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sur 1848 notes
J'avais beaucoup apprécié cet essai la première fois que je l'avais lu. La première partie où il démontre que chercher un sens à la vie n'a aucun sens car la condition de l'homme est absurde par essence car le monde n'a aucune logique, l'absurdité domine au quotidien et l'homme est mortel. C'est ce qui rend l'homme libre puis qu'il n'y a ni Dieu ni Être suprême … Bon, ce qui est un peu plus dur à avaler, c'est qu'en gros il est libre soit de suicider (ce n'est pas une bonne solution pour Camus), soit d'accepter sa condition d'homme mortel menant une vie absurde. Ensuite il appuie sa démonstration surtout sur la littérature qui a traité à toutes les époques le thème de l'absurdité et de la révolte face à celle-ci. Pour lui c'est cette révolte, le refus de la résignation qui peut rendre Sisyphe heureux. Camus dit de lui-même « [Si je suis] pessimiste quant à la condition humaine, je suis optimiste quant à l'homme ». Ce qui m'a gêné à la relecture, c'est que Camus pose le problème central en se demandant si Sisyphe est heureux. Il écrit cet essai en 1942, et c'est là qu'il faut faire attention à la lecture, car en 1942, même si ça fait déjà près de deux siècles que Saint-Just a dit que le bonheur était une idée neuve en Europe, on est très, très loin d'une société d'injonction au bonheur comme la nôtre. 1942, c'est la guerre, Camus n'érige même pas le bonheur en idéal, ce n'est pas dans le paysage mental de l'époque, il faudrait alors peut-être le lire en remplaçant « heureux » par « satisfait par ce qu'il fait », ce serait probablement plus juste. Pour ma part, je ne me souviens pas d'avoir eu cette réflexion à la première lecture, mon paysage mental a probablement aussi changé entre temps.
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Tout d'abord je tiens à signaler que cette oeuvre n'est pas à mettre dans les mains de n'importe qui, si vous n'avez pas un peu de notions philosophiques vous n'y comprendrez pas grand chose je pense. Camus est un de mes auteurs préférés. J'aime sa vie, son oeuvre, sa façon de penser, d'écrire. Avec cet essai sur l'absurde, il nous démontre son art. Ce livre demande de la réflexion, si c'est un moment détente que vous recherchez il faut absolument changer de livre. Il est néanmoins très intéressant et pose des questions fondamentales. Plusieurs thèmes sont abordés ici comme la littérature, les sciences, la philo bien sûr. C'est intéressant et instructif. Je vous le conseille ne serait ce que pour votre culture personnelle.
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De loin en loin, depuis longtemps maintenant, je me suis intéressé en dilettante à la philosophie. Piochant au hasard parmi les grands auteurs que j'appréciais inégalement. Une frontière semblait pour moi se dégager entre une philosophie, disons, à l'Allemande : rigoriste et que je trouvais dans son expression trop sûre d'elle quitte à paraître artificielle, et une autre d'inspiration plus proche des lumières probablement, qui laisse sa part de réflexion au lecteur. Peu dans tous ceux-là m'avaient parlé. C'était avant Camus. Qui non seulement parle à son lecteur au sens qu'il prend pour point de départ sa propre raison qu'on peut donc rapporter à soi, mais a aussi le bonheur de jouer le chaînon manquant entre ces deux modes de pensées.
La déraison du monde, l'appel humain, l'absurde. Ce texte a joué l'effet d'un flash pour moi, et il est difficile d'écrire dessus encore 3 semaines après que j'ai fini sa lecture.
Probablement que ce livre va traîner dans mon esprit encore longtemps, pour le digérer, le confronter à mon réel. Mais loin de moi l'idée de m'en plaindre. Il semble que ce texte soit important, et qu'il fasse grandir ceux qui le lisent, je le souhaite à chacun.
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Le Mythe de Sisyphe est le premier essai publié par Albert Camus, pilier du cycle de l'absurde, ce livre est bien que appartenant aux premiers ouvrage de Camus, essentiel pour la compréhension de l'oeuvre du futur prix Nobel. Il éclaire profondément le cycle de l'absurde, et contient tout ce qui permettra de comprendre le cycle de la Révolte. Comme dans Caligula en effet, la fin de l'oeuvre s'ouvre sur une introduction à la révolte, et Camus insiste sur la logique qu'il y a de passer de la réalisation de l'absurdité de monde à la révolte contre celle-ci.

Le début de l'essai est très claire, où Camus expose ses postulats. Dans ce monde moderne, la mort de Dieu Nietszschéenne est actée, et évidemment la vie après la mort. L'absurdité du monde surtout l'est également. C'est le décalage entre les désir infinie de l'homme et la résistance du monde au désir du monde, c'est cette irréconcibialité qui ouvre la réflexion de Camus. le postulat de base, c'est que la vie n'a pas de sens.

