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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
LES MANGEURS DE NUIT de MARIE CHARREL

A une période de l'histoire qui croise le destin des Canadiens à celui des Japonais, la rencontre de deux êtres captivants dans un roman sauvage, à l'écriture étincelante.

Lisez ce livre !

Devenez mangeurs de mots !

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Les Niséi (américains d'origine japonaise) et les Amérindiens que les blancs ont voulu apprivoiser sinon détruire, voici deux communautés blessées, humiliées, contraintes ... Au centre d'un roman magnifique qui vient raconter l'histoire de quelques uns de ces êtres torturés qui se sont battus pour leur liberté et leur honneur. Un portait très juste d'hommes et de femmes qui se rencontrent et tentent de soigner leurs plaies en se tendant la main. Seule récompense, seul remède, la nature à la fois folle et généreuse. Et le silence parfois bien plus éloquent que la plainte.
Bouleversant !
(Et si, comme moi, vous ne connaissiez pas cette page de l'histoire des relations Japon/US/Canada, c'est le moment ...)
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Dans ce roman envoûtant, nous embarquons pour le Canada des années 1920 à 1950 à la rencontre de deux êtres solitaires rejetés de tous.

D'un côté Hannah, fille d'émigrés japonais, qui va subir la violence du racisme et connaître les camps d'internement canadien.
Et de l'autre Jack, canadien élevé par une femme Tsimshian, creekwalker de son état, chargé de veiller sur la forêt et les saumons.

D'une écriture poétique et envoûtante, l'autrice réussit à mêler deux cultures: japonaise d'un côté et autochtone de l'autre.
Les contes et légendes des Tsimshians se mélangent aisément aux croyances et traditions nippones. Ici on respire l'humus et les pins, on respecte la nature, on honore la faune qui nous nourrit, le coeur battant au rythme des saisons.

Une lecture coup de coeur que j'ai savourée tant elle m'a transportée.




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Un énorme coup de coeur pour Les mangeurs de nuit de Marie Charrel.

L'autrice noir nous emmène en Colombie Britannique des années 20 à l'après-guerre. le roman débute avec Aika, une "picture bride" qui quitte le Japon pleine d'espoir en une vie meilleure et un heureux mariage. Ces illusions vont vite s'envoler lorsqu'elle découvrira la réalité de la vie qui l'attend. On va suivre sa vie ainsi que celle de sa fille Hannah au gré des aléas de la petite et de la grande histoire.
En parallèle on suit le parcours de Jack, canadien, élevé par une belle mère autochtone, et nourri par les légendes du peuple Tsimshian.
Marie Charrel mêle culture japonaise et amérindienne, et nous livre un récit poétique et fort dans des paysages grandioses.

Que la dernière page a été difficile à tourner!!
Ce roman là va me rester longtemps dans la tête et dans le coeur
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Quand les rêves des femmes du pays du soleil levant rencontrent les mythes et légendes tsimshian pour s'y mêler ils doivent se confronter aux réalités glaciales des frustres habitants de la Colombie Britannique
Quête identitaire, voyage initiatique, chocs des cultures, qu'importe...
Ce livre où s'élèvent dans les cités et forêts canadiennes les chants des migrants et des autochtones nous rappelle à nos racines et nos identités complexes
Il nous montre aussi le droit de chacun à se réaliser
Superbe roman

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Premier coup de coeur de la rentrée littéraire de cet hiver 2023.

Aujourd'hui je vais vous parler de personnages fabuleux, de littérature, de la Colombie-britannique, des semeurs d'espoir et des mangeurs de nuit, du petit prince, et des hommes-saumons, des mythes :celles des Issei, des Nisei, de Greenwood et les légendes tsimshian, de contes de mondes engloutis.
Marie Charrel avec un talent indéniable dompte avec prouesse l'art de la narration et compose le récit de deux destinées : celles de deux parias Jack et Hannah.
On se laisse ainsi porter par le pouvoir des mots, par les recherches de l'auteur sur cette période méconnue de l'histoire canadienne durant laquelle des milliers de japonais à l'orée de la seconde guerre mondiale ont subi des violences discriminatoires et des indiens autochtones, eux-mêmes, opprimés.


Ce roman est une merveille, et on se laisse porter par le souffle poétique qui abonde chaque page.
Cette Odyssée, ce récit, ce conte poétique fait une place aux chimères, aux mythes et à la sensibilité.

