La meilleure façon de marcher ?

: " La meilleure façon de marcher" est l'une des versions d'un conte très connu
qui fait en général le pied de nez aux commérages. Mais si rappelez-vous, jeunes lecteurs, celui-là même déja raconté et apprécié avec " Nassredine" d'Odile Weurlesse et Rebecca Dautremer chez Père Castor-Flammarion.

Les personnages ici ne seront pas nommés. Ça ne sera qu'un enfant et un vieil homme ( accompagné d'un âne, bien sûr). L'histoire partira sur un trio de départ: un.enfant, un adulte plus âgé et un âne.
L'aîné aura son idée pour parcourir le chemin mais il en changera. L'enfant sera intimidé par les regards et les reproches sur leur façon de cheminer avec un âne à chaque ville passée.

L'auteure Anna Castagnoli procédera différemment du " Nassredine" de Weulersse pour l'organisation de sa "randonnée" du conte. Les personnages ici ne reviendront pas sur le même lieu, pour se faire encore sermonner. Dans ce livre, ils voyageront de ville en ville et chacune aura hélas son mot à dire sur leur façon de voyager.
Rien n'ira.
Qu'ils voyagent à côté de leur âne, dessus à deux ou avec l'enfant seul tandis que l'adulte marche à côté, chacun pensera avoir le droit de critiquer à leur passage.
" Les chiens aboient, la caravane passe", l'expression prendra tout son sens.

Le conte sera bien rythmé, une ritournelle s'ajoutera après chaque mésaventure et annoncera également une nouvelle étape. Nous progresserons géographiquement mais pas dans la solution:
" ... chemin faisant
Par monts et par vaux
Un pied devant l'autre
Ils arrivèrent à la ville de... Languependue, de Grande-Grinche, de Guerrelasse, de Durcoeur et de Haute-Flemme.
Direction la ville de Bonvent et nous en aurons fini de ses blablas d'habitants qui se permettent mais ne s'abstiennent que peu.

Si l'album de Nassreredine offrait une fin et une morale claire, d'un père à son fils, ce titre là fera confiance au bon sens des jeunes lecteurs et les laissera se faire leur propre leçon de ce qui vient de se dérouler.
La scène finale, offrira sa dernière façon de marcher, sans écouter qui que soit à part eux-mêmes, donnant le pied de nez irrésistible attendu. Vous verrez.

Une version plus légère et infiniment plus colorée rendue par l'illustratrice Gaia Stella avec son graphique en aplats et ses formes en tampon à la manière rétro de Nathalie Parrain du Père Castor.

Un vieil homme et un tout jeune garçon s'en vont avec leur âne vers la ville de Bonvent . « Chemin faisant par monts et par vaux un pied devant l'autre », ils traversent plusieurs villes aux noms drôlement évocateurs : Languependue, Guerrelasse, Durcoeur Haute-flemme etc. À chaque étape, les habitants y vont de leurs petits commentaires quant à la façon de marcher de notre joyeux mais dubitatif trio. Aussi, ces derniers se laissent influencer par les critiques des habitants jusqu'à adopter des comportements complètement absurdes…
Alors, quelle est la meilleure façon de marcher ?
Les illustrations graphiques, colorées et foisonnantes, quant à elles ajoutent au caractère loufoque de l'histoire qui n'est pas sans rappeler la fable De La Fontaine, « Le meunier, son fils et l'âne" dont la morale est la suivante :
« Quant à vous, suivez Mars, ou l'Amour, ou le Prince ;
Allez, venez, courez ; demeurez en province ;
Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement :
Les gens en parleront, n'en doutez nullement. » et dont l'autrice s'est probablement inspirée.
Un album bourré d'humour où les allures de ritournelle et autres jeux de mots confinent à l'absurde* pour la meilleure des réflexions : Quels que soient les choix que nous fassions, il y aura toujours quelqu'un pour nous juger.  Un album qui aborde également de manière humoristique voire philosophique les questions de tolérance et de choix tout en pointant du doigt les contempteurs toujours prompts à critiquer et que l'on aurait bien envie d'envoyer balader à « Bonvent ». Une chose est certaine, il faudrait encore pouvoir se parler pour se comprendre, chose que personne ne fait dans cet album…
*On notera l'ironie et le clin d'oeil contenus dans la récurrence de la phrase prononcée par les habitants de chacun des villages traversés : « J'aurais préféré ne pas » qui rappelle sans conteste le scribe Bartelby, dans la nouvelle de Melville, qui répète sans cesse quant à lui, le violemment comique « je préférerais ne pas » et interroge par là-même les limites du langage.

Un vieil homme, un petit garçon et un âne font route à pied jusqu'à Bonvent. « Chemin faisant par monts et par vaux », ils traversent plusieurs communes aux noms suggestifs : Languependue, Grande-Guinche, Guerrelasse, Durcoeur et Haute-flemme. À chaque passage du trio, chacun y va de son commentaire à propos de leur façon de marcher… ça jase, ça grommelle, ça soupire, ça ricane, ça jauge. Les remarques des habitants, différentes d'une ville à l'autre, influencent le comportement de nos voyageurs. Se sentant mal à l'aise, honteux même, à l'écoute de ces observations et face à ces regards pleins de reproches, ils vont dans leur sens, jusqu'à l'absurdité. Ainsi, tour à tour l'enfant monte l'âne tiré par le vieil homme, le petit garçon et le vieillard chapeautés s'assoient sur l'âne, l'homme et l'enfant portent l'animal, chacun marche séparément, et enfin l'âne porte l'homme qui porte l'enfant…

Avec une bonne dose d'humour et un sens de l'absurde, le texte se déroule répétitif malicieux et ingénieux au milieu d'illustrations graphiques drôles et lumineuses à souhait.

Inspiré d'un conte traditionnel – repris par Jean de la Fontaine dans sa fable le meunier, son fils et l'âne -, cet album évoque habilement la rumeur, le jugement, le regard de l' autre, le phénomène de masse, et entraîne ainsi chez le lecteur une réflexion philosophique sur le libre-arbitre, la tolérance, la différence et l'esprit critique.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..

Lorsque j'ai ouvert ce bel album et commencé à tourner les pages l'histoire m'a semblé familière et pour cause notre Molière a été dans le coup avec sa fable le meunier, son fils et l'âne.
Nous suivons donc un vieil homme accompagné par un jeune garçon et un âne, il font route vers Bonvent traversant de nombreuses villes au nom évocateur comme Languependue ou Guerrelasse. Évidemment à leur passage chacun a son mot à dire sur leur façon de procéder, ainsi les reproches visent tout d'abord le vieil homme assis sur l'âne qui laisse un si jeune garçon marcher si longtemps, puis vînt celui de blâmer le garçon parce qu'il fait marcher le vieil homme alors que lui même est bien installé sur l'âne,... Dans chaque ville les remarques modifient leur conduite et c'est avec humour que les auteures nous démontrent l'influence des autres sur notre comportement.

Le jugement des autres est mis en avant, nous suivons avec délice l'entrée de ce trio dans ces villes au nom amusant qui annonce la suite de l'aventure. Une bonne critique et une réflexion sur la tolérance.
Lien : http://stemilou.over-blog.co..