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4,08

sur 9872 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le choc des mots.
Dire que j'ai attendu si longtemps pour découvrir ce chef d'oeuvre... Une prose impertinente, vivante, réaliste, un langage cru, un cynisme cinglant, une vision très sombre de l'être humain. La première guerre mondiale, l'Afrique, l'Amérique, la banlieue parisienne, et partout la misère. Mon passage préféré reste le séjour à New York.
Il va me falloir un moment pour me remettre de cette lecture inoubliable et de nombreux romans pour me rappeler qu'il existe autre chose que douleur, vieillesse et mort.
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Quel incroyable livre!
Le parti pris d'associer le graphisme gras, trivial, sommaire et réaliste de Tardi avec la plume si particulière de Céline est une réussite. le dessin a été pour moi une courbe d'élan pour me noyer dans l'écriture oppressante et l'univers dantesque de la période de la guerre.

On aime ou pas Céline, on crie au génie ou à l'imposture mais il est indéniable que c'est une figure littéraire incontournable du 20ème siècle. Si aborder son oeuvre peut en freiner certains, cet étonnant volume est sans doute un moyen plus aisé.

J'ai pris le problème à bras le corps, et par petites touches de lecture. J'avoue même ne pas avoir encore ingurgité totalement le pudding mais mon impression est déjà faite.
C'est noir, morbide, lugubre.

Une adaptation graphique remarquable pour un texte intemporel.
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Je me fiche complètement de savoir si Louis-Ferdinand Céline était une ordure suprême, ou simplement un homme de son temps : c'est à dire quelqu'un aux opinions politiques très banales pour son époque, mais qui nous paraissent aujourd'hui infâmes, bien heureusement.


Ce qui m'intéresse, c'est la puissance de sa narration et le génie de son écriture. Ca, aucune idéologie ne pourra le lui enlever. Il me vient des envies de violence lorsque sont mis bien en vus sur les étals des libraires des auteur-es à l'écriture et l'univers aussi insipide que Musso, Levy ou Trierweiller pour ne taper que sur celles et ceux qui sont aujourd'hui le plus visible. Si Céline fait honte à une vision politique romancée de la France sous la seconde guerre mondiale, lui au moins, au contraire des trois que je viens de citer, ne fais pas honte à la littérature française. Mieux, il lui rend honneur.


Le cynisme radical qui suinte de tout l'ouvrage est aussi usant que la vie peut l'être ; il n'en demeure pas moins toujours assez juste, placé sur un ton à mi-chemin entre la fatalité de la pourriture - qui pour l'auteur semble inhérente à la condition humaine - et le désenchantement de celui qui espère que ses croyances s'avèreront fausses. Une galerie désabusée de personnages qui le sont tout autant, sans jamais tomber dans la facilité et le manichéisme ? Pour Céline, c'est possible.

Et un périple avec ça ! Un voyage un peu vain avec tous les cahots qu'il comporte, ça vous remplit une vie, ou une oeuvre littéraire majeure comme celle-ci. Et les palabres, les mesquineries qui émaillent ce parcours... on les retrouve encore, bien en forme, éclatantes de santé même. Ah, il a beau pourrir dans sa tombe le Louis-Ferdinand, force est de constater que sa vision noire de la vie - si prégnante qu'il en est tombé sous son emprise - son paradigme court toujours, bien peinard. La futilité, la vanité, s'embellissent au lieu de décrépir. Il en va de même pour les refuges à base de coït ou de narcotiques.

Tu étais peut-être un bel enfoiré, Louis-Ferdinand Céline, mais tu manques à la littérature française. Beaucoup.
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Voilà ça y est, c'est fait. J'ai sauté le pas, j'ai franchi le Rubicon.
J'ai lu Céline.
Pas la beuglante québecoise, l'autre. Louis-Ferdinand, le monstre (sacré ?), le génial révolutionnaire de la littérature française et/ou l'odieux personnage aux opinions nauséabondes (choisis ton camp camarade !)