Aika fait partie de ces japonaises au milieu du 20eme que l'on nommera « picture brides », les fiancées sur photo. Elle arrivera donc sur le territoire de la Colombie-britannique pour rencontrer celui qu'elle doit épouser, Kuma.
A peine le pied posé sur le sol canadien, c'est le désenchantement qui commence. Aika n'est pas faite pour ce monde. Elle ne comprend pas l'humilité, la politesse, l'abnégation car elles ne peuvent être pas une arme contre la sauvagerie de la discrimination.
Et pourtant elle était loin de se douter qu'elle allait être liée à un homme qui détenait un magnifique pouvoir : celui des mots.

Il lui fera découvrir les mangeurs de nuit qui « grignotent l'obscurité au coucher du soleil et se désaltèrent de la brume de beauté ».
« de toute belle chose portée par notre terre, il émane un parfum de grâce dont les mangeurs de nuit sont particulièrement frainds.je leur ai proposé un marché :
« Lorsque mon épouse sera parmi nous, notre petit coin du monde sera saturé de splendeur et d'élégance. Les brumes seront enivrantes et riches, si douces que vous serez rassasiés avant la demi-journée et pourrez somnoler tout l'après-midi en attendant votre festin nocturne. D'ici là, pourquoi n'irez-vous pas vous reposer sur la voie lactée, là où il fait toujours sombre ? ».
« Les mangeurs de nuit sont ces étoiles qui attendent l'arrivée de sa belle épouse et ils descendront des cieux pour la fêter. »

Hannah Hoshiko, enfant des étoiles, sera le fruit de cette union. Hokuma lui lèguera ce pouvoir poétique et l'imagination. Il lui apprendra ce que sont les semeurs d'espoir.
« … ces oiseux aux plumes aussi rougeoyantes qu'un coucher de soleil, aux rêves jamais brisé car condamnés d'approcher le monde des hommes, à qui les dieux ont jeté un sort : chaque fois que l'un des ces oiseux perd une plume, il sème un peu de ses rêves sur terre. »

Hannah rencontrera sur ce camp de bucherons, au pied des arbres géants de la forât pluviale, sous l'aile protectrice des fées histoires, Jack, creekwalker, ou marcheur de ruisseau, cet amoureux des poèmes oubliés, reconnaissable à ses « clic-clic-clic » activés.

« Il comprenait l'harmonie. le lien entre chaque créature et l'infinie beauté de cet ensemble le bouleversait. Rien ne comptait plus que cela : la grâce de ces connexions fragiles. »

« Épouser la sérénité de la forêt. Être présent au monde, imprégné de ses odeurs, de l'essence entêtante du pin et des embruns remontant de l'océan- rien ne compte plus que cette osmose là. »

Hannah a une mission : trouver des plumes de semeurs d'espoir, les offrir à sa mère, Jack quant à lui doit veiller sur cette harmonie contre la rudesse des hommes et leur grossièreté. Jack se mure dans sa solitude car il doit porter une culpabilité. Hannah porte la marque de l'ours esprit, est devient celle qui voit.

« Dans la nature, il n'y a ni récompense, ni châtiment, seulement des conséquences ».
« La nature ne juge pas. Elle ne punit pas. Elle ne dévoile rien. Elle est. »

Vous l'aurez compris, il ne se passe pas un moment sans que vous soyez émerveillé.
A votre tour, laissez-vous transporter par la conception du monde tsimshian où les animaux possèdent un esprit semblable à celui des hommes, le mythe des hommes-saumons, les filles du vent, ces créatures hybrides, libres, connectées au monde sensible, pareilles à de petites fées errant dans l'immensité du ciel, par l'histoire d'Aika, d'Hatsuharu, du Moksgm'ol.

Que ce livre fait du bien !!!!
C'est un enchantement.

« Elle récoltera les bribes de vie, les reflets au bord du chemin et les éclats d'étoile, puis sèmera les mots. Elle sera l'ange étrange que l'on accueille malgré les craintes qu'elle éveille, parce qu'elle porte la marque du Moksgm'ol. Elle sera la femme-esprit, la femme-mémoire, plus tout à fait humaine- un peu de l'ours est entré en elle. Une créature ni d'ici, ni d'ailleurs. Un pont entre les mondes. »

Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Énorme coup de ❤ pour ce roman.

