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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelle tristesse! Quel gâchis!
Et quelle lecture éprouvante!

Bien sûr, en commençant ce grand classique de l'histoire américaine, on sait à quoi s'attendre. Ce sera la longue chronique d'une dépossession, d'un asservissement, et souvent de disparitions pures et simples. Alors on s'accroche et on voit disparaître une à une les cultures indiennes au nom de LA civilisation. En fait de civilisation, il vaudrait mieux parler de rapacité, de pillages, de massacres, et surtout de tromperie permanente.
C'est tout de même un fameux paradoxe que le pays qui proclame depuis un siècle être le défenseur de la liberté, et qui l'a été en plusieurs occasions, se soit construit sur de telles bases. L'Europe n'est pas exempte de ce paradoxe, avec sa défense des libertés, son passé colonial et les génocides du 20e siècle.
Pour en revenir aux Amérindiens, c'est une perte inestimable que d'avoir réduit au silence ces cultures qui avaient un rapport à leur environnement et aux non-humains dont nous aurions bien besoin aujourd'hui. Leur destruction m'a évidemment fait penser au génocide des juifs dans les années 1930-1940, même s'il y a beaucoup de différences. La principale est que les colons américains n'ont pas organisé d'extermination systématique. La modification des conditions de vie a suffi à réduire, et dans beaucoup de cas à éteindre, les populations indiennes. Mais une comparaison plus approfondie avec l'ouvrage de Raul Hilberg, La destruction des juifs d'Europe, serait sans doute intéressante. Cela a peut-être été fait d'ailleurs.
Pourtant, le livre de Dee Brown, plus de 50 ans après sa parution, n'est pas entièrement noir. Il possède la retenue du travail historique. Mais surtout il contribue à une transmission des mentalités indiennes. Et depuis quelques décennies on assiste à l'émergence d'une littérature amérindienne accompagnant la résurgence de leur culture. Mes prochaines lectures prévues sur le sujet seront Notre coeur bat à Wounded Knee de David Treuer, qui conteste que la culture indienne ait été détruite, ainsi que le travail archéologique de Laurent Olivier, Ce qui s'est passé à Wounded Knee, qui voit des points communs entre la colonisation américaine et la conquête romaine de la Gaule.
Ainsi donc, malgré une éclipse due au terrible traitement qui leur a été infligé, les cultures indiennes continuent à faire valoir leur rapport au monde.
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Bouleversant, révoltant, tragique, « Enterre mon coeur à Wounded Knee » est un récit profondément marquant dans lequel le mythe d'une « Conquête de l'Ouest » héroïque et romanesque vole en éclats.

« Je n'étais pas conscient alors de tout ce qui avait disparu. À présent, quand je regarde en arrière du haut de la colline de ma vieillesse, je vois encore les femmes et les enfants massacrés, leurs corps entassés le long du ruisseau, aussi clairement que je les voyais quand mes yeux étaient encore jeunes. Et je vois bien que quelque chose d'autre est mort dans la boue rougie par le sang, quelque chose qu'on a enterré sous la neige. Là-bas est mort le rêve d'un peuple. C'était un beau rêve. (…) le cercle de la nation est brisé, ses morceaux éparpillés. Il n'y a plus de centre, et l'arbre sacré est mort. »
Black Elk

Historien américain, Dee Brown écrit ce livre en 1970 avec pour objectif de « reconstituer un récit de la conquête de l'ouest telle que les victimes la vécurent », en se focalisant sur la période 1860-1890. Il va pour cela s'appuyer sur de nombreuses sources écrites et orales : compte-rendu de conseils avec les représentants du gouvernement, témoignages d'amérindiens, articles de journaux, interviews des membres de différentes tribus…

C'est documenté, détaillé, précis et pourtant le récit reste très vivant notamment grâce aux voix de Roman Nose, Black Kettle, Red Cloud, Sitting Bull, Crazy Horse, Geronimo, Chef Joseph, Standing Bear, Captain Jack, Cochise, et tant d'autres. Des témoignages émouvants et saisissants qui apportent beaucoup d'humanité à un récit révoltant et infiniment triste.
A travers la parole amérindienne, c'est une toute autre perspective qui nous est présentée, celle d'une conquête à marche forcée, implacable et impitoyable.

Le récit se fait chronologiquement. Il commence en 1860 par la longue marche des navajos pour se terminer par le massacre de Wounded Knee de 1890 et qui pour beaucoup marque la fin des guerres indiennes.
Entre ces deux dates, la longue liste des traités signés entre le gouvernement et les amérindiens promettant « une frontière indienne permanente », « une paix perpétuelle » et autres belles formules, et qui seront pourtant systématiquement brisés par les colons.

