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Manger de la poussière, poussière du bush, je prends la piste. Un tour de chant, des champs déserts, je piste le kangourou comme d'autres aventuriers pistent les bouges malfamés. J'ai vite compris que dans un tel lieu où le soleil cogne si fort à travers mon chapeau australien, en digne héritier de Crocodile Dundee, il y a un point qu'il ne faut pas perdre de vue, la piste qui te mène aux bières fraîches.

Oui, bien que je traverse
La vallée de l'ombre de la mort
Je ne crains pas le mal
Car moi, Bruce, je suis
Le plus méchant con de toute la vallée.

Bruce tout puissant, il m'avait accompagné en terre patagonne il y a quelques années à travers de vieux ossements de dinosaures. Bruce Chatwin, je le retrouve en terre australe sur le chant des pistes. Il n'a pas de cartes routières, pas de route tracée. Il avance les yeux fermés, les oreilles ouvertes. Il écoute, le vent des pistes, le hurlement des chiens sauvages, le chant des âmes. Une légende, celle des aborigènes, et la fin de ce peuple qui ne connait pas de route pour tracer leurs chemins.

Cartographier ainsi le passé d'une région et d'un peuple n'est pas facile, pourtant il suffit d'être à l'écoute, de respecter le silence des lieux et des autres et de se sentir porter par ce silence, ces chants à peine audible que le vent fait vibrer à travers les dédales du bush australien. Des voix qui viennent d'ailleurs, de nulle-part ou d'outre-tombe, résonnent en moi sur la piste. Elles me guident à travers les eucalyptus et les pierres – un type chauve me crie que mon lit est en train de brûler, il est minuit ô il me fout les jetons ce grand chauve veine saillante sur les tempes, mon coeur est mort – de l'outback. Elles me transpercent de leurs mélodies, les yeux fermés, j'avance, je les suis, jusqu'au prochain bar, jusqu'à la prochaine rencontre, celle de deux hommes du bush devant leurs verres de bière. Bruce, ce soir, je bois avec toi, je regarderai le ciel, sa lune bleue et ses étoiles de poussières, j'écouterai le silence de la musique du bush.
Lien : http://memoiresdebison.blogs..
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C'est toujours un peu la même chose lorsque l'on veut sortir des sentiers battus en Australie. On a droit aux véhicules 4x4, les réserves d'eau et d'essence et les longues lignes droites sur plusieurs centaines de kilomètres ou les pistes défoncées de l'outback. Lorsqu'en plus on part à la rencontre des Aborigènes, on nous ressasse les mêmes poncifs sur "le temps du rêve" et les incompréhensions mutuelles entres eux et les australiens blancs. Ce qui me rend très méfiant envers la littérature des "voyageurs" dans ce pays.
Malheureusement, Chatwin n'échappe pas à la règle, du moins pas complètement. Car passé tout le fatras du pseudo explorateur ("Je hais les voyages et les explorateurs", disait Levi-Strauss) et les immanquables conflits dus à l'acculturation , on apprend quand même pas mal de choses sur la culture aborigène. Et ces fameux "songlines" sont assez extraordinaires pour être notés. La rencontre avec cette "géographie par les chants" mérite bien la lecture de ces quelques 400 pages. On retrouve là tout ce qui fait l'intelligence et la capacité d'adaptation de ces peuples premiers, et à mon avis, leur suprématie sur notre culture technologique et purement rationnelle et utilitaire que Chatwin ne manque pas de dénoncer.
Pendant les premières 200 pages, on suit donc quelques détenteurs de ces chants qui permettent de se repérer sur le territoire des ancêtres de la tribu. Chants que l'on passe ensuite, comme un relai à la tribu voisine et ainsi de suite jusqu'à former des lignes qui traversent le continent du nord au sud et d'est en ouest. C'est purement magnifique.
Passé cette découverte, Chatwin nous fait part pendant à peu près une centaine de pages, de ses carnets où il a noté différents extraits ou aphorismes d'oeuvres diverses, sur le fait que l'homme se caractérise avant tout comme un voyageur. Avec certaines réflexions évolutionnistes.
Enfin, le livre se termine dans l'outback où l'on revient après cette digression littéraire, en compagnie de nos Aborigènes et le narrateur se prépare à repartir vers Alice Springs.
Donc, c'est un livre qui nous fait découvrir une particularité de cette culture première et nous invite à réfléchir sur notre condition de marcheur-voyageur. A ce titre, il mérite notre curiosité.
