7 ans de réflexion peut être, depuis « Les blancs, les Juifs et nous » , le temps de laisser maturer et infuser dans le corps social blanc et plus particulièrement dans celui de la gauche blanche, l'idée d'antiracisme politique, de racisme d'état ,de colonialité.
Ici il est toujours question d'amour révolutionnaire, mais la déclaration ne s'adresse plus aux mêmes.
Ici
Houria Bouteldja délaisse un peu l'écriture pour l'architecture, celle d'un récit ordonnancé ou à partir du concept gramscien d'Etat intégral , elle compose et élabore au terme d'un cheminement historique , la genèse et l'avènement de son prolongement colonial, l'Etat racial intégral , soit le stade suprême du marché de dupes proposé par les dominants aux dominés ,bonneteau infaillible, qui fait mine d'inclure les gueux dans le grand projet civilisationnel , en leur désignant l'indigène , comme menace et corps étranger à sa blanchité pour mieux obtenir sa reddition politique.
Ce pacte faustien non content de confiner d'avantage, les dominés dans leur statut de classe en-soi, les dépersonnalise, les soustrait au régime de solidarité et de coopération à l'oeuvre chez leurs homologues racisés, et jalouser dans le même temps la préservation de leurs repères et marqueurs identitaires .
Et c'est avec beaucoup de mérite qu'
Houria Bouteldja tente dans la seconde partie de son livre dans une approche matérialiste de donner corps a l'indispensable jonction entre Beaufs et Barbares, ou le passage à un statut de classe pour-soi, en prenant le pari de réinjecter l'idée d'un Etat-nation partagée, par la sortie de l'Union Européenne, état racial intégral au carré ,s'il en est.
A partir de là il n'est malheureusement pas interdit de s'interroger non pas tant sur la légitimité de sortir de l'Europe libérale pour un retour/détour par le cadre national, mais plutôt sur le possibilité réelle d'un Etat Nation commun et partagé, tant les symboles et l'existence proprement dite de l'un s'est corolairement constituée à travers l'histoire et encore aujourd'hui , par la destruction et l'anéantissement des autres.