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EAN : 9782720215704
320 pages
Fayard/Pauvert (15/09/2021)
3.85/5   84 notes
Résumé :
Un soir de septembre à Lyon, un jeune homme d’extrême droite, M, se présente comme un « fan » et m’offre un verre.
J’accepte, intrigué par cette étrange adhésion. Qu’est-ce qu’il me trouve ? Qu’est-ce que cet individu peut donc priser dans un écrivain du bord opposé ? Nous avons certes quelques ennemis communs, mais les ennemis de mes ennemis sont-ils appelés à devenir automatiquement mes amis ?
Au fil de la discussion, il se confirme que ce qui nous u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Livre bien décapant livré ici par l'écrivain essayiste qu'est M. Begaudeau. En deux parties, nommées respectivement confusion et boussole.
La première s'articule autour d'une discussion avec un mystérieux M, désireux de rencontrer l'une de ses idoles (l'auteur donc) après une rencontre publique de ce dernier. La question posée est « Les amis de mes livres sont-ils mes amis ? ».
L'auteur dissèque méticuleusement, avec une acuité réjouissante les mécanismes à l'oeuvre dans les positionnements de son interlocuteur et l'illusion qui lui fait croire qu'ils partagent des idées.
« Mais alors le fascisme prétend toujours dépasser les vieux clivages pour ouvrir une troisième voie . Refusant les étiquettes, le sémillant M fait ce que le fascisme fait toujours à son émergence : semer la confusion. »
Cette partie est ardue à la lecture, mérite qu'on y revienne (je le fais en écrivant ces lignes) car M. Begaudeau « envoie du lourd ».
Tous les engagements, toutes les causes passent successivement à la moulinette du questionnement inquisiteur suscité par sa discussion à bâtons rompus.
Si vous vous pensez « de gauche » (seule condition pour lire Bégaudeau avec gourmandise) vous serez forcément sous le feu de certains de ses traits et contraints de vous arrêter pour y réfléchir. de ce point de vue, malgré la densité du propos, c'est réussi.
Mais moins que la seconde partie, Boussole, où il se livre à une introspection subtile et riche d'enseignements, analysant son rapport à l'engagement, au sens de ce qu'on appelle couramment « des causes », en gardant toujours le cap, son cap : « J'ai ma boussole. Ma boussole sociale – ma boussociale ? Ma boussole prolo ».
Pour finir par un magnifique éloge du temps perdu, le seul temps anticapitaliste.
C'est un très bel essai, très réussi pour qui ne rechigne pas à remettre en cause ses certitudes.
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Dans une première partie, notre auteur est invité par un de ses fans à boire un verre avec des amis, après avoir présenté son dernier livre en public. Il accepte. Et ils vont refaire le monde, confronter leurs idées, non pas comme un simple mortel, avec des clichés, des phrases répétées, des idées pré-machées, des commentaires usés. Nous ne sommes pas dans le dîner de famille banal et populaire. Non. Au fil des heures, il va découvrir un jeune qui n'est ni de droite ni de gauche, mais finalement davantage sur une extrémité droitière. Tout y passe, c'est jubilatoire, c'est profond, c'est intelligent, fait de raisonnements (très voire trop) peu communs. Dans la seconde partie, c'est presque plus intime, mais pas moins questionnant. le cerveau se régale... Seul bémol mais de taille : ce livre est pénible à lire, à force de demander une intelligence de tous les instants. C'est excessivement riche d'intelligence. J'ai adoré mais quelle concentration. Il faudrait des mois pour le décortiquer et presque l'apprendre par coeur !
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Confusion ou adaptation ?

Bégaudeau, un des derniers hommes de gauche à l'ancienne qui continue à penser que les questions économiques supplantent le sociétal, d'où sa propension à parler avec tout le monde et notamment le fameux M, son admirateur de l'autre bord.

Le rebondissement est aussi inattendu qu'enthousiasment lorsque l'on apprend que ce fameux M n'est autre que l'initiale de Mehdi. Incompréhension pour l'homme de gauche qui voudrait figer pour l'éternité celui qui affiche quelques ascendances immigrées, dans une idéologie obligatoire où l'indifférence au destin de la France doit être de mise. Alors que pour le nationaliste, l'assimilation, cette incongruité de principe, ne peut qu'émouvoir devant une défense et un amour du pays éternel.

Le livre est foisonnant, Bégaudeau fait réflexion de tout bois, traite un nombre incalculable de sujets dans une approche monologique de celui qui aurait perdu l'esprit.

Impossible de balayer l'intégralité de ce dont traite l'ouvrage, je m'en vais sélectionner quelques bribes éparses qui m'ont particulièrement interpellées.

D'abord, sa goguenardise à l'encontre de ceux qui défendent une identité multiple ou plurielle et qui en plus de faire un contresens puisque identité renvoie à identique, ils assoient un concept qui pour lui ne relève que de l'escroquerie, de la contrebande.

Puis ce passage où il dit que la parole raciste est un auto-érotisme. Et effectivement il y a comme une légère volupté à tenir des propos que la morale contemporaine réprouve. Ce qui a sûrement plus à voir avec la transgression, la subversion, qu'une quelconque teneur des propos en eux-mêmes.

Enfin, lorsqu'il affirme que l'idéalisme droitier relève de l'héroic-fantasy. C'est drôle et plutôt pertinent. Et je les envie ces Identitaires ontologiques. Imaginez le bonheur que ça doit être de vivre en permanence dans le seigneur des anneaux. Vos héros sont là, prêts au combat et en guise d'européens, d'africains, d'arabes, de juifs ou d'asiatiques, vous voyez des elfes, des orques, des gobelins, des gnomes et des farfadets.