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Passionné par les voyages, cette forme d'itinérance qui nous conduit à la découverte de l'autre, et plus particulièrement par le nomadisme, Bruce Chatwin s'est rendu en Australie à la rencontre d'un peuple aux traditions millénaires, les aborigènes. Chassés de leur territoires par les australiens puis parqués dans des réserves, les aborigènes ont pour la plupart sombré dans l'alcoolisme, la misère et la dépendance. Néanmoins, ils ont réussi à préserver en partie leur héritage appelé le Temps du rêve. Chaque aborigène a son rêve qui peut être assimilé à un chant, transmis de génération en génération par un ancêtre lointain. Chaque ancêtre, en parcourant la terre, a laissé dans son sillage une suite de mots et de notes de musique formant un chant. Ce chant est à la fois une carte et un topo-guide. Il permet à tout aborigène de s'orienter sans jamais se perdre car chaque caractéristique du paysage, rocher, dune, rivière, est chantée, dans un pays où se déplacer était vital en raison de l'aridité de l'Australie intérieure.
A l'occasion d'un séjour prolongé dans la tribu des Pintupi, l'auteur consulte ses notes antérieures de voyage et nous présente ses réflexions sur le nomadisme et l'évolution de l'homme depuis l'aube de l'humanité. Il remarque que les monothéismes sont tous nés dans le désert et en déduit avec humour que Dieu est certainement un nomade. Il revient sur le meurtre originel perpétré par Caïn, le sédentaire, sur son frère Abel, le berger, meurtre qui symbolise les relations conflictuelles entre les cultivateurs et les éleveurs. Ses pensées le mènent en Afrique du sud, berceau de l'humanité. Selon C.K. Brain, illustre paléontologue sud-africain, l'homme fut d'abord une proie avant de devenir un chasseur. L'histoire de l'homme commence dans la violence.
Un livre passionnant pour s'initier aux traditions aborigènes et réfléchir sur le nomadisme, un mode de vie en voie de disparition.
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Bruce Chatwin est ce qu'on appelle un ecrivain voyageur , il va commencer à partir explorer le monde à l'âge de 17 ans .
Le chant des pistes c'est son dernier voyage en Australie , il va à la rencontre des arborigènes et de leurs coutumes , le chant des pistes a un rapport avec la création du monde , les hommes voyagent en chantant , en nommant les choses .
L'auteur va rencontrer des personnages originaux , parfois partagé douloureusement entre modernité et traditions millénaires .
J'avoue que je me suis un peu perdue lors de certains passages , surtout lorsque l'auteur fait l'apologie du nomadisme .
Une lecture peut être un peu trop différente de mes habitudes .
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On ne présente plus Bruce Chatwin le fameux écrivain voyageur et de grande culture trop tôt disparu. Tous ses livres sont un pur régal pour ceux qui aiment les voyages, les rencontres et l'aventure, le tout baignant dans des références culturelles nombreuses et enrichissantes.
Avec le chant des pistes nous parcourons l'Australie, non pas un pays mais un continent où la trace des premiers hommes interroge l'écrivain sur nos origines. Quant au titre du livre il fait référence à l'enquête menée sur le terrain pour comprendre la théorie des aborigènes qui veut que « lors de sa traversée du pays, chaque ancêtre avait laissé dans son sillage une suite de mots et de notes de musique et comment ces pistes de rêve formaient dans tout le pays des « voies » de communications entre les tribus les plus éloignées. Un chant était à la fois une carte et u topo-guide. Pour peu que vous connaissiez le chant, vous pouviez toujours vous repérer sur le terrain. »
Expert en arts, Bruce Chatwin ne manque pas de s'intéresser aux peintures rupestres et aux tableaux peints par les artistes locaux qui sous un abord naïf recèlent des pans de l'histoire de l'humanité. Un grand livre de voyage mais surtout une ode à l'humanité et une passerelle entre les cultures des quatre coins du monde, dont les similitudes identifiables ne peuvent que prouver nos origines communes.
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Le dernier livre offert par www.blog-o-book.com et le livre de Poche en 2011

C'est un livre dense et surprenant.

Il y est question de voyages, de l'Australie et des aborigènes, et puis en général des peuples nomades.

