On trouvera seulement ici la description, à l'état pur, d'un mal de l'esprit. Aucune métaphysique, aucune croyance n'y sont mêlées pour le moment. Ce sont les limites, et le seul parti pris de ce livre.
(incipit)
Il existe un fait d'évidence qui semble tout à fait moral, c'est qu'un homme est toujours la proie de ses vérités. Une fois reconnues, il ne saurait s'en détacher.
Il faut bien payer un peu.
(p.52)
S'il suffisait d'aimer, les choses seraient trop simples.
L'homme absurde entrevoit ainsi un univers brûlant et glacé, transparent et limité, où rien n"est possible mais tout est donné, passé lequel c'est l'effondrement et le néant. Il peut alors décider d'accepter de vivre dans un tel univers et d'en tirer ses forces, son refus d'espérer et le témoignage obstiné d'une vie sans consolation.
(p.85)
Je veux que tout me soit expliqué ou rien. Et la raison est impuissante devant ce cri du coeur.
(...)
L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde.
(p.46)
Conscience et révolte. Ces refus sont le contraire du renoncement.
...
Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté, et le plus possible, c'est vivre, et le plus possible. .. Disons que le seul obstacle, le seul "manque à gagner", c'est la mort prématurée. ( 1 )
NDL : "l'homme révolté" à la fois contre les philosophes "mystiques", dit-il, "la vie trop courte" et contre les existentialistes trop "moroses", c'est Albert Camus.
( 1 ) Malheureusement, il a eu une "mort prématurée", accidenté en Facel Véga, ( superbe voiture ).
Ce qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir.
L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde.
L’œuvre absurde illustre le renoncement de la pensée à ses prestiges et sa résignation à n’être plus que l’intelligence qui met en œuvre les apparences et couvre d’images ce qui n’a pas de raison. Si le monde était clair, l’art ne serait pas.
Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il dit.