Le premier paragraphe de ce petit fascicule de 144 pages en dit long sur l'auteure : Je suis une retraitée dans la force de l'âge. À trente-cinq ans, je cours. Je cours après les émotions et les sensations que me procure le souvenir de la victoire de mes seize ans".
Lise Chasteloux a été une sportive de haut niveau et championne française de voltige équestre.
Mais avant, comme môme elle a été amoureuse de l'acteur Yul Brynner, spécialement dans son rôle de
Tarass Boulba, le chef des cosaques, de
Nikolai Gogol. D'où, en partie, le titre de son ouvrage.
À moins que de sortir soi-même d'un milieu dans lequel les chevaux jouent un rôle central, comme outsider on n'ait aucune idée de ce que ce sport signifie pour les enfants et adolescents qui s'engagent dans cette voie.
De ce point de vue "
Petite cosaque" avec le sous-titre " le manège de la compétition" est énormément instructif.
Dans un langage aussi beau que les animaux concernés,
Lise Chasteloux nous relate sa propre expérience de voltigeuse de ses 12 à 17 ans dans l'équipe de sa ville natale d'Épinal dans les Vosges quelque 75 kilomètres sud de Nancy.
On suit notre écrivaine aux compétitions d'Eckbolsheim en Alsace en 1992, aux Interligues de Pompadour en Corrèze en 1994, à Marcq-en-Baroeul, dans le Nord-Pas-de-Calais, en 1995 et Épinal en Lorraine, 1996, pour les championnats de France et finalement à Meaux, en Île-de-France en 1997 pour les championnats internationaux.
Le langage de l'auteure est tellement précis et évocateur qu'on a l'impression d'être assis sur la tribune lors des grandes compétitions, ou même de marcher à côté du cheval et de sa jeune cavalière pendant l'entraînement et les batailles.
Nous savourons avec notre Lise la victoire de son équipe et tournons vite la page lorsqu'elle nous relate la colossale déception d'un échec ou même de seulement une seconde place lors d'un concours important.
Elle nous permet également un aperçu des nombreux sentiments qui envahissent les jeunes voltigeuses lors d'une rencontre sportive : la tension qui s'installe et se développe ;
la peur de flancher, l'angoisse de ne pas être à la hauteur, la crainte de l'imprévu... mais aussi la satisfaction de l'effort bien accompli, le plaisir des réactions du public, surtout des acclamations des supporteurs...
Mais que d'efforts précèdent une victoire : le nombre d'heures d'entraînement pendant la semaine, les week-ends et les vacances, une vaste gamme de privations dont souffrent les sportives et que les gamines de leur âge ne connaissent évidemment point.
Heureusement que les jeunes sportives, comme Lise, bénéficient du chaud appui de leur famille.
Pour encore mieux illustrer son récit,
Lise Chasteloux s'est choisi comme assistant le poète lyrique grec de près de Thèbes, Pindare (518-438 av. J.C.), qui dans ses 14 odes "Olympiques" a merveilleusement célébré la valeur personnelle de l'athlète.
1998, l'auteure a 18 ans et est fière d'avoir obtenu son bac. Elle a écarté une carrière individuelle de voltigeuse équestre, parce qu'elle y manquerait l'esprit d'équipe.
Étudiante des langues anglaise et russe, ce sont Wilde,
Gogol,
Maupassant et Dundee, son cheval avec lequel elle entreprend des longues promenades par tout temps, qui ont remplacé la compétition équestre.
Quoique son roman "
Un destin russe", que j'ai critiqué ici le 8 février, soit davantage dans mes cordes, j'aie vraiment lu ce petit roman autobiographique de
Lise Chasteloux avec grand plaisir et l'artiste m'a séduit avec sa maestria linguistique.