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EAN : 9791021301603
621 pages
Editions la Bibliothèque Digitale (02/07/2012)
3.67/5   3 notes
Résumé :
3 Oeuvres de William ChapmanEcrivain et poète québécois (1850?1917)Ce livre numérique présente une collection de 3 oeuvres de William Chapman éditées en texte intégral. Une table des matières dynamique permet d'accéder directement aux différentes oeuvres.Liste des oeuvres:- 1904 - Les Aspirations- 1909 - Les Rayons du Nord- 1912 - Les Fleurs de Givre
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Le Carnaval

Malgré le vent d’hiver hurlant sur les toitures,
Malgré les tourbillons qui dérobent les cieux,
Les citadins, couverts de leurs chaudes fourrures,
Courent de toutes parts, follement anxieux ;
Et des squares, des quais, des trottoirs, des voitures,
Monte comme un concert de murmures joyeux.

La ville est dans l’attente, et la foule qui passe
A l’air tout à la fois rieur et solennel ;
La ville est dans l’attente, et le palais de glace,
Édifice inouï comme la tour Eiffel,
Profilant son sommet irisé dans l’espace,
Jette un rayonnement immense sur le ciel.

Car c’est demain que va commencer une fête
Qui durera huit jours, sans trêve et sans repos ;
Et Montréal se hâte, et, narguant la tempête,
Met la dernière main aux grands arcs triomphaux
Sous qui défileront, fiers et dressant la tête,
D’innombrables piétons déroulant des drapeaux.

Enfin l’astre joyeux du carnaval se lève…
Ô surprise ! la nuit a fait tomber le vent,
L’ouragan vient de fuir ainsi qu’un mauvais rêve ;
Le soleil boréal, dérobé si souvent,
Lance dans l’éther vif des flamboiements de glaive
Et plaque les clochers d’un reflet d’or mouvant.

Une procession d’équipages féeriques
Défile tout à coup pour donner le signal
Des divertissements bruyants et chimériques
Qui commencent avec le rayon matinal…
Alors des coups de feu, des bravos homériques
Acclament les hérauts d’armes du carnaval.

De tous côtés bientôt résonne la fanfare
Des trompettes mêlant leurs sonores frissons
Aux longs hennissements du cheval qui s’effare
Et qui piaffe parmi la neige et les glaçons ;
Et sur la condora rayonnant comme un phare
Se croisent des éclats de rire et des chansons.

De souples raquetteurs, chantant à gorge pleine,
Passent deux à deux, fiers comme des fantassins,
Portant des justaucorps, des ceintures de laine,
Des bonnets phrygiens, de légers mocassins :
En folle ribambelle ils volent vers la plaine,
Criblés par les éclairs de beaux yeux assassins.

Sur le flanc des coteaux et des montagnes russes,
Couchés sur leurs traîneaux aux lisses d’acier clair,
Poussant des cris perçants, de vrais cris de Borusses, ’
D’impétueux enfants fondent sans fin dans l’air,
Pendant que sur la glace, à l’éclat plein d’astuces,
L’âpre patineur glisse et fuit comme l’éclair.

Sur une tobogane, où chacun est à l’aise,
Emportés au galop d’un coursier tout fumant
Dont le harnais doré brille comme la braise
Et jette sur la neige un vif miroitement,
De charmants tapageurs, chantant la Marseillaise,
Dans un blanc tourbillon passent à tout moment.

En gentils capuchons, des essaims de brunettes
Papillonnent partout comme de gais lutins :
À travers le bruit clair des grelots, des clochettes,
On entend leurs caquets et leurs rires mutins
Comme le gazouillis enivrant des fauvettes
Parmi les trémolos des ruisseaux argentins.

Maintenant regardez venir la mascarade…
C’est la confusion des langues qui revit,
Un pandémonium humain qui se ballade,
Grimace, chante, geint, court, danse, pleure et rit ;
C’est tout ce qu’un cerveau peut, serein ou malade,
Concevoir de plus propre à réjouir l’esprit.

C’est un vaste assemblage où prime l’antithèse,
Où le sans-gêne trône à côté du haut ton,
Où la fureur du loup devant l’agneau s’apaise ;
Là don Juan à la joue est baisé par Caton,
Et des marquis poudrés du temps de Louis seize
Bras dessus bras dessous marchent avec Danton.

Montréal est vibrant d’une ineffable joie.
L’étranger est ravi de l’éclat sans pareil
Que la ville enivrée en cet instant déploie.
Cependant l’heure fuit, et bientôt le soleil
Fermera sa paupière à l’horizon qu’il noie
Dans des flots d’ambre, d’or, de pourpre et de vermeil.

