Cette très courte nouvelle dénonce l'absurdité de la guerre du Chaco qui a fait de nombreuses victimes, et dans quel but ? "D'hypothetiques champs de pétroles".
La forme narrative est originale puisque nous découvrons le journal intime d'un sous-officier bolivien. Ce dernier nous y narre leur dur labeur,et surtout la soif, cette soif qui tiraille les hommes jour et nuit. La métaphore du puits est original et pourrait être l'image de l'absurdité des hommes et de cette guerre qui est sans fond, image également de l'obstination butée des chefs etc.
J'avais déjà eu l'occasion de lire un récit sur cette même guerre mais du point de vue des Paraguayen, et ce qu'il en ressort des deux côtés est cette soif lancinante.
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D'abord un très bel objet livre, édité et imprimé par l'Atelier du Gué, dont il faut ouvrir les feuilles au coupe papier, car la lecture se mérite. Ensuite un texte court, intense, où tous les mots sont pesés, dans ce journal d'un militaire où le tragique le dispute à l'espoir.
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Mes hommes creusent, creusent, creusent l’atmosphère, la terre et la vie d’un mouvement lent et atone de gnomes.
Le jour s'abandonne au grand flamboiement par lequel le soleil se dilate dans une ultime fulguration cramoisie, et la nuit vient, obstinée de sommeil.
Je suis descendu au fond du puits. En s'enfonçant le corps a graduellement la sensation d'un contact presque solide. Hors de l'emprise du soleil on palpe une atmosphère différente, c'est l'air de la terre. Une grande fraîcheur m'environne lorsque je m'immerge dans l'obscurité et que je touche de mes pieds nus la terre moelleuse. Je me trouve environ à 18 mètres de fond. En levant la tête, je vois la perspective du tube noir qui se dresse au-dessus de moi et se termine à l'ouverture par laquelle coule à flots le lac de lumière de la surface.
Nous vivons, rachitiques, misérables et prématurément vieillis, les arbres avec plus de branches que de feuilles et les hommes avec plus de soif que de haine.