Howard Hughes. Le milliardaire excentrique

De tous les milliardaires américains, Howard Hughes, a sans doute raflé le prix du plus original, sans craindre de véritables concurrents. Dans les 70 ans de sa vie (1905-1976), il a été : un des plus riches hommes d'affaires de son époque, aviateur battant différents records, constructeur aéronautique, producteur et régisseur de cinéma, compagnon de plusieurs beautés d'Hollywood et le reclus le plus célèbre du monde.

Celles et ceux ne désirant pas lire la pourtant intéressante biographie de Peter Harry Brown et Pat H. Broeske, peuvent visionner soit "Le fantastique Howard Hughes" de 1977 avec Tommy Lee Jones dans le rôle principal, soit le plus récent film de Martin Scorsese " L'Aviateur", de 2004, avec un convaincant Leonardo DiCaprio dans le rôle de H.H., et à ses côtés Cate Blanchett. Mais comme nous sommes sur Babelio, je conseillerais plutôt le livre - comme de bien entendu - ou à la rigueur les deux !

Howard Hughes, né à Noël 1905 à Houston (Texas), était le fils unique d'un inventeur-homme d'affaires à succès et d'une mère, dont il était très proche (une relation "incestueuse sur le plan affectif"), mais qui mourut lorsqu'il avait à peine 16 ans. Trois ans après, ce fut le tour à son père de mourir et la fin de ses études, préférant la gestion de l'entreprise de son père. Parmi ses ancêtres, il y avait du sang anglais et français (huguenot).

Sa 1re passion fut l'aviation. Déjà à 14 ans, il effectua un vol dans un hydravion monocoque. À 23 ans, il obtint son brevet de pilote et 9 ans après, le Président Franklin D. Roosevelt lui décerna le prix du meilleur pilote du monde. Entretemps, il avait battu 3 fois le record de vitesse. L'année suivante, il effectua son vol historique autour du monde en moins de 4 jours et fut accueilli à son retour en héros national.
À 27 ans, il fonda sa société aéronautique "Hughes Aircraft" en Californie et un peu plus tard "Hughes Electronics" qui devint le plus important fournisseur de dispositifs de la force aérienne et maritime des États-Unis. Lorsqu'il fusionna les 2 sociétés, il employa 80.000 personnes, dont 3.300 titulaires d'un doctorat universitaire. Sa société a réalisé des innovations importantes dans différents domaines : avions, hélicoptères, missiles, satellites etc. Juste après la guerre, il devint le principal actionnaire de la compagnie aérienne transatlantique, la TWA (Trans World Airlines).

Sa 2ème passion fut le cinéma. Et toujours précoce, il produit son 1er film à 21 ans. En fin de volume figure une filmographie de H.H. Des films produits par ses soins, j'en ai compté 40 de 1926 à 1957 (du moins, si la liste est complète). Parmi ces titres, il convient de signaler "Les anges de l'enfer" (réalisé à ses 25 ans), "Scarface" de 1932 (inspiré de la vie d'al Capone), "Un si doux visage" de 1953 (starring Jean Simmons et Robert Mitchum) et "La Vénus des mers chaudes" de 1955 (la superbe Jane Russell en action sous l'eau). En 1948, il devint d'abord actionnaire majoritaire des studios RKO, puis progressivement actionnaire exclusif.

Sa 3ème passion fut les femmes. Il ne faut pas être coureur de jupons soi-même pour admirer la galerie des conquêtes féminines de H.H. Les auteurs, sur 5 pages également en fin de volume, listent 44 noms. Je me limiterai aux dames les plus éclatantes : Cyd Charisse (des comédies musicales), Bette Davis (2 Oscars), Yvonne de Carlo (Salomé au cinéma), Olivia de Havilland (Autant en emporte le vent), Ava Gardner (ex-épouse Sinatra), Rita Hayworth (ex-épouse Orson Welles et Ali Khan), Katharine Hepburn (4 Oscars), Janet Leigh (Psychose d'Alfred Hitchcock), Ginger Rogers (partenaire de Fred Astaire), Jane Russell (Les hommes préfèrent les blondes & épousent les brunes), Lana Turner (Le facteur sonne toujours 2 fois) etc. Détail croustillant : H.H. "importa" Gina Lollobrigida d'Italie, mais elle refusa ses avances. de la plupart de ces grâces, le livre contient de belles photos.

Malheureusement, avec l'accroissement de sa fortune, pour devenir après J. Paul Getty (de la Getty Oil Company) l'homme le plus riche des États-Unis, augmentaient aussi ses problèmes de santé. H.H. souffrait d'une maladie psychopathologique connue comme " trouble obsessionnel compulsif" (TOC), faite d'obsessions, d'inquiétudes et compulsions, dont l'origine demeure mal comprise. Quoique dans son cas, il ait été question d'hérédité (du côté de sa mère) et des lésions liées à de graves accidents de voiture et d'avion. Dans le film précité, on voit DiCaprio se laver fréquemment les mains, obnubilé par une frousse des insectes.

Le TOC amena H.H. à une vie de reclus et une fin atroce. Il n'y a pas d'autres mots pour qualifier son existence juste avant son décès. Lorsqu'il mourut, il était devenu un squelette (42 kg pour 1,90 m), ses bras étaient criblés de traces de piqûres, ses dents pendaient sur les gencives et le taux de codéine dans son corps était le plus élevé jamais enregistré aux États-Unis. Il y a eu différentes autopsies avec des conclusions allant de malnutrition en passant par insuffisance rénale et administration de mauvais médicaments à mort suite à une injection massive de codéine. Il a été impossible d'identifier les méchants dans cette scabreuse histoire, mais qu'il y a eu négligence notoire de la part de ses aides, qui n'ont pourtant pas oublié de s'enrichir scandaleusement, ne fait à mes yeux pas de doute. Au funérarium, où son corps fut exposé, personne ne vint lui saluer.
Probablement qu'ils étaient tous trop occupés par leur part d'héritage. Il aura fallu attendre 1990 avant que le reste de la fortune de H.H.soit distribué à tous ces heritiers.

Comme dit le proverbe : l'argent ne fait pas le bonheur ! Bien que des mauvaises langues ajoutent : mais il y contribue. Ce qui dans le cas de Howard Hughes n'a donc sûrement pas été le cas vers la fin.