L'auteur nous convit à une découverte de sa passion des peuples nomades et de ses théories sur l'impact du voyage sur l'humanité. C'est très différente des Pérégrins. Car il ne s'agit pas des voyageurs en général mais d'une sorte d'élite. Il y est question d'anthropologues, d'ethnologues célèbres. Il y est aussi question de l'auteur et de son histoire.

C'est à la fois fouillé, on apprend des tas de choses mais aussi un peu fouillis J'avoue avoir eu du mal à passer les 50 premières pages et puis je m'y suis faite. J'ai préféré la partie sur les aborigènes. J'ai trouvé passionnant ces chants créateurs et tout ce qui est traditionnel. J'ai aimé le lien entre l'art et la tradition, la connaissance et les mépris de l'homme blanc pour une culture / une connaissance qui lui y si étrangère.

Bref ce n'est pas un livre pour tous ou pour tous les moments mais j'ai apprécié ce moment qui m'a faire revivre mon périple en Australie. Si vous avez envie de voyager, de découvrir ce continent et ce peuple si lointain alors n'hésitez pas.

Merci encore à Blog o Book et au livre de Poche pour ce cadeau.
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Un récit parsemé de réflexions extrêmement pertinentes et qui entre en résonance avec mes convictions personnelles sur la vie et la théorie de l'évolution des espèces.
Un mot sur Bruce Chatwin. Il est né en 1940 et décédé à l'âge de 49 ans du Sida. Expert en art (impressionnisme et moderne), il s'est ensuite intéressé à l'archéologie, à l'ethnologie et aux sciences qui touchent à l'homme et à son environnement. Il a pas mal voyagé, aimant côtoyer les populations nomades et primitives. Ses ouvrages littéraires sont essentiellement des récits de voyages.
« Le chant des pistes »ressemble à une étude ethnologique des populations aborigènes d'Australie. Accompagné d'Arkady, un fils d'immigré russe, véritable coureur de brousse, Bruce Chatwin recueille la parole des aborigènes, leur cosmogonie, le fameux « Dreamtime », le temps des rêves. Que représente leurs peintures ?
« La totalité de l'Australie pouvait être lue comme une partition musicale. Il n'y avait pratiquement pas un rocher, pas une rivière dans le pays qui ne pouvait être ou n'avait pas été chantée. On devrait peut-être se représenter les songlines (le chant des pistes) sous la forme d'un plat de spaghetti composé de plusieurs Iliades et de plusieurs Odyssées, entremêlées en tous sens, dans lequel chaque « épisode » pouvait recevoir une interprétation d'ordre géologique ».
Si vous n'êtes pas très porté sur ce genre de littérature, je ne m'aventurerai pas à vous conseiller ce récit. Il livre ses secrets, mais il faut être à l'écoute.
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Si vous voulez mieux connaître les cultures nomades (ou pas d'ailleurs) , aborigènes, qui sont fort nombreuses, malgré ce dont elles ont terriblement souffert du fait de la colonisation, lisez ce livre.
L'auteur est passionné par les modes de vie nomades et des civilisations dites premières, il a parcouru le monde, a lu et rencontré à la fois de très grands ethnologues comme des personnes exceptionnelles de toutes cultures, sur les continents africain, européen et australien notamment.

Ici, il témoigne de son voyage en Australie, pour mieux comprendre et connaître le fonctionnement à la fois du système familial, du mythe fondateur de la création, des pistes chantées, des différentes langues et de la variété comme ce qui relie les cultures aborigènes.
C'est tout à fait passionnant, même s'il faut garder à l'esprit que cela date du XX ème siècle, c'est un témoignage très vivant et vraiment unique.

J'ai moins aimé la partie du livre, où l'on trouve de façon désordonnée des extraits de ses carnets de ses autres voyage, mais je n'ai aucun regret, cela reste une lecture extrêmement intéressante, d'un anti conformiste érudit et curieux, un voyageur curieux des autres, et convaincu que le nomadisme était notre origine à tous.

Je poursuis actuellement avec la lecture d'un magnifique livre sur la peinture aborigène, dont il parle d'ailleurs (la peinture aborigène et les galeristes !) à plusieurs reprises, avec réalisme !