« La conquête de l'ouest » apparait comme une machine infernale, alimentée uniquement par la recherche du seul profit et ce quel qu'en soit le coût humain et écologique mais que les américains justifieront au nom d'une « mission divine », la « Destinée Manifeste ».
Les tribus amérindiennes seront ainsi déplacées à travers le pays dans des conditions inhumaines, parquées dans des réserves, pour permettre aux colons de s'installer sur les terres prospères ou riches en or ; chaque découverte d'un nouveau gisement entrainant inéluctablement la remise en cause d'un traité et des frontières d'une réserve indienne.

Je découvre à cette occasion que l'éradication des troupeaux de bisons des grandes plaines servaient aussi cette entreprise de colonisation totale, en privant les tribus amérindiennes de leur chasse et donc de leur moyen de subsistance.

Dee Brown n'omet pas les conflits qui ont pu opposer certaines tribus ou qui ont eu lieu au sein de certaines d'entre elles. Parfois liés à des rivalités antérieures à l'arrivée des colons, elles sont aussi le résultat de désaccords sur les stratégies de résistance face à l'avancée de la colonisation. Tiraillés entre l'espoir de pouvoir vivre en paix et le désir de conserver leurs terres ancestrales, tous n'étaient pas d'accord sur la conduite à tenir. Des dissensions qui bien sûr arrangeaient bien la politique de conquête américaine.

Le livre de Dee Brown donne la voix aux amérindiens dans une Histoire qui était avant entièrement écrite par et pour les américains, il permet de poser un regard plus équilibré sur la manière dont s'est déroulée la « Conquête de l'Ouest ».

En se focalisant sur la tragédie de la fin des guerres indiennes, il nous laisse cependant avec le sentiment terrible - mais erroné - d'une disparition de la civilisation autochtone d'Amérique du Nord après Wounded Knee. Près de 50 ans plus tard, l'écrivain David Treuer, Ojibwé originaire de la réserve de Leech Lake, a souhaité « traiter, avec force et sans honte, de la vie des Indiens et non de la mort des Indiens » dans son ouvrage « Notre coeur bat à Wounded Knee ». Un livre pour rappeler que les nations indiennes n'ont pas disparu, elles ont su s'adapter tout en retrouvant progressivement leurs racines et leur culture.
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Ce livre est un monument.
Un monument d'érudition, d'abord, tant cet historien a rassemblé d'archives (y compris celles du Congrès des États-Unis), de dépositions et de témoignages. Les portraits des principaux chefs de tribus indiennes, photographies posées comme on les prenait au 19ème, illustrent chaque chapitre.
C'est aussi un monument de l'histoire des États-Unis... mais pas l'histoire glorieuse des courageuses familles de pionniers : non, ce que vous trouverez ici, ce sont les épisodes généralement passés sous silence, ceux que l'on recouvre pudiquement d'un voile nommé "Conquête de l'Ouest".
Car ce qui est conquête pour les uns, est défaite pour les autres.
Ce livre déchirant est le monument que Dee Brown élève à la mémoire des dizaines de milliers d'Indiens, hommes, femmes, enfants, vieillards, qui ont été exterminés lors de cette Conquête de l'Ouest. Il raconte les traités fallacieux qu'on a fait signer à des personnes ne sachant que quelques mots d'anglais, les promesses faites en échange de territoires. Il détaille comment, l'un après l'autre, ces traités et ces promesses ont été bafoués, sans qu'aucune de ces trahisons, jamais, ne soit punie. Il explique de quelle façon les libres nations indiennes ont été brutalement privées de leurs ressources, en les éloignant de leurs terrains de chasse ou en détruisant, tout simplement, l'entièreté de leurs possessions. C'est de génocide qu'il parle : il fait le compte des morts; il expose leurs cadavres.
Vous ne verrez plus jamais les États-Unis du même oeil.
La sobre traduction de Nathalie Cunnington rend hommage au gigantesque travail d'historien de Dee Brown, et à sa manière rigoureuse d'écrire les faits bruts, les épisodes éclairants et les repères historiques.
LC de septembre 2021: "Première rencontre"
Challenge USA : Un livre, un État (South Dakota)
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Dans ce livre nous trouvons quelques très belles illustrations de portraits de personnages marquants des diverses tributs des plaines et autres.
Tashunka-Witko (Cheval-flamboyant, le terme "fou" est péjoratif et fait abstraction du sens "inspiré") s'érigeait contre une partie des siens en affirmant : "Nul n'a le droit de vendre la terre que son peuple foule du pied". Tout était dit à son sujet en ces quelques mots, et il fini assassiné par un complot de certains de son propre peuple, manipulée dans leur animosité et jalousie par l'armée Américaine bien évidemment ! Des Dineh (navajo), en passant par Cochise, Cheyennes et Lakotas du Dakota, la fuite éperdue de Chef Joseph des "Nez-Percés", pour ce terminer par le funeste massacre vengeur de la défaite de Little Big Horn et la mort de Custer. La dernière page du livre est terrible, mettant en exergue l'irrationalité totale du comportement humain rendu dans la fureur de l'aveuglement dont il est capable !

