Humour, humour quand tu nous tiens…
Eh oui l'humour nous est aussi indispensable que l'air que nous respirons, le pain que nous mangeons ou les personnes que nous aimons. Comment en effet supporter les difficultés de l'existence, les mille et un ennuis (faites le compte) qui nous assaillent continuellement, les blessures d'amour-propre (celles que l'on donne et celles que l'on reçoit), les petites lâchetés et les grandes vacheries, comment supporter tout ça sans ce petit décalage, ce petit regard de travers qui nous fait considérer la vie sous un autre angle, ce pinceau qui vient badigeonner de couleurs pimpantes notre grisaille quotidienne. Si c'est l'humour qui flotte dans l'air à la ronde, aspirons-le à larges bouffées : consommons-le sans modération. D'autant plus que la pénurie n'est pas encore à l'ordre du jour : depuis Adam et Eve, et même avant (Dieu est pour certains le plus grand farceur de tous les temps), il s'est trouvé des hommes et des femmes pour faire sourire ou rire leurs contemporains. Certains sont devenus des références en la matière, l'ouvrage que voici est là pour le prouver.
L'anthologie que voici n'est pas exhaustive, loin de là, mais elle propose un tableau asses complet de l'humour français tel qu'il s'est pratiqué du XIXème siècle à nos jours (enfin pas tout à fait, puisque ce recueil date de 1970, mais il est vrai que depuis cette date, ce n'est plus tout-à-fait le même humour) : on y trouve des contes, des nouvelles, des aphorismes, des pensées, des saynètes, des poèmes, des sketches, enfin toutes les formes d'humour écrit, parfois dit ou joué, qui nous rendent la vie plus supportable. Classés par ordre alphabétique d'
Alphonse Allais à Willy, en passant par tous les grands classiques du genre, et d'autres moins connus, c'est au total cinquante auteurs (deux cents textes) qui vous accueillent, ils vous proposent un voyage au pays du rire, du plus rose au plus noir.
A titre d'exemple, voici un sonnet de
Charles Monselet, auteur dont la notoriété est plus que relative, mais qui nous laissé ce poème… hum… charcutier :
LE COCHON
Car tout est bon en toi, chair, graisse, muscle, tripe !
On t'aime galantine, on t'adore boudin.
Ton pied, dont une sainte a consacré le type,
Empruntant son arôme au sol périgourdin,
Eût réconcilié Socrate avec Xanthippe,
Ton filet, qu'embellit le cornichon badin,
Forme le déjeuner de l'humble citadin ;
Et tu passes avant l'oie au frère Philippe.
Mérites précieux et de tous reconnus !
Morceaux marqués d'avance, innombrables, charnus ;
Philosophe indolent, qui mange et que l'on mange !
Comme dans notre orgueil, nous sommes bien venus
A vouloir, n'est-ce pas, te reprocher ta fange ?
Adorable cochon, animal roi – cher ange !
(Pour les amateurs, la sainte en question est
Marie-Madeleine, qui a prêté son nom à une chanson paillarde – cochonne, disons le mot - « Pied de cochon marie madeleine »)
On trouve également dans ce recueil un florilège des pensées de Pierre Dac, telles que
« C'est quand un homme se noie qu'il se rend compte qu'il a parfois eu tord de méconnaître les bienfaits de la sécheresse » (pensée d'actualité qui concerne aussi bien les victimes des inondations et celles de la canicule)
« Pour la marche, le plus beau chapeau du monde ne vaut pas une bonne paire de chaussures »
« Quand on ne travaillera plus le lendemain des jours de repos, la fatigue sera vaincue »
Etc. etc.
Ce recueil fourmille de petites trouvailles amusantes, drôles, rigolotes qui vous feront au mieux sourire, au pire mourir… de rire !