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L'Étrange Histoire de Peter Schlemihl est une sorte de conte philosophique de la période romantique allemande, pas tellement différent de ceux qui nous sont parvenus de la période des lumières française.

Adelbert von Chamisso, ou peut-être devrait-on dire Louis Charles Adélaïde de Chamissot de Boncourt, puisque c'est son véritable nom et qu'il cache à lui seul bon nombre des démons qui agitent l'auteur, infuse son récit d'éléments de sa propre biographie.

En effet, fils de l'aristocratie française, émigré dans sa jeunesse avec ses parents en Prusse pour cause de révolution française, le petit Louis se sent rejeté de partout. S'il décide de germaniser son prénom, c'est probablement pour se faire mieux accepter en sa terre d'accueil. (Tiens, un autre qui voulait en finir avec Eddy Bellegueule...)

Il n'en demeure pas moins que le destin du héros de ce conte, Peter Schlemihl, va lui aussi faire quelques expériences douloureuses au contact du monde.
D'abord de condition humble, fraîchement débarqué d'on ne sait quel port après on ne sait quel périple, Peter se rend, sur recommandation, chez un soi-disant ami, Thomas John, dont la fortune notoire et le renom permettront peut-être à Peter de dénicher une position un peu moins inconfortable.

C'est à peine si M. John fait attention à lui, mais, dans sa suite, Peter Schlemihl remarque un triste sire, tout de gris vêtu, fort discret mais qui semble posséder d'étranges pouvoirs magiques...

Peter comprend vite qu'il n'a pas sa place dans cette société et est près à s'en retourner quand justement, l'homme à la grise mine l'aborde et lui propose un bien étrange marché : la bourse de Fortunatus où l'on peut puiser sans limite en échange de... son ombre.

Peter hésite quelques instants, puis, passé la surprise première de la proposition, trouve l'offre acceptable au vu de sa piètre condition. le voila donc nanti d'une bourse remplie d'écus d'or et qui jamais ne se tarit, mais dépourvue de l'ombre qui lui tenait compagnie de toujours.

Ce détail, si anodin soit-il, ne manque pas de faire un effroyable effet sur toutes les personnes qu'il rencontre. Et l'argent qu'il distribue plus que de raison pour faire oublier ce détail ne résout rien à sa disgrâce.

Subissant fortunes et revers divers, Peter, pris pour un monarque dans une contrée reculée d'Allemagne, s'amourache d'une Mina en taisant son handicap par un savant arrangement de ses activités diurnes et nocturnes. Mais évidemment, rien ne saurait se passer comme il l'espérait. La trahison de l'ignoble Rascal cause une catastrophe et son mariage avec Mina semble menacé.

C'est alors que l'homme à la grise mine lui propose de lui rendre son ombre tout en gardant la bourse, mais en échange de... son âme ! Je vous laisse découvrir la suite et la fin de ce conte évidemment centré sur l'argent et la possession matérielle. Peut-on vendre son âme pour de l'argent ?
Quel va-t-être le modus vivendi de notre infortuné très fortuné ?

Bref, un bon petit conte, sans plus, à la forme d'écriture un peu datée, mais qui se lit sans déplaisir et qui nous interroge forcément un petit peu tout de même (sur la possession, sur l'acceptation de la différence, etc.) et qui nous livre une vision parfois aigre de l'humain, du moins c'est mon étrange avis, un parmi tant d'autres, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Un conte fantastique où l'on voit le jeune Peter Schlemihl, désargenté, succombé aux paroles d'un mysterieux homme en costume gris doté de pouvoirs extraordinaires, qui lui propose une bourse de pièces d'or s'il lui cède son ombre. Un marché avec le diable....
Ce marché improbable accepté, le jeune Peter va faire la cruelle expérience de la différence qui va le mettre peu à peu au ban de la société, car sans ombre, il est considéré comme un pestiféré.
Au terme d'une autre aventure fanstastique il parviendra à trouver une certain apaisement et une reconciliation avec le monde.

