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4,29

sur 1718 notes
Céline… les uns me disaient « non » les autres « oui ». Je comprends désormais ces avis partagés. Quel style éblouissant ! Mais que c'est noir et cru et violent. du coup je vais attaquer "Voyage au bout de la nuit", qui précède celui-ci. Mais "Mort à Crédit" raconterait l'enfance du personnage du précédent. En bon autodidacte, j'ai attaqué impulsivement et je me suis planté. Enfin peut-être que non finalement.
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" Qu'est-ce que vous vous voulez savoir ?... Ma jeunesse ? Mais ça n'intéresse personne... ça a si peu d'importance. Ce n'est rien, ma jeunesse, ça n'existe plus... Vous feriez mieux de demander à d'autres... ça leur ferait plaisir de parler d'eux... Ils ont une carrière à faire, ils y croient... l'Académie... Moi, aujourd'hui on ne m'aime pas... Et puis c'est triste, ma jeunesse... Vos lecteurs, ils veulent des choses gaies, le monde est bien assez moche comme ça... Alors, inventez, c'est pas moi qui vous contredirai... "
(Entretien avec Claude Bonnefoy, 1961).

Louis Ferdinand Céline était un salaud qui se savait salaud et en rajoutait une couche.
Mais il a d'abord laissé cet incipit de « Mort à crédit » :
« Nous voici encore seuls. Tout cela est si lent, si lourd, si triste… Bientôt je serai vieux. Et ce sera enfin fini. Il est venu tant de monde dans ma chambre. Ils ont dit des choses. Ils ne m'ont pas dit grand-chose. Ils sont partis. Ils sont devenus vieux, misérables et lents chacun dans un coin du monde.
Hier à huit heures Madame Bérange, la concierge, est morte. Une grande tempête s'élève de la nuit. Tout en haut, où nous sommes, la maison tremble. C'était une douce et gentille fidèle amie. Demain on l'enterre rue des Saules. Elle était vraiment vieille, tout au bout de la vieillesse. Je lui ai dit dès le premier jour quand elle a toussé : « Ne vous allongez pas, surtout !… Restez assise dans votre lit ! » Je me méfiais. Et puis voilà… Et puis tant pis.
Je n'ai pas toujours pratiqué la médecine, cette merde. Je vais leur écrire qu'elle est morte Madame Bérange à ceux qui l'ont connue. Où sont-ils ? »
Une histoire ? : Oui, oui, il y a une histoire. Souvenirs d'enfance et de jeunesse dans un délire fiévreux. « Alors, j'ai bien vu revenir les mille et mille petits canots au-dessus de la rive gauche…ils avaient chacun dedans un petit mort ratatiné dessous sa voile... Et son histoire…ses petits mensonges pour prendre le vent. »
Et pourtant il y a l'oncle Édouard.
Des Personnages ? : À foison, ça en pleut dans tous les coins, décrits, faut voir … ! Des secondaires et des principaux, mélangés. le Ferdinand, bien sûr, celui qui nous parle .Des Ratés et inadaptés, émouvants, tragiques autant que ridicules ; figures géniales : enfin… ce ne sont pas les personnages mais la façon de les décrire. Des « tètes » à la « frères Joël et Ethan Coen » mais en moins caricaturales, plus tragiques, plus agitées, plus…
Mais tendresse aussi de Céline pour ses personnages. La grand-mère Caroline qui meurt: « elle a voulu me dire quelque chose,……travaille bien mon petit Ferdinand, qu'elle a chuchoté…j'avais pas peur d'elle. On se comprenait au fond des choses. Apres tout, c'est vrai, en somme, j'ai bien travaillé…ça regarde personne »
Et il y a l'oncle Edouard et son tricycle mono cylindre
Un style ? : La « fameuse musique » de Céline. Descriptions collectives hallucinées. L'argot y devient
une création littéraire musicale et lyrique, qui passe outre toutes les règles grammaticales.
Et le correcteur orthographique de « Word » ne veut pas !!!
Les points d'exclamations scandent les fureurs et des horreurs.
Et pourtant, il y a l'oncle Edouard qui est toujours là quand il faut.