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce voyage au bout de la nuit ne fut pas une promenade de santé. Ardu le voyage, long et agité, pénible parfois, épineux souvent, amoral et décapant toujours.
Si j'ai aimé ? ... Joker.
Il a déjà été dit tellement de choses brillantes sur cette oeuvre majeure que je ne me risquerai pas à la moindre expertise : je n'ai pas les compétences requises. Je vais prudemment me contenter de gribouiller en vrac quelques impressions de lecteur lambda, encore un peu remué par cette lecture éprouvante, pas franchement agréable mais clairement inoubliable. Je vais rester en surface, et croyez-moi la surface secoue déjà pas mal, je n'ose imaginer les profondeurs !

La forme d'abord, dense, puissante, audacieuse. Un style elliptique, très imagé, organique (voire carrément scatologique) qui semble s'appuyer largement sur le langage parlé au début du siècle dernier mais qui s'avère incroyablement plus riche et si savamment étudié qu'il a nécessité chez moi un certain temps d'adaptation.
Céline innove, Céline divague, Céline triture la langue, Céline scandalise, Céline explore l'insignifiance de l'existence ("la meilleure des choses à faire quand on est dans ce monde, c'est d'en sortir") et la vacuité de l'Homme comme on dissèque un cadavre en putréfaction, et ce faisant nous donne à voir toute l'étendue de son obscure folie...
Au terme d'une lecture exigeante, et même si je ne peux que m'incliner devant la qualité intrinsèque du texte, je suis bien forcé d'admettre que ce voyage picaresque ne m'aura pas transporté de plaisir. Les descriptions sont fortes, les démons qui dévorent Bardamu sont coriaces, les dialogues sont crus et pleins de hargne : bref, il n'est pas toujours facile de se faire bousculer de la sorte ! Pas évident de rester concentré sur plus de 500 pages sur telle tournure de phrase un peu alambiquée ou telle image vaguement sibylline (pas forcément intelligible pour les trentenaires incultes dans mon genre !), sans être parfois tenté de lâcher prise, un peu.

Quant au fond, vous l'aurez deviné, c'est un fond brumeux, poisseux, lugubre. Noir uniforme. Bardamu vogue du début à la fin dans la plus complète morosité. Traumatisé par la guerre de 14 qui aura dissipé ses dernières illusions et anéanti le peu de crédit qu'il accordait encore à ses pairs ("Je ne croirai plus jamais à ce qu'ils disent, à ce qu'ils pensent. C'est des hommes et d'eux seulement qu'il faut avoir peur, toujours"), il va entreprendre un voyage aux airs de grande fuite en avant.
Bardamu passera ainsi par l'Afrique et les Etats-Unis avant de revenir comme un papillon de nuit s'échouer en région parisienne, rattrapé partout par ses vices, ses lâchetés et ses mensonges. Trois échappées, trois continents, une même désespérance.
Certains extraits sont réellement dévastateurs, mais le fait qu'aucune étincelle d'espoir ne scintille jamais finit quelque peu par émousser la force du propos. Quand le lecteur s'accoutume à la misère, à l'amertume ambiante, quand le désespoir se fait monotone, quand aucun des personnages ne suscite plus la moindre empathie, l'envie de s'aérer l'esprit avec une lecture plus légère peut se faire pressante !

