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Tony Parker (II) (Illustrateur)
EAN : 9781534301573
136 pages
Image Comics (30/05/2017)
5/5   1 notes
Résumé :
April 1971. The CIA is handed the espionage coup of the decade when a KGB general defects with a list of all Soviet intelligence assets in Asia. Including spies within the US Army in Vietnam. All Jack Hudson has to do is get the defector and his microfilm from Hong Kong to California... and keep Palm Springs' overzealous FBI office from turning everything into a freakshow. All Codename: Felix has to do is kill the defector and get the microfilm back to the USSR, by ... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2016/2017, écrits et lettrés par Alex de Campi, dessinés et encrés par Tony Parker, avec une mise en couleurs réalisées par Blond.

En avril 1971, la CIA a mis la main sur un général russe qui a décidé de passer à l'Ouest et qui détient une liste d'espions en Asie, y compris au sein de l'armée américaine au Vietnam. L'agent Jack Hudson est missionné pour le récupérer et le prendre en charge, avec l'aide de l'agent Virgil Reuilly. Ils doivent se rendre à Palm Springs en Californie. Sur place, le général Ivan Ivanovitch Yeresovsky séjourne dans une luxueuse villa, gentiment mise à disposition par Pete Stomparelli, un individu bien connecté dans le milieu de la pègre, un parrain local. Pendant la nuit, un individu s'introduit subrepticement dans la villa et assassine le général d'une fléchette dans le cou. Il récupère ses affaires, dont les précieux microfilms avec les noms des espions russes.

L'agent Felix du KGB quitte la villa et retrouve l'agent Rose qui assure son transport en voiture. Ils prennent la route, et s'arrêtent à une station-service pour faire le plein. Il y a un petit groupe de hippies non loin qui effectuent un retour à la nature, à l'aide de produit psychotropes. Rose et Felix décident de s'octroyer une petite fiesta bien méritée, pour se détendre, car ils ont un peu de temps devant eux avant de rejoindre leur point de chute. Pendant ce temps-là, les agents Hudson et Reilly sont arrivés à la villa et découvre l'absence du général. le fait qu'il soit parti sans habits conduit les agents de la CIA à penser qu'il a été enlevé. Pete Stomparelli leur explique que la bouteille de vodka qui a disparu également contient de l'alcool avec une bonne dose de LSD. Cela devrait occasionner quelques retards au premier qui en consomme.

En piochant ce recueil dans la production abondante du de l'éditeur Image Comics, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il a peut-être déjà lu des comics d'Alex de Campi et pu apprécier sa verve : la série d'histoires courtes Grindhouse: Doors Open at Midnight Double Feature avec différents dessinateurs, ou la série très particulière No Mercy avec Carla Speed McNeil. Il comprend vite qu'il s'agit d'un récit d'espionnage à une époque clairement identifiée. le récit se passe en 1971, et la scénariste se sert des spécificités de cette époque. La guerre froide battait encore son plein, ce qui explique l'activité de la CIA et du KGB, mais aussi les interactions un peu délicates entre la CIA et le FBI, ainsi que les tensions entre le KGB et la GRU (direction générale des renseignements de l'État-Major des Forces Armées). le lecteur comprend vite que ces tensions génèrent des stratégies d'adaptation de la part des agents des 2 camps, pour pouvoir rester en vie, et essayer d'éviter de trop complexifier les situations.

Les auteurs réalisent donc un récit d'espionnage, et ils en utilisent les conventions. Certains agents travaillent pour une autorité clairement établie, d'autres partagent leur allégeance, en tant qu'agent double. D'autres encore essayent juste de rester en vie, et certains sont motivés parce qu'ils savent que la vie de leurs proches, de leur famille est en jeu s'ils échouent dans leur mission. Il s'agit d'un récit d'espionnage avec une bonne dose d'action, mais sans gadgets. En outre, ils intègrent leur récit à l'époque. Il y a donc le contexte de la guerre froide, mais aussi les références musicales. Les personnages écoutent la radio régulièrement, entendent la musique diffusée par la station-service, mettent la sono à fond lors de la fiesta dans le désert, etc. Alex de Campi indique chaque fois le nom du morceau et les artistes ou les groupes : Tony Orlando, Led Zeppelin, The Doors, Alice Cooper, Black Sabbath, Steve Reich, Leonard Cohen, Velvet Underground, Frank Zappa, Sun Ra. le lecteur connaisseur se rend compte qu'il ne s'agit pas d'une liste toute faite piochée sur internet, mais d'un choix réfléchi nécessitant une connaissance plus que minimale de la production musicale de l'époque. Il apprécie la qualité de la reconstitution.

