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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bàrnabo des montagnes est le premier roman de Dino Buzzati.
On y trouve des thèmes qui seront davantage développés dans le Désert des Tartares, écrit une quinzaine d'années plus tard : l'attente et la quête du sens de la vie.
Bàrnabo des montagnes est une oeuvre de jeunesse, mais le talent de Dino Buzzati s'y déploie déjà.
Le décor est sobre : une montagne austère qui contribue à engendrer l'angoisse sourde présente tout au long de l'histoire.
Avec les gardes forestiers, on guette le moindre bruit, le moindre animal, le moindre soupçon de changement dans cet environnement minéral.
Le récit est lent mais intense, traversé par une tension permanente.
Bàrnabo attend.
Il attend mais il a peur.
Il a peur mais il espère.
L'attente peut paraître vaine, mais c'est elle qui donne son sens à la vie de Bàrnabo ; l'attente finit par constituer l'essence même de sa vie.
Bàrnabo des montagnes est un texte court qui ne doit pas être négligé dans l'oeuvre de l'auteur et vu comme un simple brouillon du Désert des Tartares : il mérite vraiment d'être lu pour lui-même.
Sur la quatrième de couverture, il est indiqué que Marcel Brion a qualifié ce roman de "récit âpre et nu, qui garde la simplicité des mythes grecs, leur austérité farouche et leur prophétique gravité".
Beau compliment, non ?
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Une minuscule boîte à livres sur la place d'un petit village où je me suis garé pour faire une balade sur les chemins bocagers.
Maigre choix, mais un Buzzati s'y cache entre deux inconnus. Une édition de 1959, nous sommes presque du même âge, je ne peux résister à emprunter cet ouvrage.
« Barnabo des montagnes », suivi de « Le secret du Bosco Vecchio », aussitôt d'autres mots me reviennent à l'esprit.
Barnabo, ça sonne comme Bargabot, une des suites du Pascalet de « L'enfant et la rivière » d'Henri Bosco.
Bosco, sacrée coïncidence, est-ce que l'écrivain provençal connaissait le secret du Vecchio, ruisseau italien, pays cher à ses origines ?
« Barnabo des montagnes », ça me fait aussi penser à « Gaspard des montagnes », le conte d'Henri Pourrat.
Deux Henri de la même époque, celle également de Dino Buzzati. Les conteurs du Sud montagnard, Luberon, Livradois, Dolomites, lieux envoûtants propices à des découvertes magiques.
Il ne m'en faut pas plus pour délaisser ma lecture actuelle, qui parle aussi de bois - « Lorsque le dernier arbre... » - pour partir en Italie avec le premier roman de l'auteur du désert des Tartares.
J'ai choisi de commencer par « Le secret du Bosco Vecchio », pour rester dans l'ambiance forestière.

Le monde de Buzzati est kafkaïen, plein de détours, carrefour d'espace et de temps, mais aussi intimité avec les choses de la nature.
Car les hommes, des villes surtout, sont méchants à l'égard des éléments. Ils gardent envers eux ce mélange de timidité et de brutalité qui est , au fond, le signe de la peur.
Peur de l'invisible, de l'insolite, de ce qui se cache dans les coins obscurs. Et le surnaturel n'est qu'une autre manière qu'a la nature de se manifester.

Cette histoire est une féerie cocasse, une fable, faite d'émerveillement et d'enchantement.
Les vents ont des noms humains, parlent et obéissent aux hommes qui ont acquis pouvoir sur eux. Une pie récite, avant de mourir, un poème grave et solennel.
Ce récit débouche en plein mystère. Ses éléments burlesques dégagent une intense beauté. On croirait revenir aux origines du monde, où il existait un langage commun aux hommes et aux choses.
Mais le temps dévore les éléments naturels de la même manière que les hommes, les forêts et les vents meurent de vieillesse.
Et le Bosco Vecchio, merveilleuse forêt magique où depuis des siècles on n'avait pas touché à un arbre, est tributaire d'un héritier aux goûts limités qui ferait volontiers tailler de larges coupes si la peur ne le retenait.
Ce citadin ignorant soumet à ses volontés, par la violence et par la ruse, les génies des vents et des arbres. Ce qui montre à quel point la nature peut être faible et désarmée lorsqu'elle est menacée par la méchanceté et la sottise des hommes.
« A quoi me sert la forêt alors ? Tous ces arbres ne me seraient plus d'aucun rapport ? M'en savoir propriétaire serait l'unique satisfaction ? »

Ce texte a presque un siècle, à une époque où on ne parlait pas encore d'écologie, mais il est terriblement d'actualité.

Je garderai de cette lecture le côté fable, qui permet de savoir encore comprendre le langage des arbres, des oiseaux, des fleurs et des vents, et la grande leçon qu'ils donnent. 






