Geais querelleurs encore
L'air qu'invisiblement, presque imperceptiblement on froisse, de l'autre côté de la haie ; venu le moment des cadeaux, on s'apprêterait, cachant mal son éclat, à dégager avec précaution quelque chose (rien moins que le jour) de son emballage encombrant quoique léger, qui se déchire, s'en va en lambeaux, poussé de côté.
Peut-être un couple de geais.
Leurs soudaines criailleries, tels des jurons, leur grossièreté, tandis qu'ils s'affairent ramènent sans ménagement aux tâches, aux préoccupations terre à terre.
Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
L'oiseau à tire d'aile
Taillant dans le vif à tire d'aile au plus étroit du défilé comme si, issue des ténèbres, une main donnait — mais dans le vide — de grands coups de ciseaux.
Le bel embrouillamini de cascades, de tourbillons, de remous, plis et replis, de gerbes d'écume qu'il traverse sans dévier !
Joindra-t-il une rive de la nuit à l'autre ? En tout cas sans mettre aucun ordre ni tracer de ligne de démarcation qui vaille. Pour l'avoir frôlée, ne noircira pas l'eau, messager de l'oubli.
Pierre CHAPUIS nous a quitté le 22 décembre 2020.
Ciel mouvant (encore), à l'envers, engrisaillé.
À glisser insensiblement, se dérouler, se
retrouver le même (encore et encore) à l'étroit
entre ses deux rives où, de l'une à l'autre, il
serait aisé, si aisé d'échanger quelque propos.
Mais quelle parole, même moindre, franchirait-
elle sans sombrer dans le profond mutisme,
l'obscurité de l'eau que ne trouble en rien, à la
surface, un léger froissement ?
À l'envers (nuages ou pierres), le lit de la
rivière lui-même entraîne le courant.
La bordure de l’ombre suivie de ce côté-ci où le froid a creusé ses ornières, d’un pas inégal comme qui craindrait de se prendre dans les franges. Presque à portée de la main, le soleil, de l’autre côté, vient ébouriffer la lisière.
Là où, lèvres desserrées, nulle voix...
Entre deux, dans la clairière, la terre à nu est comme de la lumière aux éclats étouffés, grumeleuse à force de sécheresse, infranchissable.
La Revue de Belles-Lettres & hommage à Pierre Chappuis
Avec David André, Manuel Cajal, Michel Collot, Sylviane Dupuis, Marion Graf, Martin Rueff & Jonathan Wenger
Lecture par Claude Motchidlover
Pour ses premiers entretiens de l'année 2024, la revue Po&sie accueille une revue consoeur, une belle aînée, La Revue de Belles Lettres, fondée en 1862. L'entretien portera sur les orientations et les temps forts de la revue. Nous évoquerons la figure et l'oeuvre de Pierre Chappuis (1930-2020) auquel Po&sie avait rendu hommage dans son numéro 177/178.
Avec Marion Graf, David André et Jonathan Wenger pour la RBL, Martin Rueff pour Po&sie et, pour rendre hommage à Pierre Chappuis, Manuel Cajal, Michel Collot et Sylviane Dupuis. L'acteur Claude Motchidlover lira des textes du poète.
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