Que retenir de tout ça ? Serait-ce donc ça la vie, "un bout de lumière qui finit dans la nuit", "un chemin de rien du tout", un mirage indécent pour l'homme, cet "enclos de tripes tièdes et mal pourries" ?
Rien n'est moins sûr.
Ce qui est sûr en revanche, c'est que Céline a amorcé dans ce voyage au long cours une véritable révolution esthétique et stylistique, qui éblouit autant qu'elle écoeure.
Point chez moi de célinolâtrie, donc, mais la satisfaction d'avoir découvert une plume unique en son genre et de mieux comprendre aujourd'hui les passions déchaînées par ce roman, qu'il est certainement possible de commenter et d'analyser à l'infini !
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S'il ne s'était agi de participer à la dernière « Mission impossible » de l'émission de radio Plus on est de fous, plus on lit !, qui quittera définitivement les ondes à la fin de ce mois de juin 2022, je ne sais pas si je serais allée à la rencontre de Céline et de son Voyage au bout de la nuit, et même si, l'ayant entrepris, j'aurais su persévérer, tant l'envie a été forte de le lâcher, particulièrement au début.  C'est un roman exigeant à plus d'un égard.  Un problème moral se pose d'emblée, dans l'antisémitisme reconnu de Céline, plaçant à l'avant-plan la question de départager l'oeuvre de son auteur.  le roman en lui-même requiert une concentration de tous les instants, du fait de sa forme orale très travaillée, le parlé se trouvant rendu dans l'écrit selon la technique du rendu émotif. Mais surtout, il y a Ferdinand Bardamu, cet antihéros picaresque insupportable de misogynie, de passivité, d'opportunisme, de racisme…, qui n'a de cesse de cracher son fiel à la face du monde, et qui fait le choix de la lâcheté comme mode de survie. Critique virulente de la guerre, absurde et cruelle, du colonialisme, du capitalisme, de la misère, de l'exploitation en somme de l'homme par l'homme, ce qui ressort dans ce premier roman qui force l'admiration, ce sont ces fulgurances tout à coup dans le texte, ces vérités existentielles qui montrent Bardamu plus empathique qu'il n'y paraît... Je ressors du roman avec l'impression d'avoir fait une véritable expérience de lecture, une rencontre confrontante qui me laisse soulagée cependant d'en avoir fini avec elle. 
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Comme d'autres avant moi, j'ai refusé pendant longtemps de lire ce livre. Et puis la curiosité a pris le dessus sur le mépris vis-à-vis de l'auteur. Et finalement bien m'en a pris, il faut donc savoir parfois prendre du recul... Car j'ai aimé ce roman, où "Céline" manie les mots et la langue parlée de façon inédite. En tout cas pour moi. Et merci à Nastasia-B, qui, par sa critique, m'a appris beaucoup.
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"Voyage au bout de la nuit" est une oeuvre picaresque désespérée d'allure autobiographique qui porte une vision nihiliste de la société humaine et un mépris démesuré envers l'ordre social établi. Ce dégoût du monde, s'intensifie tout au long du livre. Dans son errance physique et psychologique, Céline devient cynique car il prend conscience de l'absurdité du monde et de la misère que vit l'Homme du XXe siècle que ce soit en Europe, en Afrique ou en Amérique; cette détresse vient principalement de la guerre "cet abattoir international en folie", dit-il.
"Voyage au bout de la nuit" est un cri d'angoisse, et cette angoisse est contagieuse car elle est vraie. Céline vomit sa douleur à travers des mots francs et crus, et on est embarqué dans un voyage sombre.
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"Celui-ci n'est rien qu'un abominable bonhomme." Tel avait été, plus ou moins, le jugement porté sur Louis-Ferdinand Céline par mon ex, ce grand bien-pensant. Nous étions alors en 2011 et ce verdict sans appel a probablement été l'une des raisons pour lesquelles le Voyage au bout de la nuit n'était pas encore passé entre mes mains. Et puis, il y a quelques semaines, je l'ai trouvé dans une boîte à livres de mon quartier et hop ! c'est parti !
De l'auteur lui-même, je ne savais rien. La critique de Nastasia-B m'a instruite sur les causes de la controverse qui l'entoure. Autant vous dire que je suis bien embêtée au moment d'écrire mon évaluation. Qu'en ai-je pensé, au fond? Suis-je satisfaite ou non de cette lecture?
J'ai mis quatre étoiles, ce serait donc plutôt un oui. Oui, mais... J'ai eu du mal à accrocher, au cours des premiers chapitres. le roman fait énormément appel au langage parlé, un bon argot qui rend la lecture fastidieuse parfois, même si cela participe en même temps à rendre la narration plus naturelle. Sur Bardamu, ce grincheux désabusé, je n'émettrai pas de jugement. Je ne veux pas m'étendre dans la rédaction de cet avis car l'oeuvre est tellement complexe qu'on pourrait écrire à ce sujet des pages et des pages. La grandeur de ce roman, selon moi, c'est qu'il explore sans concession ce qu'il y a de plus noir, de plus détestable, de plus désolant dans la nature humaine. Finis les chichis, regardons-nous bien en face. Ah ça ! ce n'est certes pas beau à voir ! Mais c'est beau à lire sous la plume de Céline.
Et surtout, chapeau bas au personnage de la mère Henrouille, cette extraordinaire vieille sorcière. Et je n'arrêterai là.