Un excellent bouquin vivifiant que je vous conseille.
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J'ai beaucoup aimé dans ce livre ce qu'on découvre des modes de vie des aborigènes et surtout leur rapport aux chants qui transmettent l'histoire et la mythologie des "pistes". J'ai eu plus de mal avec les passages entrecoupés plus ethnographiques qui comparent avec d'autres populations, d'autres cultures nomades.
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Cela faisait quelques années que ce titre était sur ma liste, lecture toujours repoussée, jusqu'à ce que l'on m'offre ce livre à Noël. Et voilà l'un des classiques de la littérature de voyage enfin dans ma bibliothèque !

Pourquoi Chatwin ? D'abord à cause de la renommée et du talent de l'écrivain, ensuite pour ce sujet si particulier, traitant des Aborigènes d'Australie, peuple qui me fascine depuis des années.

Ce livre tient à la fois du récit de voyage, du témoignage et du roman ethnique.

A la suite de quelques figures australiennes marquantes, dont Arkady qui va lui servir de guide, Chatwin entreprend de recueillir les paroles des Anciens qui connaissent les emplacements des sites sacrés, répertoriés par Arkady afin que le tracé de la future voie ferrée puisse les éviter.

Ce faisant, Chatwin en apprend beaucoup sur les itinéraires chantés, véritable cartographie complète, spirituelle, géophysique, musicale et poétique du continent Australien. Un mécanisme complexe à partir duquel toutes choses ont été créées et qui permet aux différents groupes Aborigènes de rester connectés entre eux et avec le reste du monde.

En parcourant ces immenses territoires, Bruce Chatwin fait des rencontres inévitables, des figures familières pour le lecteur qui possède quelques livres sur l'Australie : des personnalités rudes, ayant encore l'esprit des pionniers, des marginaux, des originaux ou excentriques, des grands propriétaires terriens, des idéalistes... Dans le Bush profond le racisme est une réalité.

Du petit bar minable perdu en plein désert aux foubourgs des grandes villes, le contraste est toujours saisissant entre les Aborigènes, perdus entre deux cultures, dépendant de l'alcool et des subsides du gouvernement, et ces Blancs arrivistes, souvent méprisants.

Malgré les efforts des uns et des autres, des bonnes volontés dont Arkady est le principal représentant, les Aborigènes ne se laissent pas si facilement intégrer, eux qui savent encore s'adapter à la terre où ils vivent, plutôt que l'inverse, et ce, malgré la pauvreté.

L'arrivée des Blancs a perturbé ce fragile équilibre, rompu quelques uns de ces itinéraires. Arkady et d'autres qui oeuvrent à la protection des Aborigènes, en s'efforçant de faire protéger leurs droits ancestraux, tentent de réparer ces dégâts.

L'identité culturelle de certains groupes Aborigènes a pu se sauvegarder en partie, grâce à l'Art. Là encore, les bonnes intentions ont parfois (souvent ?) été diluées dans ce qui est devenu un commerce plutôt juteux pour les galeries et les intermédiaires.

Depuis les années 1970, l'Art Aborigène, les peintures essentiellement, connait les faveurs des amateurs et du public. Les prix des tableaux sont élevés, mais ce n'est pas pour autant que les artistes sont tous justement rétribués...

Au fil des pages, des descriptions, des anecdotes, Chatwin aborde un sujet plus personnel, s'interroge sur le nomadisme, compare le mythe de la Création des Aborigènes avec celui d'autres peuples et d'autres cultures, et rapporte des bribes de conversation, des rencontres avec ceux qui ont pu l'aiguiller dans sa quête, de Konrad Lorenz à Yves Coppens et tous les peuples nomades qu'il a pu côtoyer. C'est la partie qui m'a le moins plu. On y trouve un peu de tout, des réflexions personnelles, des proverbes, des extraits de la Bible, etc. du coup c'est un peu fourre-tout.

La fin du roman coïncide avec la mort de trois Aborigènes (qui préfigurait celle de l'écrivain ?) et laisse la porte ouverte à d'autres réflexions.

Quoi qu'il en soit, et malgré cette seconde partie qui m'a peu enthousiasmée, je salue le travail de Chatwin qui a su resituer toute l'originalité de ce pays, au travers de ses descriptions, des rencontres, des restitutions de dialogues. On y sent la magie des terres inhospitalières au commun des mortels et surtout, on entrevoit toute la richesse spirituelle d'un peuple qui continue, envers et contre tout, à résister à notre monde moderne.
Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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