Tony Parker s'investit avec le même degré d'implication pour la reconstitution visuelle. Lorsque Rose insère une cassette dans l'autoradio, il s'agit d'une cartouche 8 pistes, le vrai modèle d'époque. le lecteur bénéficie ainsi d'une immersion authentique dans l'époque, qu'il s'agisse des modèles de voitures, des styles de vêtement, ou de l'aménagement intérieur d'une station-service, ou d'un pavillon de banlieue, ou encore des rayonnages dans un supermarché. L'artiste réalise des dessins de type descriptif, avec un très bon niveau de détails. Certaines surfaces semblent parfois un peu trop propres sur elles, mais c'est la seule composante qui ne sonne pas toujours vraie. Il varie régulièrement ses mises en page, adaptant le découpage à la nature de la séquence, un dessin en pleine page quand c'est justifié (ils ne sont pas nombreux), une composition en double page qui compte 53 cases se percutant les unes les autres, pour rendre compte de la violence de la scène, lors d'une émeute de rue.

Tony Parker ne se contente pas d'effectuer une reconstitution historique détaillée et précise. Il construit ses plans séquences en fonction de la nature de la scène. le premier exemple le plus marquant est celui de la fiesta dans le désert avec consommation de produit psychotrope. le temps de 5 pages, le lecteur se retrouve englouti dans un poster psychédélique rendant compte de l'effet hallucinogène des produits, sur l'esprit du consommateur. L'artiste réussit le bon dosage pour inclure à la fois des renseignements visuels sur l'activité et les mouvements des personnages, mais aussi sur l'altération de leur perception, et la dérive vers un mauvais trip. L'effet est saisissant, très convaincant, tout en restant lisible. Blond effectue un travail de mises en couleurs remarquable, complètement dans l'esprit des compositions psychédéliques de l'époque.

Le savoir-faire du dessinateur se retrouve également pendant les séquences de dialogue, au cours desquelles il ne se contente pas de disposer des têtes en train de parler dans chaque case, mais il montre également l'environnement dans lequel se trouvent les personnages, et les mouvements qu'ils accomplissent en parlant. Il se montre tout autant à la hauteur lors des scènes d'action, ce qui peut s'avérer plus difficile dans une bande dessinée, puisque le lecteur maîtrise sa vitesse de lecture. La première confrontation de grande envergure occupe 12 pages de l'épisode 2. Elle s'avère d'une lisibilité remarquable, le lecteur sachant à tout moment où se trouvent chacun des personnages, et pouvant reconstituer chacun de leurs déplacements et de leurs positions respectives. La scène de l'émeute dans le dernier épisode s'avère tout aussi intelligemment construite, permettant de suivre chaque personnage. Outre cette grande maitrise de la narration visuelle, Tony Parker a également le chic pour réaliser quelques images choc qui restent longtemps en mémoire, que ce soit agréable (la jeune hippie nue dans le désert), ou plus traumatisant (la tête d'animal s'écrasant sur le parebrise d'une voiture sur l'autoroute).

Pour ce récit d'espionnage mouvementé, la scénariste bénéficie d'un dessinateur qui sait mettre en scène chaque séquence de manière lisible et spectaculaire, tout en restant dans un cadre réaliste. de son côté, Alex de Campi a conçu une intrigue plausible : récupérer une liste d'agents infiltrés, détenue par un transfuge. Mais elle ne se contente pas d'une intrigue avec des rebondissements parce qu'un grain de sable réduit à néant des plans bien préparés. Elle raconte une histoire dans laquelle le déroulement des événements découle de la personnalité des protagonistes. le lecteur apprécie à leur juste valeur les rebondissements, et les ratés dans les plans ourdis. Il est maintenu dans l'expectative pendant plusieurs épisodes, ne sachant pas trop s'il peut classer les personnages en bons et méchants, ou si le récit ne s'inscrit pas dans cette dichotomie basique. Il se rend compte que les agents Rose et Felix savent profiter des moments de liberté qui s'offrent à eux de manière inopinée. Il en apprend un peu plus sur la réalité de leur situation, et sur les contraintes que le système fait peser sur eux. Il comprend bien qu'il n'est pas possible de réduire le récit à une forme pamphlet à charge contre l'URSS, ni d'un éloge des États-Unis, d'autant plus que les 2 camps utilisent les mêmes méthodes. La conscience politique de l'auteur s'exprime plus par les citations qu'elle a choisi de faire figurer en fin de chaque épisode, citations également d'époque, de Jane Fonda, Charles Manson, lieutenant William Calley, Hubert Geroid Brown, Ronald Reagan. le récit ne se transforme pas en pamphlet politique, mais le lecteur peut choisir s'il le souhaite de relier ces citations à ce qu'il vient de lire, ce qui en augmente la profondeur de champ.

Parti pour un récit de genre, le lecteur découvre une excellente histoire d'espionnage rapide et mouvementée, tirant le meilleur parti de l'époque à laquelle elle se déroule, bien servie par des dessins descriptifs et une mise en scène vive et inventive, au service de la narration. Il apprécie l'absence de manichéisme, la ressource du personnage principal, et la représentation en filigrane d'une société en mutation. Il espère de tout coeur que la promesse d'une deuxième saison sera tenue.
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