Attention roman atypique! Je connaissais surtout Caradec (Oulipien de son état, Pataphyscien, biographe réputé et pilier des "Papous") par le fameux dictionnaire d'argot écrit à quatre mains avec
Jean Bernard Pouy, dans lequel je viens régulièrement puiser du vocabulaire coloré, et donc de l'humour et de l'humeur.
Je n'avais jamais eu l'occasion de lire une de ses romans et j'y ai retrouvé, tiens tiens, un peu de la truculence et de la verve de Pouy.
Tout commence lorsque le chien du propriétaire d'un bistrot Parisien déboule avec un doigt de femme dans la gueule. Pendant presqu'un an, le commissaire Pauquet va tenter de retrouver à la fois le cadavre et le meurtrier. Une enquête où il sera question de chien d'aveugle, d'Uruguay, d'histoire, de marché noir, de sectes et de ragots de comptoir, dans un Paris des années 50 où les plaies de la guerre ne sont pas encore cicatrisées. On y décèle également quelques bribes de la vie de l'auteur, disséminées au fil de l'intrigue.
Si le fil de l'histoire est par moments difficile à suivre, j'ai été assez séduit par ce roman qui fait la part belle à la langue verte, à l'humour, aux jeux de mots et aux contraintes en tous genres. On retrouve aussi ça et là, mais dans un tout autre style, le parler phonétique cher à
Queneau.
Plus pastiche que véritable policier, ce roman est avant tout un pur produit Oulipien. Calembours, contrepètries, allusions que l'on comprend ou pas, contraintes décelables ou non, il faut être prêt à se laisser embarquer pour vraiment apprécier cet univers. Un univers d'ailleurs assez élitiste où le lecteur n'a qu'à s'accrocher s'il veut parvenir au dénouement. Cependant, comme dans toutes les oeuvres made in
Oulipo, il est ici plus question de connivence avec le lecteur que de véritable dédain. Un jeu de lettres et de lettrés qui peut parfois lasser, et qui pour cette raison ne sera pas à mettre entre toutes les mains.