Ce qu'il y a de marquant dans cette oeuvre, c'est la rigueur de Camus. Un refus de tout rennoncement de la raison humaine, pas de "saut" de la raison, que ce soit par la foi en Dieu, l'acceptation de l'incompris. Et si le désir de tout vivre par sa tête me semble critiquable, le refus des compromis dans la réflexion me semble admirable.
Camus est intransigeant dans la recherche de vérité. Il y a surtout un désir d'unité entre la philosophie qu'il développe et la manière de vivre. Cette honnêteté qui le fera rompre avec le partis communiste Algérien puis avec Sartre.

D'autres ont déjà résumé bien mieux que je ne le ferai tout les découlement logiques de l'essai. En notant un passage étonnamment lyrique au chapitre traitant de l'image du conquérant. L'analyse d'une partie de la pensée de Dostoievski et de Kafka à la fin du livre et vu par le penseur absurde aide à les comprendre avec un plus de profondeur.

Bref, on peut tout à fait ne pas partager les postulat de Camus, en pleine occupation allemande, mais le développement de sa pensée à partir de ceux-ci reste intéressant pour comprendre un auteur majeur du XXème siècle.
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L'homme désire une connaissance sûre, claire, il a soif d'absolu, d'unité, de clarté.
Ce désir éperdu de clarté est un appel des profondeurs de l'homme selon Camus.

D'un autre côté, le monde, l'univers irrationnel, épais. Les impuissances des penseurs et philosophes à livrer une vraie connaissance sur le monde.

Un homme qui désire comprendre et connaître face à un monde inerte, épais, indéchiffrable.
Voilà l'absurde pour Camus.

Comment vivre dans un monde indifférent ?

Dans cet essai, Albert Camus y répond en.prenant les exemples de Don Juan, de l'acteur et de l'aventurier.

Ce que j'ai aimé : un essai plutôt accessible qui nous pousse à l'action plus qu'à la contemplation, une liberté sans morale.

Ce que je n'ai pas aimé c'est surtout l'introduction abrupte sur la question du suicide, et le style, le style de Camus dans cet essai est sec, presque aride et direct pour étayer ses arguments.

Un essai qui éclaire la thématique de l'absurde qu'on retrouve dans " l'étranger" et dans " la chute ".
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En tant que romancier j'aime beaucoup Camus. Mais cet essai philosophique, écrit avant ses 30 ans, je ne sais pas trop quoi en penser. Pas spécialement structuré, on a l'impression que c'est plus un discours parle qu'un texte longuement réfléchi.
Et pourtant le mythe de Sisyphe comme symbole de la vie humaine absurde, cela avait éveillé ma curiosité.
Le chapitre sur le don juanisme sauve pourtant ce livre. Camus y concrétise ce qu' il essaie de dire .
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« Quelle idée de lire ce livre dans cette période », me suis-je dit lorsque j'ai commencé le Mythe de Sisyphe. Pour un lecteur malavisé de la philosophie de Camus, comme moi, le début de ce petit essai peut être un peu déstabilisant, et même déprimant... Certains passages ont un style plutôt aride, ce qui peut être décourageant si l'on est plus habitué à la lecture de romans qu'à des traités philosophiques, notamment là où Camus dialogue avec les ouvres des auteurs rationalistes et existentialistes, dont j'assume, non sans un peu de gêne, que je ne connais pas grand-chose.

Mais si je dis bien « le début », c'est car très vite on se sent happé par le constat de l'« absurdité » de la vie exposée par l'auteur. Comment peut-on vouloir continuer à vivre dans un monde dont on n'a pas demandé à participer, où nous allons éprouver tout type de souffrance et d'où nous allons partir inexorablement sans rien amener et, principalement, sans rien comprendre ? Comment peut-on continuer à vivre notre quotidien, alors que le sentiment de l'absurdité peut nous frapper dans n'importe quel coin de rue, lorsque soudainement un événement vient nous confronter à notre totale incapacité à expliquer notre place dans ce monde, lorsque nous nous rendons compte de l'incroyable futilité de notre condition en tant qu'êtres vivants ?

C'est à partir de ce problème philosophique que Camus nous explique les différentes façons de vivre comme un « homme absurde », c'est-à-dire, de vivre de manière consciente de notre destin mortel, d'embrasser notre inutilité sans chercher des explications irrationnelles, telles la religion et l'idéologie, qui puissent nous conforter dans notre désarroi.