Bouleversant !
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Le classique des classiques. Celui qui a lu ce bouquin portera nécessairement un autre regard sur L Histoire des USA, et peut-être sur lui-même. Pas une tribu qui n'ait eu à souffrir de la domination des Européens. Elle est belle la conquête de l'Ouest ! Ponctuée d'atrocités, abreuvée du sang des Amérindiens, semée de trahisons et de serments brisés. Livre puisant à plusieurs sources, témoignages, documents officiels, rapports... et non dénué d'une certaine beauté malgré sa noirceur.
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Plus de deux cent cultures indiennes ont été virtuellement détruites, entre le Massachusetts et la Californie, au cours de l'histoire des Etats-Unis. Il faut nous souvenir de ce qui s'est passé à Sand Creek ou à Wounded Knee.
Jim Harrison
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Petit manuel à tous ceux qui souhaitent décimer un peuple. Prenez un peuple qui ne connait pas notre législation mais qui est régi par des règles ancestrales, obligez-le à quitter ses terres, sous prétexte qu'elles vous appartiennent car c'est écrit sur un papier en bonne et due forme. Attendez qu'il proteste, déclarez que vous êtes dans votre droit et utilisez la force. Attendez qu'il ait subi des pertes et qu'il se sente démuni, promettez lui monts et merveilles en échange de terrains sans valeur où il pourra vivre en paix. Patientez quelques temps qu'il soit affamé et acculé (surtout ne tenez pas vos promesses), il commettra un impair (vol, chapardage, voire meurtre), faites le alors passé pour un peuple assoiffé de sang au sein de l'opinion publique. Revenez le voir pour négocier la paix et prétexter le moindre signe de colère de leur part comme une non-volonté d'arriver à un compromis. Emprisonnez leurs chefs pour n'importe quel prétexte. Ce peuple mourra à petit feu.
Un très bel ouvrage qui retrace la fin du peuple indien d'Amérique du Nord. Ici, pas de sentiments, pas de prises de position, juste des faits, racontés sur base de documents officiels ou de récits de ceux qui les ont vécu. Un très bel ouvrage où l'on se rend aussi compte que le "blanc" n'est pas nécessairement le "mauvais" et que l'indien n'est pas nécessairement le "bon". Certains chefs indiens ont été trahis à plusieurs reprises par de jeunes guerriers de leurs tribus assoiffés de pouvoir.
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Vaste fresque racontant l'extermination systématique de tribus indiennes par l'armée américaine , ce récit, appuyé sur les documents d'époque, raconte sous la plume d'un Blanc à la recherche de la vérité ce que fut Wounded Knee : un massacre, une trahison, une œuvre de destruction réfléchie et orchestrée, Partial ? Sans doute, comme toute la souffrance qui en a découlé,
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Un livre-documentaire incontournable sur L Histoire américaine vue du côté des indiens. Avec toutes les preuves apportées, puisque tous les "accords", toutes les signatures de documents existent et démontrent "les langues fourchues" des "longs couteaux".
Sur les milliers d'accords signés, aucun ne fut respecté par... les "visages pâles".
On a froid dans le dos, on est bouleversé, on a honte devant tant d'injustice (d'autant plus que les conséquences sont tout à fait palpables encore aujourd'hui).
Un travail d'historien. Il faut lire ce livre. Absolument.
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La fin de l'expansion américaine vers l'ouest, avec son lot d'atrocités et la désolation d'un monde qui ne nous appartenait pas. Certes les virus, comme ceux de la variole ou de la rougeole, auraient fini un jour où l'autre par toucher le continent américain et entrainer un désastre sanitaire majeur. Mais, virus ou pas, l'intentionnalité de détruire ces civilisations et ces hommes était bien réelle. Ethnocide, c'est certain. Génocide, nous n'en sommes pas loin, mais les preuves de l'intentionnalité ne seront jamais déterrées. A lire absolument.
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