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EAN : 9782070163007
Gallimard (09/02/1959)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Ce roman se déroule de nos jours dans un petit village du Paraguay. Parmi les nombreux personnages, voici Ramon Fleitas, écrivain raté, obscur bâtard d'une indienne de la Cordillère, qui, malgré un mariage riche et les relations de son beau-père, ne réussit pas à échapper à la fatalité de sa race ; voici le père Rosales, robuste curé d'origine espagnole, qui finit par être terrassé lui aussi, victime de l'obscurantisme et des manœuvres sournoises d'une vieille fille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La littérature de certains pays nous est très difficilement accessible, même les principaux auteurs ou les "classiques" sont quasiment introuvables en bibliothèque. Ce n'est pas toujours pour des raisons de traduction puisque je vais vous parler ici d'un pays hispanophone... et vous reconnaitrez avec moi que l'espagnol ne manque pas de traducteurs en France. Certes, ce pays n'est clairement pas le plus grand de son continent, l'Amérique du Sud. Certes il y est enclavé, sans accès à l'Océan qu'il soit Atlantique ou Pacifique, ce qui a sans doute renforcé son isolement culturel. Si vous êtes férus de géographie, il ne vous reste normalement que deux possibilités. Si ce n'est la Bolivie, c'est donc le Paraguay.

Par la combinaison de plusieurs challenges Babelio, il m'est venu l'envie de m'intéresser à ce pays en particulier. Très vite, je suis tombé sur les livres de Roa Bastos et notamment Moi, le suprême, qui lui a valu le prix Cervantes, prix considéré comme le plus prestigieux en langue espagnole. Mais malgré cette renommée, impossible de me le procurer à ma bibliothèque, à part en version originale, et mon espagnol est bien trop pauvre pour me lancer dans ce genre d'aventures. Heureusement, il y a quelques avantages à avoir épousé une universitaire, et notamment l'accès privilégié à une bibliothèque bien mieux achalandée en littérature internationale.

Et là pour le coup, c'est le jackpot puisque j'ai même accès à des livres auxquels je n'aurais pas osé rêvé, notamment cette Limace de Gabriel Casaccia, précurseur de la littérature paraguayenne que Roa Bastos lui-même salue comme ayant eu le mérite de "lancer un genre dans un pays fictionnellement inconnu". Quelle meilleure introduction à cette littérature paraguayenne si inaccessible.

L'édition date de 1959 pour un livre sorti au Paraguay en 1951, ça sent le vieux livre, avec des pages inégalement coupés (et oui les livres sortaient à l'époque souvent non coupés, c'est le lecteur qui finissait le travail et c'était presque considéré comme un privilège de découvreur). On part pour l'aventure littéraire, la vraie, l'originelle. le style est plutôt classique, on ne recherche pas l'originalité maximale quand on lance une littérature nationale. Mais le projet reste d'ampleur, décrire la vie d'un petit village de la campagne paraguayenne, non loin de la capitale par la distance mais si éloigné dans les mentalités.

La narration est parfaite pour rendre l'atmosphère de ce village, sautant d'un habitant à l'autre, n'ayant finalement pas de personnage principal (alors que le personnage de l'auteur à la recherche de son premier roman semblait calibré pour le rôle). Car Casaccia veut se donner toute liberté pour pénétrer les pensées les plus profondes de chacune des grandes figures d'Aregua (village dont il se dit en avant-propos le fils spirituel).

Et le résultat est particulier puisque tout à la fois particulièrement juste et cru, sans aucune concession pour ces êtres pétris de contradictions, insatisfaits perpétuels de leur condition mais tout à la fois incapables d'en mener le changement, englué dans leurs petites habitudes, leurs guerres intestines, leurs inimitiés établies, leurs alliances régulièrement reniées. Et malgré ce portrait au vitriol, on sent aussi toute l'affection de l'auteur pour ses personnages, qu'il prend plus en pitié qu'il ne les juge. Les oppositions province-capitale, campagne-ville, paysans-bourgeois, guarani (langue locale)-espagnol traversent tout le récit et dressent ainsi un portrait cruel et touchant à la fois d'un pays totalement instable politiquement à l'époque et que la fragilité finira quelques années plus tard par faire tomber dans les bras du dictateur Alfredo Stroessner qui restera au pouvoir pendant plus de 30 ans.

Pour finir, vous me direz sans doute "et le rapport de tout cela avec la limace ?"... Je vous laisse découvrir qui est cette limace du titre par vous-même... il ne vous reste qu'à épouser un(e) universitaire pour avoir accès à l'information, rien d'insurmontable vous en conviendrez.
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Dans ce roman, Gabriel Casaccia s'inspire du village Aregua, au bord du lac Ypacarai, dans lequel il a passé de fréquents séjours durant son enfance et son adolescence.
L'histoire se déroule dans un Aregua infernal, peuplé de personnages mesquins qui laissent libre cours à l'expression de leurs plus bas instincts, la limace étant le surnom que le curé bourru donne à Angela Gutierrez, vieille fille qui entretient avec sa soeur une féroce relation de haine. Mais la véritable cible de Gabriel Casaccia, comme dans son oeuvre Los exiliados, est le parvenu, le coygua, dont l'ascencion sociale ne peut faire oublier les origines paysannes. Ainsi, Ramon Fleitas, l'anti-héros masculin du roman, écrivain raté et aigri, est un individu vil et grossier que sa feme regrette d'avoir épousé.
Premier grand roman paraguayen contemporain, que certains jugeront antipatriotique, La limace combine une analyse psychologique impitoyable des personnages à une prose chirurgicale, et sert une satire dans laquelle le premier rôle est concédé aux anti-héros. Gabriel Casaccia situe volontairement la fin de son histoire en 1951, soit l'année même où il termine ce roman. La fusion entre le réel et la fiction sert l'autocritique explicite de la réalité paraguayenne, qui, à son tour, ouvre de nouvelles perspectives pour une prose jusque là dominée par l'image idéalisée du pays présentée par des écrivains nationalistes.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
- Il y a une grande différence entre un hypocrite et celui qui défend son foyer. Ce n'est pas de l'hypocrisie que de revêtir une autre personnalité pour les étrangers, d'ailleurs généralement indifférents à vos tracas, afin d'éviter qu'ils ne vous blessent par leurs imbécilités. Est-ce que pour sortir dans la rue nous ne mettons pas aussi un costume différent de celui que nous portons chez nous, dans l'intimité ? Mais... je perds mon temps à...
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Dans toutes les circonstances de la vie nous devrions agir ainsi. La vie même, nous devrions la jouer intégralement en une seule fois, et la gagner, ou la perdre, mais nous la vivons par petits bouts, peureusement, et à la fin, c'est à peine si l'on a vécu, et si l'on cesse de vivre. Il n'y a pas d'animal plus lâche que l'homme.
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Ramon s'était marié avec Adela, à cause de l'attrait qu'exerçaient sans doute son aspect gracile et la sensualité de ses grands yeux noirs (en réalité il s'était marié comme la plupart des gens, sans savoir du tout pourquoi).
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