Un peu à la manière de Christo qui fait disparaître les monuments pour leur redonner une présence dans leur absence visuelle, Adelbert von Chamisso fait disparaître l'ombre de son héros malheureux pour lui en rappeler toute l'importance et la valeur inestimable, qui, lui faisant défaut désormais, va l'exclure du monde, le privant de tout lien social.
J'ai beaucoup aimé la forme qu'Adelbert von Chamisso a choisi pour nous conter ce destin fantastique, une longue lettre confession de Peter à son ami Aldebert.
L'Etrange histoire de Peter Schlemihl est une incursion dans le fantastique inhabituelle pour moi mais que j'ai trouvée très intéressante
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J'ai acheté ce Folio 2€ parce que le thème faustien en diable me plaisait. Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Ce conte procure une lecture agréable mais pas inoubliable non plus.

« L'étrange histoire de Peter Schlemihl » porte bien son titre. Etrange, l'histoire du personnage principal de ce court récit, l'est assurément. Au hasard d'une rencontre, Peter vend son ombre en échange de la richesse et, à partir de là, va connaître le malheur. le thème et la morale qui en découle sont des arguments connus et maintes fois traités dans la littérature. von Chamisso ne se démarque pas par l'originalité de son propos. En revanche, j'ai trouvé qu'il parvenait à donner une certaine atmosphère à son récit, une étrangeté permanente très agréable. L'écriture est fluide et très accessible mais sans grande personnalité.

J'ai bien aimé cette lecture. « L'étrange histoire de Peter Schlemihl » est un conte philosophique plaisant qui offre un court moment de lecture sympathique mais je pense que j'aurais tout oublié dans pas si longtemps.
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Peter Schlemihl est déjà un Héros halluciné. On le retrouve hébété sur la lande, sur des débris de rochers, face à une mer et un ciel qui se déchaînent. Quelle a été sa faute ? Il a négligé l'importance de son ombre en la donnant en échange d'une bourse inépuisable à un singulier personnage qui ressemble... au Diable. Il lui faudra dès lors fuir la lumière du jour, des nuits aux lunes trop vives. Il va connaître, malgré toutes ses richesses, le plus invraisemblable désespoir, miné par son secret, et finira même banni de la société des hommes.
Le Diable, lui, le harcèle, comme s'il était devenu l'ombre dont il est désormais le Maître, et lui propose, pour le délivrer, d'échanger celle-ci contre son âme, en l'invitant à signer de son sang un parchemin maudit. Mais, cette fois-ci, il saura lui résister, à l'instar d'un Saint Antoine dans le désert. Il consacrera alors le reste de son existence en voyageant loin des hommes grâce à des bottes extraordinaires, et étudiant la nature dont il rêve d'écrire le système. Une région cependant lui reste interdite et condamne son oeuvre à rester fragmentaire.
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Que vaut à un homme de gagner le monde et de perdre son âme, que vaut à un homme d'être riche, pis incapable de vivre aisément avec parce qu'il a perdu son ombre car un homme sans ombre n'en est pas un, il est pourchassé, lapidé...
Un joli conte!!!
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Un très joli petit roman-conte de l'écrivain Adelbert von Chamisso, auteur romantique allemand, né français. Comme dans le "Diable amoureux" de Cazotte, la lumière joue un grand rôle dans cette histoire, puisque le personnage de Peter Schlemihl , qui a vendu son âme au diable, ne peut paraître au soleil, sous peine d'être honni...
Derrière cette fable fantastique, qui n'hésite pas à l'occasion à chausser les bottes de sept lieues du merveilleux, la question posée est celle de l'être : enrichi par le diable, le héros peine à exister véritablement ; privé de son ombre, il devient ombre lui-même, car le soleil semble l'ignorer. Prématurément vieilli, Peter Schlemihl n'accède finalement à une forme d'existence que dans le dénuement et l'étude.
Ajoutons pour finir que le personnage porte un nom programmatique : schlemihl signifie en effet "le malchanceux, le guignard", en yiddish. Tout le roman sera une mise en fiction, parfois joyeuse, de ce patronyme malheureux - qui fournira également le sien à Raphaël Schlemihlovitch, l'anti-héros de la "Place de l'étoile", le premier roman de Patrick Modiano.
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Intéressante allégorie que celle de ce court roman. Si le pacte avec le diable repose habituellement sur la vente de l'âme, l'ombre cédée par Peter Schlemihl ne se confond pas avec celle-ci. Aussi fourbe qu'obséquieux, le Malin avance masqué. Il procède par étapes et minimise la portée de chaque transaction proposée. Une ombre, ça n'a l'air de rien. Et pourtant, elle revêt ici une signification particulière, comme le montre la réaction de rejet horrifiée partagée par tous ceux qui observent le héros au grand jour. J'ai dans l'idée que l'ombre, c'est l'estime des autres. Un regard évaluateur, qui s'attache à nous, et nous suit perpétuellement. Quand ce regard devient négatif, il semble incarner le diable, qui finit justement par se substituer à l'ombre du héros, pour lui proposer de racheter cette estime perdue… en l'estimant au prix de son âme, bien sûr. Mais un rachat authentique ne saurait se faire via un pacte ou une richesse diaboliques. Alors notre héros infortuné doit inventer une solution de fortune. La moralité est intéressante et nuancée, car elle montre que si le désir de réparation peut être infléchi vers un autre rêve de complétude, celui-ci est destiné à demeurer imparfait, la création restant l'ombre du créateur.

