Jean-Louis Brunaux est un archéologue qui est en 2012 directeur de recherche au CNRS. Dans cet ouvrage il ne se lance pas dans un débat sur la situation d'Alesia, qui pour lui est évidemment située sur la commune actuelle d'Alise-Sainte-Reine ; toutefois il évoque cette polémique à tiroirs de façon rapide dans un chapitre intitulé "La légende". Comme pour tous les archéologues de profession comme lui, le doute n'existe pas. Ceux de l'autre camp prennent pour référence le texte de
Jules César en lui attribuant des qualités de géographe de la Gaule (que personne ne possédait à cette époque) et de témoin objectif en prenant en particulier au pied de la lettre les chiffres des assiégés dans Alésia proposés par
Jules César.
Jean-Louis Brunaux n'indique pas que César situe le site d'Alésia sur le territoire des Mandubiens et que les véritables précisions sur le fait qu'à Alésia le général romain est ou va se rendre chez les Séquanes relèvent d'interprétation de la traduction (voir http://alesia.jura.free.fr/actu_Lyon.html). Ce n'est que
Dion Cassius, un quart de millénaire après, qui considère ouvertement que cette cité est sur le territoire des Séquanes. Cet ouvrage montre d'ailleurs dans sa partie médiane que la vision
De César sur la Gaule était largement dépendante du philosophe grec Posidonios d'Apamée (page 141) et qu'en de nombreuses occasions
Jules César masque les intentions de ses ennemis et les siennes.
Jules César reprend d'ailleurs des passages de cet auteur pour ce qui aurait une dimension ethnographique dans sa "
Guerre des Gaules". Ironie de l'histoire Posidonios d'Apamée est d'ailleurs mort vraisemblablement l'année de la bataille d'Alésia, ajouterons-nous personnellement. À la page 63,
Jean-Louis Brunaux commence la description du site d'Alésia et poursuit en expliquant comment Vercingétorix et
Jules César espéraient bien piéger leur adversaire dans ce lieu, dont certains aspects rappellent (à notre avis) la cuvette de Diên Biên Phu.
Ce livre s'interroge de façon globale sur les raisons qui amènent les Romains à intervenir en Gaule à l'instigation de
Jules César et comment nombre de membres des élites celtes livrèrent la Gaule au général romain. En effet grâce à la clientèle que
Jules César s'était créé chez les chefs gaulois, ce dernier intervenait dans la nomination de certains rois des tribus. Ce dernier redistribuait les mânes des tributs prélevés sur les peuples celtes et si les rois gaulois s'enrichissaient également grâce aux taxes perçues auprès des commerçants acteurs des échanges en pleine expansion entre Rome la Gaule, par contre les gens du peuple croulaient sous les impôts sans pouvoir faire l'acquisition des nouveaux biens en circulation. En bref si Vercingétorix fut vaincu à Alésia, c'est parce qu'il avait cru en une armée de secours que
Jules César attendait en étant régulièrement informé par de nombreux Gaulois (acquis à la cause romaine) de ses déplacements, que dans cette armée de secours certains contingents ne souhaitaient pas ou n'envisageaient pas une défaite romaine et qu'ils sauraient se faire remercier par
Jules César de leur absence de combattivité. Vercingétorix battu, le général romain a encore affaire avec certains peuples de la Belgique et la façon dont il sait utiliser les renseignements fournis par des membres de ces tribus (par intérêt immédiat ou à moyen terme) ressemble parfaitement à la technique qui lui a si bien réussi pour vaincre à Alésia. Un bel ouvrage d'histoire qui sait mettre en perspective un évènement clé de l'histoire de la France, avant qu'elle ne soit la France. Toutefois elle était alors une "Gaule bien réelle, cohérente quant à la vision politique et aux moyens militaires qu'elle se donne". Il serait bien que les éditeurs acceptent de publier des photographies, ainsi page 78 la description de la reconstitution réalisée du double retranchement romain (devant Alésia), aussi intéressante soit-elle, fait cruellement sentir l'absence d'une illustration.