C'est ChryseiavonSourde qui m'a fait découvrir il y a quelque temps la collection Borderline des éditions du Murmure. Couvertures jaunes, titres roses, parfois un peu racoleurs, ces petits essais de 50 à 100 pages rédigés par des spécialistes offrent des analyses aussi originales que personnelles et pointues de sujets « limites ».
Le Monstre au bistouri est le troisième essai de cette collection auquel je me frotte après La Peau. Totem et tabou et Esthétique de l'éjaculation, qui m'avaient déjà beaucoup plu. Il s'agit ici pour l'auteur de tracer l'évolution du discours scientifique relatif à la monstruosité et de révéler comment la définition du terme et la perception du monstre vont fluctuer au fil du temps. Chronologique, l'ouvrage s'attache d'abord aux traités considérant les causes des difformités physiques au XVIIIe, avant de développer plus longuement sur la pléthore de textes s'inquiétant au XIXe de la dégénérescence dont est victime la société et y proposant des solutions parfois extrêmes, et se clôt sur les questions de clonage et autres manipulations génétiques.
Outre le sujet, passionnant, parfois effrayant, et qui en dit long sur l'évolution des mentalités, la prose et le fil clairs, le texte solidement référencé mais très abordable font de cet essai une approche idéale du sujet et un substitut parfait à une soporifique analyse d'un millier de pages. Les deux pages de bibliographie à la fin donnent de très bonnes pistes pour poursuivre l'exploration du thème. J'ai beaucoup apprécié la liberté de ton de l'auteur qui n'hésite pas à se moquer allègrement de tous ces scientifiques ou pseudo-scientifiques aux théories absurdes, charlatans ou paranoïaques littéralement bons à enfermer. le monstre présenté dans le texte n'étant au final pas celui que l'on croit.
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