J'ai traversé ce livre comme un spectateur de vies glorieuses, de vies illustres, mais aussi de vies gâchées, de vies bafouées.
Je me suis senti comme un témoin de la lutte, de l'engagement politique, mais aussi de la trahison, de la chute.
J'ai lu ce roman comme un « tuto » : j'ai appris l'IRA, le Sinn Fein, le MI5.
J'ai tutoyé la franchise, la loyauté mais aussi la fourberie et le mensonge.
Je me suis senti combattant, fier, adulé mais traître aussi, haineux, amer, détestable.
De
retour à Killybegs, avec Tyrone Meehan, j'ai bu de la Guiness, c'est bon pour la tristesse.
Repentir trop pénible cependant, j'ai feint l'allégresse.
Ce livre englue, manipule, piège. Tu comprends mais tu n'acceptes pas. Traître malgré lui, retourné, brisé.
« Alors, j'ai renoncé à mourir. A vivre aussi. Je serais ailleurs, entre ciel et terre. Je les emmerdais tous ! Je n'en pouvais plus de cette guerre, de ces héros. J'étais fatigué, fatigué de combattre, de manifester, fatigué de prison, fatigué de clandestinité et de silence, fatigué des prières, fatigué de colère, de misère et de peur… »
Par instant, ce roman m'est apparu comme un reportage, une chronique, un rapport.
Il faut du talent pour y rajouter la fibre, celle qui t'émeut, qui fait passer les sentiments les plus subtils d'apathie, de compassion. Tu comprends l'engagement, l'appartenance.
Tu es quelqu'un, de quelque part, tu sens ton sang, ta caste, ta terre.
J'ai eu mal pour Meehan, mais aussi pour sa femme, son fils, son ami français (voir
Mon Traître).
« Oui Monsieur, je prierai pour tous les braves qui font leur devoir selon ce qu'ils ont compris de la vie. J'ai relu cette phrase, en prononçant chaque mot à voix haute. »
Moi aussi.