Pour quelles raisons pourrait-on ne pas aimer ce livre ?
Pour les mêmes raisons qu'il peut nous époustoufler.
C'est du genre bavard bien sûr, parce que même dans les descriptions, on entend le Ferdinand qui parle.
Essayez, vous verrez. Si vous « ne rentrez pas dedans » ce n'est pas grave.
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J'avais adoré Voyage au bout de la nuit, livre lu il y a presque 10 ans. Mort à crédit trônait dans ma bibliothèque depuis ce moment. Commencé plusieurs fois sans grand entrain je me suis dit qu'il était temps de le lire en entier.
J'ai mis du temps à m'adapter au style et à la syntaxe. On passe souvent du coq à l'âne. Mais une fois dans le récit on s'y fait et la lecture devient plaisir.
Si vous avez aimé le Voyage il est fort probable que vous aimerez la Mort si vous vous donnez la peine de le lire.
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Le narrateur évoque ses jeunes années. L'auteur cherche sa voie, tout au long de son périple ,et raconte des situations extravagantes, ubuesques parfois, empreintes de théatralité, sur fond de misère humaine. Grande richesse de mots et de savoureuses métaphores.

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« Elle [ma mère] a tout fait pour que je vive, c'est naître qu'il aurait pas fallu »

« Mort à crédit » : Roman de l'enfance de Ferdinand Bardamu - l'alter ego de Céline que le lecteur a rencontré au préalable dans « Voyage au bout de la nuit ». Une enfance placée sous le signe de la culpabilité. Ferdinand enchaînera les échecs au point de causer, malgré-lui, la ruine de ses parents. Au-delà de ces figures parentales dysfonctionnelles, toutes les rencontres avec le monde des adultes que la vie placera sur sa route apporteront son lot de désillusions. Seul l'oncle Édouard, figure adulte pondérée, apportera un minimum de réconfort au jeune garçon. Ses interventions, bien que sporadiques, se révéleront à chaque fois décisives dans la vie de Ferdinand.

Dans ce second livre, Céline libère sa prose, tord la langue, use d'un langage argotique, particulièrement ordurier. Un goût certain pour la pourriture dans des descriptions qui inondent le lecteur jusqu'à la nausée. Cette dernière est d'ailleurs le thème récurrent du livre. C'est suite à un malaise et une fièvre délirante, que nous revivons l'enfance de Bardamu dans un immense flash-back. À bien des égards, la prose célinienne dérange, elle met en lumière les vices humains. On oscille entre la trivialité qui éructe au fil des pages et une certaine poésie surannée, des aphorismes à la portée universelle et définitive. Comme deux roses sur un tas de fumier qui n'attendent que le lecteur pour être cueillies.

Quand on prend du recul sur ces pages, on est saisi par la vision de ce texte criblé de points de suspension. Comme si Céline lui faisait subir la même trépanation dont il a prétendu avoir lui-même été l'objet. Avec pour résultat un rythme, un phrasé unique.
On comprend alors aisément la fascination qu'il a pu exercer sur le dialoguiste Michel Audiard. Tout le cinéma français d'après-guerre des Gabin, Blier, Ventura... c'est la langue de Céline qu'il récite. le parlé de la rue… le langage de la vie…
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Céline avait bien dit qu'il cherchait, par son style, à parler à l'oreille du lecteur. Or, la narration dans Mort à Crédit est l'évidence que cet effet recherché a été bien réussi, surtout vers la fin du bouquin lorsqu'on a bien apprivoisé ce style narratif, et que l'usage d'argot particulier à Céline n'est plus une nouveauté. La lecture s'ensuit dès lors très facilement, je me suis surpris à voir combien des pages j'avais passé sans que je m'en aperçoive.

L'abondance des points de suspension également... Céline qui alterne entre les dialogues et la narration au milieu d'un paragraphe sans en faire aucun cas... ça ajoute du dynamisme certainement, ou bien quelque chose dans ce genre. Ça rend léger la lecture.

J'ai trouvé la lecture très jouissive au niveau du style, par contre le côté un peu désabusé de Voyage au bout de la nuit a fait défaut dans ce tome. Les nombreux passages sur l'inutilité de la vie, la nature humaines et tant d'autres ne sont presque pas présentes, on reste sur sa faim. L'honnêteté un peu brutale par laquelle il raconte ses parents par contre m'a bcp parlé, j'ai tout de suite vu ma petite maman dans le personnage de la mère, les défauts du père et la relation conflictuelle du couple parental furent très touchants à lire, malgré le cynisme ambiant qui règne au long des chapitres.

