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Jacques Chabert (Traducteur)
EAN : 9782246416913
180 pages
Grasset (14/03/1990)
3.53/5   31 notes
Résumé :
A Prague, patrie du Golem et de la mélancolie, Kaspar Utz vit parmi sa collection de figurines en porcelaine. Il aime, plus que tout au monde, ces trésors dont il a fait son univers, il les entasse dans son petit appartement, un lien mystérieux unit son âme à leur seule présence. Que deviendront ces êtres précieux et fragiles après sa mort? Qui saura leur témoigner la tendresse sans laquelle ils ne seraient que des choses? C'est à partir de cet étrange sujet - une c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Roman très étrange qui raconte la vie d'un aristocrate propriétaire d'une collection rare de figurines de porcelaine. Cette collection semble être toute sa raison de vivre... Plume alerte, texte teinté de mélancolie. le ton est parfois un peu féroce, et à d'autres moments perce l'humour.
Une découverte sympathique.
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Utz (1988) a été adapté pour le cinéma en 1992 sous le titre de Utz, la passion de l'art par le britannique George Sluizer.

C'est un livre qui véhicule plusieurs choses, des connaissances historiques sur la Tchécoslovaquie de la Guerre Froide, de l'humour autour du complexe et excentrique personnage central : le baron Kaspar Joachim von Utz, collectionneur maladif de porcelaines de Meissen dont il a réussi à réunir une énorme quantité. L'état communiste ayant pris connaissance de cette collection unique, il a décrété sa confiscation, soit immédiate, soit le legs imposé et post mortem de ces objets merveilleux pour un musée

Le baron, malgré une vie chiche et sans intérêt à Prague, arrive à s'évader une fois par an à l'étranger à la chasse de pièces de porcelaine que les transfuges tchèques auraient pu sortir à l'étranger. Ceci est la version officielle pour la nomenklatura.

Mais ce cher baron a de l'argent en Suisse et lors de chaque voyage, il s'arrange pour faire une escapade en Suisse où il retire de l'argent cash, avec lequel argent il a constitué peu à peu, une deuxième collection, presque aussi fabuleuse que la première et qu'il cache en Suisse.

Il y a quelques scènes cocasses où l'État l'épie, le surveille, le fait suivre, sans compter que son appartement est truffé de micros et que pour pouvoir échanger « en cachette » avec quelqu'un, il a plusieurs méthodes pour brouiller les pistes.

Le baron a depuis longtemps une servante toute dévouée, Marta, qui, de plus, l'adore. Elle l'adore parce qu'il l'a tiré d'un très mauvais pas, mais c'est une paysanne mal dégrossie. Comme le baron aime courir le guilledou, lorsqu'il amène ses maitresses chez lui, Marta devient la plus désagréable des femmes, toutefois dans les limites de ce qu'elle peut exprimer, ce qui donne lieu à quelques situations drôles.

Parce que le baron Utz s'y connait en Meissen; Bruce Chatwin nous donne une leçon intéressante sur le sujet. L' « inventeur » de la porcelaine est Johannes Böttger né en 1682 en Thuringe, lequel, grâce à une teinture rouge transmise par un moine mendiant grec, va réaliser sa première transmutation. En 1708 il remet ses premiers échantillons de grès rouge et, l'année suivante, de porcelaine blanche; il est très connu pour ses boîtes à thé, ses chopes à monture d'argent, ses théières décorées avec des scènes de Watteau…Utz avait choisi chaque pièce pour qu'elle reflétât les humeurs et les diverses facettes du « siècle de la porcelaine », l'esprit, le charme, la courtoisie, le goût de l'exotisme, la cruauté et la gaieté insouciante, avant que tout cela ne fût balayé par la révolution et le bruit de bottes des soudards.

En 1973 Utz aura une première attaque cérébrale et il prendra une décision pour ses collections. Ainsi se vengera-t-il de l'État communiste avec panache quoique drastiquement.

