Les titres des Journaux de
Renaud Camus feraient à eux seuls un poème du voyage et de l'Ailleurs : Journal romain, Aguêts, Vigiles, La Guerre de Transylvanie, Retour à Canossa, Rannoch Moor, Corée l'absente, le royaume de Sobrarbe, et enfin celui-ici, "Au nom de Vancouver". Ils indiquent assez, avec d'autres encore que je n'ai pas cités, la place que tiennent le voyage, l'éloignement, la "lointeur" (d'un mot forgé par l'auteur), dans sa prose et dans ses livres, autobiographiques ou pas. L'auteur toutefois est moins un "écrivain-voyageur", comme on dit, qu'un écrivain de l'éloignement et de l'ailleurs, même quand cet ailleurs est moins géographique qu'humain, culturel et temporel. Cet auteur taxé à tort de repli sur soi, de chauvinisme et même, par la gauche la plus indigente, de racisme, est un poète du dépaysement, de l'altérité, si pareil mot était encore utilisable aujourd'hui. Lire
Renaud Camus est donc voyager dans un univers plus riche, plus beau, moins vulgaire et plus chargé de sens (de livres, de tableaux, de musiques, de paysages, de visages, de noms) que le "monde-monstre" que l'on nous prépare, et permet de tenir à distance le présent immédiat du divertissement et de l'hébétude.