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EAN : 9791030416541
128 pages
Allia (02/09/2021)
3.68/5   25 notes
Résumé :
“Tout en parlant, Kevin caresse de façon machinale l’anse de son mug, formée de deux cercles de taille inégale. Soudain, ce que je redoute de façon confuse se produit : son annulaire se coince dans le cercle le plus étroit. Je pense d’abord qu’il agit de façon intentionnelle, mais ce n’est pas le cas. Son doigt est bel bien coincé. Il continue cependant de dispenser ses conseils comme si de rien n’était : oui, répète-t-il, il me faudra éviter les fluctua... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Outch !

Je tourne à l'instant la 150e et dernière page de ce roman qui, s'il commence comme une histoire somme toute banale, vire bel et bien dans une dystopie des plus efficace. C'est à la mode convoquer Orwell, mais là difficile de ne pas faire de lien avec son oeuvre phare.
Plexiglas mon amour est une sorte de 1984 à l'ère du covid. On accompagne le narrateur à travers sa situation familiale en perdition, tout d'abord assez gentiment (notamment à travers les effets psychologiques du confinement) avant de se demander si le monde autour de lui n'est pas fou? ou s'il n'est pas lui-même fou?
Les situations présentées vont forcément faire écho à beaucoup d'entre nous, et je dois l'avouer parfois avec une justesse assez troublante.
Ce roman à caractère anthropologique dit au final beaucoup de choses de nous, notre société et les enjeux actuels avec peu de mots. C'est d'une richesse incroyable.
Merci Eric Chauvier pour ce roman court, puissant et qui dérange.
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L'expérience si marquante du confinement a inspiré nombre d'auteurs, mais peu d'entre eux se sont réellement écartés de l'autofiction. Chauvier propose ici un texte assez court, mais très inspiré, visiblement écrit (ou du moins pensé) au tout début de cette étrange période, quand la désagrégation du corps social était encore à peine esquissée, mais potentiellement terrifiante.
Le dispositif narratif se révèle très efficace. Au centre, le narrateur, personnage pusillanime mais peu influençable, une sorte de Bartleby peut-être, dont le principal trait de caractère semble une nostalgie du monde "d'avant", terme ambigu faisant référence à l'époque précédant l'étouffante pandémie mais aussi l'aliénation par les écrans. le texte souligne en creux, c'est assez rare pour être mentionné, combien l'existence de la communication et du divertissement de masse, depuis les applications sécuritaires du gouvernement jusqu'à la téléralité, en passant par les réseaux sociaux, a rendu possible l'expérience sociale du confinement. Autour de lui deux pôles contraires : son épouse au civisme terrifiant, et un vieux copain de fac ayant basculé dans le survivalisme. de quel côté le héros cèdera-t-il ? Y a-t-il une chute meilleure que l'autre ? Et surtout, existe-t-il une alternative décente ? Cette excellente question contemporaine, qui rejoint en effet les interrogations d'Orwell sur la nature humaine (qu'est-ce qu'être un homme) est servie par un récit de bonne facture et une très belle langue - à tel point qu'il suffit presque d'ouvrir le livre au hasard pour tomber sur un extrait remarquable. Un excellent livre, dont les seuls défauts sont un départ un peu lent - d'autant que la fin arrive vite.
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Comment survivre à la fin du monde ? Enfin, comment survivre au monde actuel plutôt. Entre abrutissement via les univers virtuels, cohabitation familiale et amoureuse rendue insupportable à cause des règles de distanciation sociales et la tentation du survivalisme en forêt piégée, l'auteur, débonnaire intellectuel plutôt gentil et conciliant, y perd son latin, et prend des coups. Une lucidité aigüe sur ce que la société actuelle contient de menaçant, d'abrutissant et d'arbitraire.
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En pleine période de confinement, Eric va devoir faire face aux angoisses de sa femme et à l'indifférence de ses enfants. Soucieux et empli de doute quant à l'avenir incertain qui l'attend tant sur le plan professionnel, familial que sanitaire, lorsqu'il rencontre Kevin - un ami de jeunesse perdu de vue devenu survivaliste - il va manifester un intérêt pour cette vie qui de prime abord lui paraîtra folle, mais se révélera vite de plus en plus envisageable.

Entre roman satirique et dystopique, l'écriture de ce livre paraît tout de même inspirée d'une réalité qui nous est familière. Bien que fictif, ce sont tant les personnages et leur réaction propre face à la situation, que les sujets abordés (théories du complot, décisions gouvernementales, rejet de la vie urbaine ...), qui font de ce roman un récit court mais puissant et nous laisse comme un goût de déjà vu.