Une petite histoire amusante, bien racontée par quelqu'un qui connaissait bien les antiquités puisque Bruce Chatwin travailla des années pour Sothebys.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Encore un joyaux littéraire de Bruce Chatwin ! Ses connaissances du monde des objets d'art lui permettent de nous conter ici la vie d'un amoureux des porcelaines de Saxe en Tchécoslovaquie durant la guerre froide. La fin est surprenante et garde une légère part de mystère.
Bruce Chatwin était un érudit et un grand voyageur. Avec ce roman, il semble se faire plaisir en retournant à ses premières amours : les collections.
Ses connaissances, toujours très précises, sont fascinantes et il sait admirablement les mettre en mots afin de les rendre attrayantes pour les lecteurs. Ce livre, court, est ciselé à la manière d'un bijou précieux. Un vrai bonheur de lecture !
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ce roman ,aussi court que la vie de son auteur ou que son titre énigmatique m' a plu. Il illustre cette capacité de la fiction de vous introduire dans des univers totalement éloignés de vos intérêts et de vous les rendre attachants et familiers .De plus il se termine d'une façon que j'adore , comme une porte ouverte sur l'infini des possibles.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les moments heureux qu'ils passaient ensemble, aucun n'égalait la saison des champignons. Vers la fin du mois d'août, après les premières averses de l'été finissant, ils attrapaient le premier train du matin pour Tabor, le car pour Ceske Krizove et, de là, en prenant soin d'éviter la grande maison, emportaient leur pique-nique dans les bois.
Les champignons, disait-il, étaient la seule raison de revoir les lieux de son enfance.
Marta et lui jouaient comme des enfants, oubliaient tout sentiment de caste ou de classe, en s'interpellant au milieu des troncs de pin : "Regardez ce que j'ai trouvé...! Regardez ce que j'ai trouvé...!" un bolet à capuchon roux, un agaric comestible, un groupe de girolles dont les chapeaux orange s'épanouissaient sur un tapis de mousse.
Personne, hormis eux et quelques bûcherons, ne connaissait la clairière où, lorsqu'il était propriétaire du domaine, il avait scié lui-même une table rustique et un siège dans le bois d'un bouleau foudroyé.
Ils étalaient leurs trouvailles sur la table, les lamelles sur le dessus, rejetant ceux qui leur semblaient spongieux ou véreux, ôtant les gros amas de terre tout en laissant l'aiguille de pin collée çà et là ou un bout de fronde de fougère.
'Ne les nettoyez pas trop, lui recommandait-elle. Un peu de terre leur donne meilleur goût."
Puis elle les faisait frire dans le beurre sur un réchaud à alcool et y ajoutait une bonne cuillerée de crème.
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- Et qu'est-ce qui a provoqué la rencontre, demandai-je, entre la mouche domestique et vous?
Extrayant quelques arêtes de poisson de sa barbe, Orlik me raconta qu'il avait consacré trente ans de sa vie à étudier certains aspects du mammouth laineux, ce travail l'ayant conduit jusqu'aux toundras de Sibérie où l'on trouve parfois des mammouths congelés dans le permafrost. Ses recherches - bien que généralement sa modestie l'empêchât de le mentionner - avaient vu leur aboutissement dans son article magistral : "Le mammouth et ses parasites." Mais à peine l'avait-il publié qu'il ressentit le besoin d'orienter ses travaux vers quelque créature inférieure.
"J'ai décidé, dit-il, à étudier Musca domestica dans la zone urbaine de Prague."
Tout comme son ami M. Utz pouvait dire au premier coup d'oeil si une pièce de porcelaine de Saxe avait été fabriquée à partir de l'argile blanche de Colditz ou de celle des Erzgebirge, les monts Métallifères, lui, Orlik, après avoir examiné sous un microscope la membrane irisée d'une aile de mouche, affirmait savoir si l'insecte venait de Mala Strana, de Zidovské Mesto ou de l'une des décharges qui entouraient la nouvelle cité-jardin.
Il avoua être ravi de la vitalité de la mouche. Il était de bon ton chez ses collègues entomologistes - tout particulièrement chez les membres du parti - de s'émerveiller devant le comportement des insectes sociaux, les fourmis, les abeilles, les guêpes et les autres espèces d'hyménoptères qui s'organisaient en communautés enrégimentées.
"Mais la mouche, dit Orlik, est une anarchiste.
- Chut! dit Utz. Ne prononcez pas ce mot!
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Six ans plus tard environ, vers la fin du mois de mars 1974, je reçus de Orlik une carte bordée de noir sur laquelle il avait gribouillé : "Notre ami bien-aimé Utz est mort..."
Le mot "bien aimé" paraissait un peu fort si l'on songeait que je n'avais connu Utz que pendant un total de neuf heures et quinze minutes, quelque six années et demie plus tôt. Malgré tout, me souvenant de l'amitié qui liait les deux hommes, j'envoyai un mot bref remerciant Orlik de m'avoir tenu informé et m'associant à sa peine.
Ce courrier déclencha une avalanche d'exigences encore plus excessives que les précédentes. Pourrais-je envoyer mille dollars pour aider un pauvre savant dans ses recherches? Accepterais-je de parrainer un voyage d'études de six mois dans les grandes institutions scientifiques du monde occidental? Pourrais-je lui faire parvenir quarante paires de chaussettes?
Je lui en expédiai quatre paires.
La correspondance se tarit.
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Utz avait choisi chaque pièce pour qu'elle reflétât les humeurs et les diverses facettes du "siècle de la porcelaine", l'esprit, le charme, la courtoisie, le goût de l'exotisme, la cruauté et la gaieté insouciante, avant que tout cela ne fût balayé par la révolution et le bruit de bottes des soudards.
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Une heure avant l'aube, le 7 mars 1974, Kaspar Joachim Utz mourut d'une seconde attaque, longtemps redoutée, dans son appartement du numéro 5 de la rue Siroka, donnant sur le vieux cimetière juif de Prague.
Trois jours plus tard, à huit heures moins le quart du matin, son ami, le Dr Vaclav Orlik, debout sur le parvis de l'église Saint-Sigismond, attendait l'arrivée du corbillard, serrant dans ses mains sept oeillets roses sur les dix qu'il avait espéré pouvoir se payer chez le fleuriste. Il remarqua avec plaisir les signes avant-coureurs du printemps.
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