Il y a d'abord la grande Histoire. A l'ouest du Canada, il y a eu l'installation de Japonais, des hommes, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème. Ils se lancent dans la pêche. Et puis, en 1907, éclatent des émeutes à leur encontre. Les Japonais perdent leurs licences professionnelles, ce n'est que le début de la déchéance de leurs droits de citoyens.

C'est aussi dans ces années-là que des enfants amérindiens sont retirés de leurs familles pour les "éduquer".

L'écrivaine creuse le sillon de l'interculturalité, de la mixité des populations, du rapport dominants/dominés.

Dans ce roman, il y a encore l'aventure. Les parcours de vie de personnages très attachants sont chahutés, la vengeance un plat qui se mange froid. le souffle romanesque de la plume de Marie CHARREL donne du
rythme et tient le lecteur en haleine jusqu'à cette révélation...

Et puis, dans "Les Mangeurs de nuit", la nature occupe une très grande place. Marie CHARREL nous offre de magnifiques descriptions et nous dévoile les secrets de la biodiversité.

Un roman prodigieux.
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Il est celui qu'ils nomment "l'indien blanc", le solitaire, le creekwalker qui compte les saumons. Parce qu'il fut jadis élevé par l'une d'entre eux, il porte en lui les histoires de la nation Gitga'at.

Elle est celle que la légende a marqué dans sa chair.

Dans la forêt pluviale du grand ours, en Colombie Britannique, il semble que seul le maître des lieux pouvait réunir ces deux être retirés du monde de leurs semblables.

Marie Charrel est journaliste au Monde, mais ce qu'elle montre ici, c'est que les tragédies et les merveilles de ce monde ne peuvent pas se contenter d'articles de presse. Elles ont besoin de naviguer dans de multiples vaisseaux. Alors elle créé des personnages, elle orne leur vie de fables pour leur offrir cette sensibilité aux mots qu'elle-même honore si bien. Elle nous donne envie d'écouter avec eux le coeur battant de la forêt. En parallèle elle nous informe sur le sort des "picture brides", sur les traitements infligés par le Canada à la diaspora japonaise durant la guerre, elle nous décrit la délicatesse d'un écosystème qui dépend du saumon, elle nous dépeint les blessures visibles et invisibles. Comme ses mangeurs de nuit, elle grignote l'obscur pour nous éclairer.

S'il est possible d'apprendre en rêvant, ce roman en est l'illustration parfaite.
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Ce livre est parfait. Tout est passionnant. Les légendes des peuples et leurs transmissions sont convoquées pour satisfaire l'esprit et emporter le coeur.
Hannah est une Nisei, une japonaise née au Canada. Orpheline de père jeune, elle va grandir à l'ombre d'une maison de plaisir. Elle se pense canadienne, malgré un racisme latent. Elle conserve le lien avec ses origines grâce à ses souvenirs des vieilles légendes venant de l'autre côté du Pacifique racontées par son père. Lorsque la seconde guerre mondiale arrive, les canadiens lui rappellent tristement que pour eux elle reste japonaise.
Elle est alors enfermée dans un camp plein de misères et de drames. Elle va fuir avec quelques comparses. Une terrible rencontre au bord de l'eau va lui permettre de renaître sous la protection de Jack.
Jack, le surveillant des criques et des poissons, possède aussi une double culture celle d'un canadien blanc et celle d'un indien. A l'inverse d'Hannah, lui garde le pouvoir de choisir entre les deux.
Les parcours d'Hannah et de Jack croisant la haine, la bêtise et la mort s'entremêlent sans que l'un n'appauvrisse l'autre. Leur résonance, comme celle des mythes évoqués et invoqués, densifie les propos et les rendent en plus universels.
Leurs quêtes, peurs et soutiens mutuels leur permettent de dépasser ces périodes douloureuses, même si le retour à la vie en communauté sera un long chemin.
Marie Charrel donne à la fois un récit de vie et un livre de trappeur, dans sa meilleure acceptation, celle de donner envie des grands espaces et de faire sentir la nature à chacun.
Ce livre est une merveille d'humanité et un immense plaisir de lecture.
Lisez ce roman vous en sortirez plus humain !
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J'ai beaucoup apprécié ma lecture. L'écriture est belle et fine. le roman est riche d'enseignement car je ne connaissais pas du tout l'histoire de ces japonaises arrivées en Colombie britannique (Canada) avant la 2de guerre mondiale. Et les légendes indiennes et japonaises ajoutent à cette ode à la nature et à la force de l'amitié. Un beau roman.
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