Ce dernier point invite à se pencher sur la biographie de Chamisso pour comprendre ce que cette histoire signifiait pour lui, tiraillé entre des cultures, doctrines et statuts sociaux qui s'excluaient mutuellement aux yeux des autres. Un entre-deux qui lui ferme bien des portes, mais le pousse à entrebâiller celle de la littérature fantastique, où Hoffmann s'engouffrera juste après lui.

Parmi les aspects négatifs, signalons que ce récit baigne dans un lacrymalisme romantique des plus grossiers. Une fois les péripéties lancées, il ne s'écoule pas deux pages sans que le héros et ses adjuvants ne fondent en larmes. On pourrait presque croire à une parodie. Mais ça ne me fera pas pleurer pour autant, car j'ai vendu mes propres larmes au diable en échange de vacances en Nouvelle-Hollande.
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Ce petit récit est comparé à " la métamorphose " de Kafka, il est vrai que nous pouvons y retrouver quelques similitudes mais avec une réussite moindre selon mon goût.
On pourrait aussi y voir une ressemblance avec le " mythe de Faust" puisque l'histoire tourne autour du personnage principal qui renie ses principes, ici il troc son ombre pour une bourse d'or inépuisable , mais finit par y renoncer pour ne pas y laisser son âme.
L'atmosphère est pesante par endroits et beaucoup de larmes sont versées.
Nouvelle sympathique mais qui ne se hisse pas au niveau de Kafka, cela n'est évidemment que mon opinion.
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Pacte avec le diable.
Ici, ce n'est pas son âme, mais son ombre que Peter Schlemihl cède à l'homme en gris (l'habit gris, dans la tradition populaire allemande, caractérise le diable) contre la bourse toujours remplie de Fortunatus.
Mais sans ombre, toute vie sociale se révèle impossible et il est condamné à vivre loin de la lumière pour cacher sa différence..
Ce petit récit fantastique, écrit en 1813, est certainement l'une des oeuvres narratives les plus singulière générée par le romantisme allemand.
Loin de nos lectures "coutumières" un conte fantastique bien écrit, au charme quelque peu désuet mais réellement distrayant.
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Ce petit conte philosophique sous forme de récit fantastique met en scène le thème du juif errant sous les traits du personnage Peter Schlemihl.Perdu,rejeté,pauvre ses souffrances sont nombreuses.Mais un jour un personnage lugubre lui propose de lui acheter son ombre contre la fortune éternelle,Peter accepte.Le pacte avec le diable sitôt signé,sa descente aux enfers va être bien plus terrible que ses petits problèmes d'avant cette maudite rencontre.En perdant son ombre il a perdu son humanité ce qui terrifie tout le monde;la relation avec les autres devient impossible.
Je ne vous raconte pas la suite mais une seule question importante se pose:peut-on vendre son âme au Diable et en assumer pleinement les conséquences? Merveilleux petit livre que je vous recommande.
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