Ce livre m'a fait énormément réfléchir sur la responsabilité que nous avons sur notre vie et sur comment faire quelque chose de cette très brève existence. Dans une époque si incertaine comme la nôtre, où l'abondance des mauvaises nouvelles favorise quotidiennement la remise en question de nos petites certitudes, je suis content d'avoir pris le temps de lire ce classique qui, finalement, porte un regard optimiste sur l'homme et sa capacité à se faire maître de ses jours, malgré son fardeau.
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"Sous l'éclairage mortel de cette destinée, l'inutilité apparaît. Aucune morale, aucun effort ne sont a priori justifiables devant les sanglantes mathématiques de notre condition."

Le mythe de Sisyphe, c'est l'essai central du thème de l'absurde dans l'oeuvre de Camus, comme l'Homme révolté est celui de du thème de la Révolte. Autour de cet essai gravitent deux pièces : le Malentendu et Caligula qui sont à cette oeuvre ce que les Justes sont à l'Homme révolté.
Ainsi, après avoir lu l'essai, il est intéressant de se plonger immédiatement dans les pièces connexes, qui résument avec poésie et ferveur les idées charnières de l'oeuvre de Camus.
Mais le mythe de Sisyphe est avant tout celui de la mythologie grecque, dans lequel Sisyphe se retrouve condamné à rouler un énorme rocher au sommet d'une montagne, avant qu'inéluctablement celui-ci ne regagne le bas de la pente, et ceci pour l'éternité.

L'absurde pour Camus, c'est prendre conscience du décalage entre les attentes de l'Homme et ce que lui offre le monde.

"L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde"

C'est prendre conscience du caractère machinal de l'existence, et la certitude de l'absence de lendemains mythologiques. Prendre conscience de cet absurdité permet à Camus de devenir l'"Homme absurde", c'est à dire celui qui ne se suicide pas, parce que par la seule force de la pensée, la promesse de la mort devient une règle de vie. de cet absurde, Camus tire trois conséquences : sa révolte (voir l'Homme révolté"), sa passion, et son amour.
Il faut imaginer Sisyphe heureux, car, conscient de sa condition, il devient infiniment libre face au rocher. Lorsqu'il doute, qu'il songe au suicide, il laisse le rocher prendre le dessus.

Comme l'ouvrier de l'usine qui assemble les mêmes pièces, six jours par semaine, pour gagner l'argent nécessaire à vivre modestement, à partir une semaine en vacances, et attendre la mort dans la promesse d'une vie plus belle que cette insupportable succession de journées absurdes, Sisyphe réalise une tâche vaine, cette fois sans promesse. Mais prendre conscience de ce fait lui donne l'ascendant sur son rocher. Alors il vit, absurde et révolté et il faut l'imaginer heureux. Heureux parce que son destin lui appartient et fait taire toutes les idoles. Faute de destinée supérieure, Sisyphe est maître de son destin. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un coeur d'Homme.

Parfois présenté comme un essai des plus pessimistes, cette oeuvre m'apparaît comme un formidable élan d'optimisme. Comme le dit Camus, il faut savoir abandonner tout espoir, mais cela n'a rien à voir avec le désespoir. Créer sans promesse du lendemain, aimer passionnément, se révolter sans violence, voilà les conséquences directes de la conscience absurde. Là ou l'analyse Camusienne de l'absurde me paraît la plus juste, est dans la certitude que l'Homme d'un côté, le monde de l'autre ne sont intrinsèquement absurdes. L'absurde naît proprement de leur antinomie.

"A partir du moment où elle est reconnue, l'absurdité est une passion, la plus déchirante de toutes."

Une oeuvre à recommander à ceux qui, emplis de doutes, veulent pousser les murs de l'existence et trouver un équilibre philosophique du bonheur, à tous les amoureux des choses de la vie.

Ce n'est pas un livre facile, et je recommande de commencer par un roman comme la Peste ou l'étranger pour aborder Camus. Mais avec l'Etat de Siège*, il constitue pour moi l'une des oeuvres les plus formidables du siècle. L*'Etranger*, comme le dit justement Sartre, nous donne le sentiment de l'absurde, alors que la présente oeuvre l'étudie avec une rigueur remarquable.
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Un essai magistral
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« le mythe de Sisyphe » offre une clé philosophique pour décrypter toute l'oeuvre d'Albert Camus.
L'écrivain y dévoile ainsi sa conception de la vie, qui rejoint pour moi grandement l'existentialisme qu'exprime Sartre dans « La nausée » avec cette idée centrale, que devant l'absurdité du monde, plutôt que de se réfugier dans les dogmes religieux ou philosophiques, l'homme doit accepter cette absurdité, la vivre pleinement et se réaliser dans un travail de création.
Une oeuvre intéressante donc mais que j'ai trouvée moins personnelle et touchante que « La nausée ».
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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