Challenge XXème siècle 2022
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Difficile de critiquer ce monument de la littérature française qu'est Voyage au bout de la nuit. Si on laisse l'homme à part et ses convictions on découvre un génie de la littérature.

Criant de vérité, on est entraîné par Bardamu dans ce périple autour du monde : on y découvre la guerre, les colonies, l'Amérique, les banlieues...
Dans un style cynique, pessimiste et désespérant mais ô combien magnifique, je me suis délectée à sa lecture. Un langage populaire, argotique, truculent qui a entraîné une certaine ferveur. Un livre qui ne laisse pas indemne. A lire absolument.

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Comment résumer ce voyage, ce lent cheminement, cette quête vers l'inaccessible?
On dirait qu'il y a un an que je suis partie. Et ça fait à peine 20 jours. le chemin qui mène à destination est presque miné tellement je ne suis pas sûre, tellement je tergiverse sur le temps à y consacrer. Je parsème ma route de bandes dessinées, question de diminuer la tension, d'alléger mon atmosphère. C'est qu'il peut être glauque ce roman.

Est-ce une comédie tragique, une tragédie rigolote, vaut-il mieux rester dans les limbes, comment dire… tout pour la nuit. Il faut tout le temps songer à la nuit.
Parfois, dans certains passages de ce roman, j'ai l'impression d'assister à un vaudeville noir et blanc, où on se moque des femmes, des pauvres, des noirs, de tout le monde presque, même des riches blancs. Quelle triste sensation d'être témoin d'un spectacle, blanlochante d'incohérence, autant en Afrique, aux Etats-Unis que dans la banlieue parisienne, à Toulouse...
Ferdinand Bardamu est-il né entouré de noirceur ou celle-ci l'a-t-elle atteint dans une partie de sa vie, et si oui, laquelle? La Grande Guerre est sûrement en partie responsable mais quelqu'un peut toujours s'entourer de lumière par la suite. Ce n'est malheureusement pas son cas. Bardamu régresse dans sa vie autant que la nuit l'envahit.
« À vingt ans, je n'avais déjà plus que du passé. »

J'ai lu ce roman dans le cadre d'une lecture commune et j'en suis bien heureuse. Malgré beaucoup d'appréhension, j'ai apprécié le portrait du colonialisme, de la pauvreté et de la misère fait par Céline. J'ai rarement lu un texte aussi peu censuré sur les faits vus de l'intérieur. Les phrases sont magistrales, Céline est un fin conteur, il fait naître le pire et le meilleur de l'histoire, tout en sachant se montrer vulnérable. Il lutte dans la vie à coup d'inertie. La syntaxe déjantée engendre une difficulté supplémentaire à la lecture mais, comme à l'obscurité, on s'y habitue.

Il est difficile de différencier Bardamu de Céline de Robinson. Mais au fait de tout ce qu'on sait sur lui, Céline est un mélange de tous ses personnages, des êtres qui magouillent pour la survie.
Ce livre est un miroir de la société, il offre un regard encyclopédique de cette époque française. Il présente également un réalisme qui rappelle les obsessions de Céline
« C'est plus difficile de renoncer à l'amour qu'à la vie. »
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