Pour conclure, un livre construit comme une cathédrale, tout l'univers de l'auteur, sa cohérence et sa radicalité, convoquées sur quelques trois cents pages.

A l'en croire tout le monde est dans la confusion et lui seul entrevoit la pureté de la juste pensée, alors que nous autres pauvres bougres n'essayons que de nous adapter à l'époque et aux nouvelles données.


Samuel d'Halescourt
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D'une grande pugnacité intellectuelle, l'auteur met en scène une conversation qu'il aurait eue avec un certain Monsieur « M », représentant les points de vue d'une part de plus en plus grande de la population dans la mouvance RN (Rassemblement National). Il développe tous les thèmes qui lui sont chers, avec une analyse sans concession de notre société et des relations entre les individus. Ses raisonnements sont souvent alambiqués et difficiles à suivre, mais le gauchiste anarchiste qui ne jure que par le social émerge finalement de ces longues digressions. le titre optimiste est trompeur, car l'ensemble est très sombre et pessimiste, et seules quelques pages mettant en avant quelques avancées sociales justifient cette joie partagée.
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On m'a offert ce livre, que je n'aurais sans doute pas eu l'idée d'acheter autrement.
Quel désastre ! Il est d'une médiocrité intellectuelle rare.
On suit le flux de pensée d'un « auteur » dans sa conversation, un soir à Lyon autour d'une bière, avec un « fan » qui se révèle être d' « extrême-droite ».
Le livre est conforme à ce que ce synopsis laisse imaginer : il nous gratifie d'une longue succession de poncifs décousus et méprisants. On a là quelqu'un qui est si sûr de sa supériorité morale et politique qu'il s'en dispense de nourrir son propos de réflexions étayées et sourcées.
Florilège : « Dans le jus de crâne de ces bourgeois courtois mijote l'idée tribale que le pauvre et l'obèse le sont par leur faute. » (Ah?)
« Les conscrits de Valmy n'ont pas défendu la patrie mais une modalité circonstanciée de la patrie. » (Parfait sophisme)
« Si les Prussiens étaient venus apporter la collectivisation des moyens de production, les communards leur auraient ouvert les bras » (Complètement faux car occulte la dimension patriotique d'une partie de la Commune, largement étayée).
« Les retraites ont été arrachées par les communistes » contre les bourgeois (Faux comme l'ont déjà montré de nombreux livres; rappelons que le premier système de retraites complet date de 1941).
Aussi, des phrases d'une banalité consternante énoncées comme des puissantes vérités. Je cite : « La propriété et la police sont consubstantielles. » (Sans blague.)
« L'égoïsme est un altruisme appliqué à soi, à l'autre que je suis pour moi ». (Ok.)

En fait, ce livre s'adresse au jeune urbain cherchant à s'encanailler mentalement en lisant des formules « choc » dont la valeur pour l'esprit s'apparente à celle d'un menu Best Of pour l'estomac : ça fait plaisir, ça se lit vite, ça s'oublie encore plus vite mais on a fait le plein de calories pour la journée.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
"Je déclare sitôt après la consistance politique des livres en tant qu'autonomes.
Si lire est émancipateur c'est précisément en tant que lire ne sert à rien, ne sert rien, ne sert que la cause de la lecture . Lire ne prépare pas des victoires en éveillant des consciences, mais est en soi une victoire. Lire ne prépare pas l'échappée mais l'accomplit.
Par la lecture je déjoue l'insidieuse tentation, instillée en moi par l'ordre libéral-autoritaire, de rentabiliser mes heures . La lecture a des indices de performance nuls. La pratiquant, je me rends totalement improductif.
Si une heure de lecture est une entorse au rendement, une heure de littérature est un accident industriel. L'ambivalence des énoncés littéraires n'est pas utilisable, n'est pas recyclable, n'est pas rentable. Tous les livres de littérature sont de sable comme celui de Borgès ; Ils coulent entre mes doigts, je n'arrive pas à les retenir, je n'en retiens rien. Je ne peux rien accumuler comme un spéculateur stocke son blé pour le revendre au moment profitable. Ce n'est même pas un investissement à long terme. Avançant sur le sable littéraire, je ne capitalise rien. Ça irrite le capital, ça irrite les anticapitalistes. Qui ne lisent qu'utile. Qui ne lisent que pour s'armer contre le capital. Qui par les livres, s'ils en lisent, accumulent des idées comme d'autres des richesses. Je fais pareil à mes heures. A mes heures non perdues."

P312
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Lire et écrire vous dispensent de posséder, du moins de briguer des possessions. Vous dispensent d’une famille et donc d’une maison – un deux-pièces suffira. Vous dispensent de meubles. Vous dispensent de voyages coûteux. Vous dispensent de maintes saloperies disponibles en rayon.
Il m’en faut peu.
Par son seul exercice la lecture renseigne sur la suffisance du peu.
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Les libéraux bon teint affichent leur détestation de Trump parce qu'il est leur vrai visage. En Trump c'est leur reflet qu'il déteste, leur portrait de Dorian Gray, leur version sans filtre, leur ça sans surmoi. La personnification de leur sauvagerie utilitariste. 
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Ce n'est pas sous la contrainte européenne que les dirigeants politiques et économiques français ont démantelé l'industrie locale, bradé Alstom, sous-traité à la Chine la production de médicaments, vendu à vil prix les autoroutes, entre autres marchandage patriotes. Elle l'ont fait toutes seules comme des grandes. Souverainement.
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Pendant que tu suis la braillarde campagne présidentielle, le techno-capitalisme conforte à bas bruit ses positions. Aux dernières nouvelles aucun des dirigeants des GAFAM ne brigue un mandat électoral.
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Vidéo de François Bégaudeau
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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