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Après Baudelaire qui revenait hanter notre XXIème siècle sous la forme d'un zombie dans son livre le Revenant, puis Laura, où Éric Chauvier retrouvait son amour de jeunesse, devenue une "déclassée", traitant à la fois de la désertification des petites et moyennes villes ainsi que du mouvement des gilets jaunes, mon anthropologue favori s'attaque au survivalisme et à ce que la pandémie à fait au langage, au couple et à la famille. le narrateur, perdant pied, se rattache à Kevin, son ami de fac avec qui il écoutait Sonic Youth en fumant des cônes, devenu maintenant un survivaliste solitaire attentant l'effondrement...
Un roman aussi incisif que drôle, qui se détache rapidement de la réalité pour virer dans une dystopie folle sur sa fin - Génial !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une demi-heure plus tard, Kevin est très loin devant moi. Plus le temps passe, plus je me perds dans de vastes étendues boisées qui semblent ne jamais avoir été entretenues. Je forme des pensées qui n'ont pas de cohérence entre elles : mon ménisque et le footing en milieu périurbain ; mon retour improbable à mon travail ; mes enfants qui, comme tous les soirs, sont en train de regarder leur smartphone devant Les Ch'tis à Miami, à moins qu'ils n'éprouvent les affres suicidaires de l'ennui - me remémorant les confidences de mon aîné, j'en frémis ; Marie qui doit être en train de purifier son plexiglas ainsi que ses masques, ses mains, son corps entier et l'intérieur de son corps. J'en viens presque à souhaiter que son indifférence à mon égard soit causée par une liaison avec un amant, ce qui me rassurerait sur son état psychique. La nuit commence à tomber. J'ai définitivement perdu la trace de Kevin, qui a peut-être lui-même perdu la trace de la biche borgne.
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"De façon instinctive, presque hypnotique, je me rends dans le hall d'entrée de la maison. Je prends les clés du break. Je sais que Marie ne rentrera pas avant le soir. Je lui laisse un message, lui expliquant que je vais passer l'après-midi en compagnie d'un ami que je viens de retrouver, un type un peu étrange devenu survivaliste, J'ajoute que je prendrais les mesures qui s'imposent en matière prévention sanitaire. Je lui précise aussi, exactement comme dans mon rêve, que si je ne suis pas revenu avant le lendemain soir, elle pourra prévenir la police locale. Quand aux enfants, après les avoir salués, je leur annonce que je vais m'immoler sur le parking de l'hypermarché. Focalisés sur leurs écrans, comme prévu ils ne m'entendent pas, ne me voient pas, pas plus sans doute qu'une ombre dans un recoin flou de leur champ de vision."
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Je ressens exactement le scandale que constitue la simple vue de cet homme, Colpé, et de ses semblables, auxquels j'associe - dans une élan soudain de haine - Les Ch'tis à Miami et les médias de masse qui alimentent ce processus mortifère et irrémédiable. Brièvement, je me vois passer à l'acte, trucidant les producteurs des Ch'tis à Miami et tous ceux de leur espèce, concepteurs esclavagistes des réseaux sociaux et de programmes culturels au rabais, promoteurs de l'aliénation sous perfusion, unanimement destinés à divertir l'espèce pendant son auto-extermination et, bien entendu, à en récolter les bénéfices jusqu'à la lie. Sans les produits promus par ces crevures infâmes, mes enfants pourraient faire autre chose de leur jeune vie que d'agoniser dans un caisson d'étanchéité virtuelle.
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Le monde qu'ils ont à affronter et où il leur faut se projeter leur apparaît-il comme un tremblement de terre ou comme une fosse à purin? Ou comme un mélange monstrueux des deux? Ce que cette époque a détruit, ce sont nos conceptions en matière d'éducation. Quelle autorité pourrais-je bien leur imposer? Est-ce qu'on parle d'avenir aux patients d'un département de soins palliatifs? Je n'aurais pas dû faire d'enfant. C'est ce que je me dis, même si c'est une conclusion facile que je confonds avec une pensée courageuse et lucide. Par quel sordide égoïsme les gens s'emploient-il à assurer leur descendance? Afin de satisfaire quelle indistincte pulsion archaïque?
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Je mesure l'ampleur de la catastrophe. Du gouvernement, il n'y a plus rien à attendre. Le bien commun est devenu une utopie obsolète pour imbéciles heureux.
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Vidéo de Eric Chauvier
Eric Chauvier vous présente son ouvrage "Plexiglas mon amour" aux éditions Allia. Rentrée littéraire automne 2021.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2545362/eric-chauvier-plexiglas-mon-amour
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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