Cependant, je peux donner un excellent conseil aux jeunes gens séduits et attirés par l'apparence d'une doctrine...
C'est de ne pas dogmatiser et de se laisser entraîner à produire sans cesse et toujours, à créer (quoique le mot soit ambitieux), sans s'inquiéter si ce qui coule de leur plume appartient à telle ou telle classification.
J'ai beaucoup écrit de contes, de nouvelles, sans savoir ce que je faisais : il a fallu nombre de cris répétés mille et mille fois pour m'apprendre que j'étais classé.
Tous ces mots à terminaison en isme, je les tiens en pitié comme des mots de transition; ils ne me semblent pas faire partie de la langue française, leur assonance me déplaît, ils riment tous ensemble et n'en ont pas plus de raison. On a été jusqu'à se servir du naturisme, des pédants philosophiques disent le possibilisme, les économistes emploient l'absentéisme, et il n'y a pas huit jours qu'un délicat a trouvé le mot inouïsme.
Les meilleurs livres, dit Pascal, sont ceux que chaque lecteur croit qu'il aurait pu faire.
Je prendrai un exemple dans la musique. Pourquoi Weber est-il compris de tout le monde ? Pourquoi le peuple du boulevard comprend-il Robin des Bois ? Parce que, indépendamment du charme puissant de certaines mélodies, l'harmonie est si naturelle, qu'il semble qu'elle ne peut être autre, et que chacun s'Imagine l'avoir trouvée.
Exemple : l'harmonie du chœur des chasseurs.
La plupart des critiques sont des catalogueurs, des embaumeurs, des empailleurs, rien de plus.