Je referme ce livre et me questionne : l'ai-je apprécié ? Cela est bien la première fois que j'ai une interrogation de cette nature. Alors pourquoi une telle question ?
Cet homme rendu célèbre par
Voyage au bout de la nuit est souvent défini par des adjectifs peu élogieux du fait de ses natures de pensées.
A la lecture de ce roman, l'histoire de Bardamu, soldat qui est contre la guerre, je me suis dit que l'auteur devait être un homme terriblement frustré et triste qui n'a pas dû réussir sa vie comme il l'aurait peut-être voulu, pour pouvoir attribuer de telles pensées noires, odieuses, indécentes à son personnage. Ce livre est négatif, les mots utilisés relèvent du mal être, de la tristesse, de la fatalité, de la noirceur de l'âme et sont omniprésents dans ce récit. Il n'est pas autobiographique mais donne l'impression qu'il ne s'agit non pas des pensées du personnage principal mais de celles de l'auteur. Ce personnage déteste l'Afrique, ses peuples, les USA, tient des propos odieux sur les femmes qu'il compare à des chiennes qui ne servent à rien. Il exècre les pauvres et les assimilent à des êtres vils, mauvais, vicieux, intéressés, sans humanité aucune ; bref : abjects, quand il décrit leur monde.
Je n'évoquerai pas
le style de l'auteur qui écrit comme il parle : c'est vulgaire, sale, écoeurant indécent. Il parait pourtant que c'est un style génial, novateur, que cet homme a su créer. Bien, je note.
Pour toutes ces raisons, je n'ai pas apprécié ce livre. L'auteur peut ne pas aimer les gens, les pays, les femmes mais ce qui ne me convient pas est la manière de l'exprimer et
le style employé.
J'ai lu ce livre sans enthousiasme aucun, j'ai dû poursuivre sur un livre plus léger, du moins pas aussi sinistre (et pourtant il s'agissait d'une affaires de meurtres), je ne l'ai pas apprécié pour cela. Mon âme était triste à chaque fois que je le refermai, il me fallait quelques instants pour revenir à ma réalité, à mon quotidien.
Et pourtant cette lecture si difficile pour moi m'a marquée. Il faut être capable pour un auteur, de faire en sorte que son lecteur se sente mal à l'aise, qu'il ait l'impression de tomber dans ce monde répugnant au milieu de ces êtres sales. J'ai senti les odeurs et eu parfois presque la nausée.
C'est un peu comme dans une machine à laver, ça tourne, ça tourne, et ce qui en sort ne sent pas le frais et le savon, mais est enduit et imprégné d'immondices et de puanteur.
Il faut donc être capable d'écrire divinement bien pour que le lecteur se sente choir dans cet univers. Mais j'ai du mal à dire que ce récit est bien écrit.
J'ai lu Mein Kampf ; les mots utilisés par Hitler sont aussi durs et tranchants quand il évoque les peuples qu'il haie, mais je n'ai pas eu cette même impression. Peut-être parce Céline a écrit un roman, et que l'on est à même de nous identifier, dans la vie de tous les jours, à un monsieur tout le monde plutôt qu'à un Hitler. Est-ce de là que proviendrait cette gêne ?
Je n'ai lu aucun espoir dans ce livre, rien qui ne célèbre la vie, ne serait-ce que parce qu'elle a le mérite d'exister.
Je finirai cette critique sans avoir donné de réponse à ma propre question. Je ne suis pas certaine de lire d'autres écrits de cet homme.