Et le jour a duré ce que dure la bulle
Que l’enfant gonfle et fait osciller sous ses doigts.
Déjà sur l’azur vif s’étend le crépuscule,
L’ombre voile déjà les dômes, les beffrois…
Et l’orient s’enflamme, et l’astre noctambule
Met des reflets d’acier sur le givre des toits.

Soudain une rougeur très vive à l’Ouest éclate…
Comme un vaste incendie elle embrase les cieux
Et baigne chaque toit d’un reflet écarlate.
Aussitôt des milliers de promeneurs fougueux,
Encombrant les trottoirs luisant comme l’agate,
S’élancent, en criant, vers le point lumineux.

Tous les yeux sont fixés sur le palais de glace.
Un déluge de jets pyrotechniques fond
Sur ses murs et ses tours durs comme une cuirasse.
En un fort de rubis le beau palais se fond,
Et, vomissant des flots d’étoiles dans l’espace,
Au feu des raquetteurs de tous côtés répond.

Une mitraille d’or grêle sur l’édifice ;
Une lave d’argent coule de ses lambris.
A-t-on jamais rêvé pareil feu d’artifice ?
Par instants on dirait qu’un essaim de péris,
Combattant des lutins au bord d’un précipice,
Lance sur eux des tas de perles et d’iris.

Hourra ! les raquetteurs ont pris la forteresse,
Et le dernier éclair des combattants s’éteint
Avec le dernier chant des passants pleins d’ivresse
Disparaissant déjà dans le neigeux lointain ;
Et la fête finit par des cris d’allégresse,
Pour renaître aussi belle aux rayons du matin.

p.229...235
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Il fait froid
Les blizzards soufflent, et nul rayon
Ne dore des forêts les blancheurs infinies;
Mais Noël sur nos seuils laissa comme un sillon
De clartés, de parfums, de paix et d’harmonies.

Et sur l’épais verglas des chemins boulineux,
Sur les trottoirs glissants et clairs comme l’agate,
Dans les logis obscurs, sous les toits lumineux,
L’allégresse loquace et tapageuse éclate.

En vain la neige à flots tombe des cieux brouillés,
En vain le grand réseau polaire nous enlace,
En vain le fouet du vent nous flagelle la face,
Nos cœurs ont la chaleur des bords ensoleillés.

Nos cœurs français n’ont rien des froideurs de la bise
Qui tord l’arbre souffrant et mort presque à moitié,
Et nous nous enivrons de la senteur exquise
Qu’épanche sur nos fronts l’arbre de l’Amitié.

Ce vif rayonnement de joie en tous sens brille
Et glisse jusqu’au gîte isolé du colon.
Aux tables des fricots le sel gaulois pétille,
Et tout un monde gigue au son du violon.

Les somptueux salons sont ruisselants de flammes,
Et sous le flamboiement des lustres de cristal,
Comme un écho divin, la musique du bal
Emporte en ses replis prestigieux les âmes.

Dans tout cercle du soir plus vive est la gaîté,
Pendant que sur les toits sanglote la rafale,
Ou qu’au ciel éclairci l’aurore boréale
Déroule les splendeurs de son voile enchantés.
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Le soleil a clos sa paupière
À l’horizon tout frangé d’or.
Déjà l’ombre crépusculaire
Estompe le lac qui s’endort.
Pas un lambeau de vent ne rase
Le tapis transparent des eaux,
Le flot indolent tout bas jase
Avec le sable et les roseaux.
Pas un cri ne rompt le silence
Qui plane sur l’immensité.
La tiède nuit de mai s’avance
Avec lenteur et majesté.

Tiré du recueil : Les fleurs de givre
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La tempête d’hiver fait rage. Il neige, il neige ;
Et le grand bois, tordu par le vent qui l’assiège,
D’instant en instant pousse un sourd rugissement.
Il est nuit. Pas un astre au fond du firmament
Ne rayonne. Il est nuit, et dans l’ombre les ormes
Et les bouleaux ont l’air de squelettes énormes
Que le bras effréné d’un géant secourait.
Le grand froid boréal fait craquer la forêt.
Partout la neige roule en tourbillons farouches,
Ensevelissant tout, roches, buissons et souches.

Tiré du recueil : Les aspirations
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Le tiède soir de mai descend sur le lac bleu,
D’où monte une vapeur diaphane et rosée.
L’étoile dans l’azur clair rallume son feu,
Et sur le dais du bois pensif choit la rosée.
Les arbres, inclinés, ont l’air de prier Dieu,
Et les petits oiseaux, sur la branche bercée,
Avant que de fermer leur paupière lassée,
Tout bas, de nid en nid, se sont fait leur adieu.

Tiré du recueil : Les fleurs de givre
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