Les surnoms : L’Écrasé, parce qu’il est tombé d’un échafaudage. Le rétameur : Bouchetrou. D’une rouquine : La Courgeotte. Pour sa figure plate : Gamelle. En réputation auprès des femmes : Le Vaillant. La boulangère aux grosses fesses : La Michonne. Pour son avarice : Cachepot. Pour son odeur : Boutasse. Il parle du nez : Runrun. Elle boite : Saute gouille. Il est déhanché : Clampette. Elle boit : La Canette.
Voit-on un jeune homme et une jeune fille se promener ensemble, fût-ce une seule fois et innocemment, on les décrète fiancés.
La nouvelle qui, ordinairement, surprend leurs familles autant que les jeunes gens eux-mêmes, est répandue en diligence par une de ces vieilles filles bigotes dont c’est la vocation que de surveiller derrière leurs carreaux les allées et venues des habitants.
Bon gré, mal gré, le mariage se conclura, sous peine pour la jeune fille d’y laisser sa réputation.
Certains jours, il s’imagine pouvoir marcher sur l’eau. À deux reprises, il s’y essaye dans le fleuve, d’où on le retire de justesse. La troisième fois, il se noie dans l’étang.
Afin de n’être pas importunés par les pleurnicheries des enfants en bas âge, leurs parents mélangent au lait du biberon un peu de gniole, qui les endort.
Ils se méfient de ceux qui parlent trop : ils sont trop disants.
Virginie Despentes accompagnée par le groupe Zëro : Éric Aldea (guitare), Ivan Chiossone (claviers), Frank Laurino (batterie)
Son : Wilo
Depuis Baise-moi en 1994, Virginie Despentes s'est imposée comme une écrivaine majeure avec notamment Les Jolies Choses (prix Flore 1998), Teen Spirit, Apocalypse bébé (prix Renaudot 2010) ou encore son essai King Kong Théorie. C'est qu'il y a chez elle une énergie d'écriture salutaire et sans concession, mais aussi une intelligence rare. L'acuité de son regard sur le monde contemporain (tantôt hilarant, tantôt glaçant de vérité), on la retrouve dans la « série » Vernon Subutex, fresque incroyable en trois tomes. Personne n'échappe à Virginie Despentes et, en même temps, elle sait très bien qu'il est jouissif de canarder à tous crins. Elle s'efforce donc de prendre à bras-le-corps, et d'aimer aussi, cette galerie de personnages ultramodernes qu'elle met en scène.
Ce soir elle vient accompagnée du groupe de rock Zëro pour payer une dette littéraire : celle qu'elle doit au mythique Requiem des innocents de Louis Calaferte.
À lire – Virginie Despentes, Vernon Subutex 3, Grasset, 2020.
À écouter – Zëro, « Requiem des Innocents » (avec Virginie Despentes), 2LP Ici d'Ailleurs, 2020.
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