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Barnabo est un garde-forestier qui, avec quelques compagnons, est affecté à la surveillance d'une poudrière, menacée par des bandits. Les gardes ne sont toutefois jamais capables de les intercepter. Et lorsque Barnabo est finalement témoin d'une attaque sur leur refuge, il a une réaction inattendue qui va avoir des conséquences décisives pour lui.
Dans ce premier roman de Buzzati, le thème de l'attente, qui sera approfondi plus tard dans le désert des Tartares, apparaît déjà, tout comme la solitude du protagoniste, aussi intime qu'infranchissable, invisible aux autres êtres humains. L'auteur y aborde également l'idée du passage inexorable du temps qui peut rendre chaque instant décisif, tout retour en arrière étant impossible.
Mais la ressemblance s'arrête là. Barnabo en particulier n'est pas Giovanni Drogo. Il va tout faire pour tenter de reprendre le contrôle de sa vie, quel qu'en soit le prix. Qui plus est, le décor propre à chaque histoire est très différent. Si le désert des Tartares présente un paysage quasi minéral, voire lunaire, Barnabo opère dans un environnement de montagnes et de forêts, qu'il admire pour son aspect sauvage et le sentiment de paix qu'il procure. Barnabo des montagnes est une ode aux paysages alpestres.
Une belle et intéressante histoire, très particulière, et qui permet de considérer l'oeuvre de Buzzati avec un regard nouveau.
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Deuxième roman de Buzzati, le secret du Bosco Vecchio est un très curieux roman, assez court, un conte que je qualifierai de presque germanique, avec un côté romantisme et nature. Il est vrai que Buzzati était un homme du Nord. La fable peut être vue aussi comme écolo avant l'heure, ravages de l'homme sur la forêt, révolte de cette dernière, nature foisonnante et petitesse humaine. Il est bon pour le lecteur de se perdre un peu dans le Bosco Vecchio, dolomitique à souhait, ces montagnes de verre étant une des signatures de Buzzati.

le colonel Procolo, rigide et peu conciliant, a hérité d'une partie de la forêt, qu'il veut exploiter sans vergogne. Au détriment de son jeune neveu Benvenuto et sans égards pour les habitants de la forêt "merveilleuse", "enchantée", tout cela proche du sortilège, un sortilège parfois enjoué (une rareté). Car beaucoup d'autres personnages peuplent le Bosco Vecchio. Les arbres et les génies qui les habitent, les oiseaux, deux pies particulièrement loquaces qui annoncent les visiteurs, un vieil hibou un peu caricature du hibou, ce qui semble logique. Mais aussi lièvres et souris impertinentes. Et puis je n'omettrai pas de vous présenter Matteo, vent de son état. Un grand présomptueux, celui-là, qui connaitra des hauts et des bas.

le goût, immémorial, de Dino pour la verticalité, rappelons à propos ses qualités d'alpiniste, parfois un peu exagérées peut-être, est patent tout au long de notre histoire, avalanches, hautes frondaisons et torrents, l'un d'entre eux mourra d'ailleurs de sécheresse. Et puis les autre obsessions de l'auteur, les métamorphoses (mais Buzzati n'aimait guère qu'on évoque trop souvent Kafka, ce lieu commun aura la vie dure), larves, chenilles, papillons, invasion. Et puis bien sûr le temps, la mort qui rôde, celle de Matteo car les vents, le saviez-vous, parfois s'éteignent, et celle de Procolo, qui atteindra une sorte de rédemption par sa dimension shakespearienne. Annonçant le lieutenant Drogo... Mais ceci est une autre histoire...
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Buzzati nous convie dans les hauteurs, les crêtes et les pics, à l'attente comme Mario Rigoni Sterne avec ses alpinis ou Paolo Cognetti, plus récemment, et ses huit montagnes. Là-haut lorsqu'on est garde forestier il n'y a pas grand-chose à faire mis à part surveiller une poudrière et camper dans la maison forestière en assurant le quotidien ; les repas, l'entretien du feu , l'approvisionnement en vivres, les gardes; A part ça on attend la venue hypothétique des brigands qui sont là pas loin, la soupe et la relève. L'envie d'être en bas au chaud au village est grande, faire la fête ou passer sa journée à la buvette à regarder les filles.
Une vie militaire d'une très grande rusticité dans des décors somptueux avec des individus fortement imprégnés de cette vie sauvage et difficile. La montagne est là qui les attend, qui les coupe de tout, qui les provoque et les convie à se mesurer à elle et ceux qui l'écoutent partent la braver mais n'en reviennent pas toujours. Bien souvent il n'en reste quelques os blanchis sur une plateforme rocheuse. La montagne est une ogresse.
Chez Buzzati les personnages sont sobres guère plus évolués que la flore ou la faune qui les entoure et même le minéral sur lequel il vivent. Ils ont des pensées simples, vivent dans un temps qui n'en finit pas, aucune hâte, ils «passent leur temps à passer le temps» (dixit Polnareff) et c'est très bien (dixit J.Clerc).
Beaucoup de grâce dans cette histoire intemporelle où la montagne est le personnage principal entourée d' hommes, éléments d'un tout, mais qui comptent si peu; une friandise littéraire comme il n'y en a peu !
Dans le début de l' histoire suivante un colonel Procolo plutôt acariâtre qui prend possession de son domaine, s'offusque de la légèreté du chauffeur. C'est le début d'une mise au point: celle du Bosco Vecchio, forêt presque originelle un peu magique peuplée d'esprits. Une histoire où Buzzati part d'une situation bien réelle pour nous faire basculer dans un conte avec des esprits , Mattéo le vent et autres peuples de la forêt où humains réels mis devant l'évidence, la magie, l'acceptent et l'utilisent à des fins égoïstes sans état d'âmes
Un récit enchanteur qui pourrait être conté aux enfants sans problème ou être mis en images par Disney, Dreamworks ou autres studios d'animation il y aurait une qualité indéniable pour les enfants et accessible aux adultes sans être bêtifiant.
Ou il est question de volatile. Dans Barnabo c'est une corneille qui est blessée par le tir d'un homme dans le Bosco Vecchio c'est une pie. La corneille suit avec reconnaissance semble-t-il Barnabo mais la pie accable le colonel et pourtant elle lui récite un poème.
Procolo veut dire proculus c'est à dire usurpateur. Est-ce le sens que Buzzati a voulu lui donner?
Un ton dramatique mais non dénué d'humour et on se met à croire au père Noël ceci dit, car Buzzati a écrit des contes de Noël merveilleux ( c'est d'époque) et bien d'autres: Buzzati est un grand conteur.
Que se soit Barnabo ou le bosco Vecchio: une oasis de merveilleux.
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