Le voyage en Angleterre aussi m'a fait de quoi, les descriptions du merrywin collège et de la nature un peu brutale du lieu a aidé à cémenter une atmosphère un peu grisâtre très "britannique" qui a perduré le long de ce chapitre pour moi. Ça m'a plu aussi de voir le thème de l'expérimentation sexuelle entre garçons abordés si librement par l'auteur.
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C'est très long, l'histoire est très ennuyeuse. Il ne se passe, à vrai dire, rien. On a une situation initiale et une situation finale mais les autres etapes sont inexistantes. C'est un récit sur la vie banale d'un enfant / jeune adulte.
La prose est en plus beaucoup moins intéressante que dans le Voyage. Certains passages restent très beaux, bien écrits mais l'ensemble reste à mon goût moyen.

Le seul avantage du livre demeure dans son unité. C'est un bloc monolithique, tout se suit à merveille et on croit faire partie de l'histoire qui est racontée. Dommage que ladite histoire soit ennuyeuse.
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Mort à crédit est un récit plus brut et dépouillé que le Voyage. Céline affirme son style et assume pleinement sa description la plus crue d'un monde qui ne mérite pas qu'on cache sa laideur. Face au Paris romancé dont on peut garder l'image aujourd'hui, Céline décrit un monde dont il n'y a plus rien à regretter.
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Une bouffée de génie. Lu après avoir écouté la Grande Traversée de France Inter sur Céline. Je comprends ce que Sollers dit quand il explique que l'on ne peut plus tout à fait écrire pareil après Céline. Il renverse la table avec son style direct et son oeil qui transperce. Il dit qu'il écrit légèrement à côté mais tout en maîtrise. Il n'écrit pas le mot ou la phrase attendu. Il écrit celle qui sort des tripes, celle qui surprend et emporte. Certains passages sont absolument sublimes. Une scène d'amour au début. La mort de la Grand Mère. Les ballades avec Courtiales. Il est souvent terriblement drôle et en même temps ils nous impose une plongée dans les turpitudes de l'homme. Les parents avec leur désespoir tellement minable, leur mentalité d'épicier soumis. Une cage de fer qui est aussi l'horizon dans lequel il a traversé l'enfance et l'adolescence. le séjour en Angleterre catastrophique et d'une beauté pure. Ces expériences de travail lamentables malgré le mal qu'il se donne. Les patrons fainéants, rêveurs, baratineur, mauvais. Les femmes courageuses, tristes, perverses.... Tout est saisi avec une force inouïe.
Il y a une petite allusion à l'antisémitisme, par son père. Dans ses envolées de colères, quand il s'époumonent à cracher sa tristesse et sa rage ils s'en prend aux juifs et aux francs-maçons. Mais on ne peut pas dire que ce soit un moment de gloire. le père est même surement le personnage le moins épargné. Il n'y a pas une trace de compassion pour lui. Il passe son temps à l'écouter érupter. de manière drôle d'ailleurs il d'écrit son état, ses tremblements, ses crachats, ses yeux révulsés, sa voix qui se perd, bien plus que ce qu'il raconte. Il a beaucoup plus d'amour pour sa mère dont la jambe qui boite et l'infini courage nous font souffrir comme il en a surement souffert. Son oncle, sa grand-mêre, Courtiale, même sa femme. Il fait passer de très belles choses sur leur humanité.
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Voilà mon roman préféré de Céline. Plus encore que "le Voyage", j'ai aimé très jeune ce récit drolatique et sans fard d'une enfance somme toute moyennement heureuse, ou moyennement malheureuse, que l'imagination seule de l'auteur érige en épopée.
Le grand art de Céline s'est révélé dans ce deuxième roman. Sa capacité à faire de chaque détail le point de départ possible pour une aventure rocambolesque est prodigieuse et signe la force d'un auteur définitivement à part dans notre littérature.
Avoir été capable après tant de prédécesseurs talentueux de renouveler l'art du roman de fond en comble fait de Céline l'un des écrivains les plus importants de notre littérature.
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