Un cadavre dans les douves... ou comment ne pas passer un week-end tranquille sur l'île d'Aix

En échangeant de nombreuses plaisanteries, ils passent alors dans les rues désertes du village, puis Léo demande à Juliette de les mener jusqu'à l'entrée du Fort de la Rade. Soudain plus graves, ils s'arrêtent devant le pont-levis et Léo entreprend de raconter à Juliette ce qu'il sait de cette fameuse nuit et de la macabre découverte.

Apparemment, la seule chose d'intéressante semble être ce brouillon de lettre. Mais c'était il y a soixante-quinze ans ! Et que penser de cette bagarre? Ce fameux Julien a dû en faire voir de toutes les couleurs à Tom pour qu'il lui saute dessus comme ça. Aucune blessure ne s'est refermée. En fait, jamais le passé n'a été aussi présent. Ils sont vraiment tombés au bon moment...On ne sait jamais ce qu'un mariage peut réserver comme surprise ! Et dire qu'il ne voulait pas venir...Maintenant, il s'agit d'être malin pour rester un peu plus et tenter d'y voir plus clair. Mais Lucas a déjà sa petite idée.

La lune s'est levée et il est très facile d'imaginer la scène, trop même. L'eau des douves est noire, des branches d'arbres et des bouts de ferraille dépassent de la vase par endroits. Comme si un corps reposait sur la boue, à demi recouvert par l'eau de mer. A jamais figé dans une immobilité grotesque. Dans un silence angoissant. Impénétrable. Irrésolu. Absurde et inquiétant.

Et pendant qu'ils martèlent la porte avec leurs poings, Léo, toujours assis sur une marche, réfléchit. Où Emile a-t-il pu aller? Un lieu de souvenirs, un lieu familier au baron...Au fond, c'était assez clair. Ils se sont trop précipités. Emile a été plus malin. S'ils pouvaient sortir maintenant...