
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