Une analyse de la communication telle que nous la vivons en ce temps de crise, où le format (encore plus que la forme) est plus important que le fond. Dans les "éditions spéciales" quotidiennes de nos journaux télévisés, la parole des scientifiques est inaudible car elle est toujours réduite ou coupée par les journalistes ou autres communicants.
D'après Jean-Yves Chevallier, ce primat de la communication sur la science se retrouve aussi dans la formation des élites qui gouvernent notre pays. Pour ces élites, la "petite phrase" est souvent préférée à une expression plus structurée. Si on veut redonner une valeur à l'action politique, il faut "faire pencher un peu la balance du côté de la connaissance aux dépens de la communication." Et dans notre vie quotidienne, peut-être éteindre la télé et prendre un bon livre !
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Cette crise Covid montre que ceux qui prennent le skeptron (bâton qui autorisait la prise de parole dans les assemblées dans la Grèce antique) ne sont pas des experts mais des communicants.. Dans les médias, ils donnent une opinion sur tout, sur rien, sans contenu sérieux, sans vraiment connaître le sujet.
Les experts passent mal à la télévision.
Pour les élites actuelles, l'important est de maîtriser la communication, ses codes. La communication est enseignée sur fond d'ignorance des élites.
Il faudrait former des élites qui ne soient pas que des communicants, rétablir les apprentissages sur le temps long.
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Une petite chronique parlant de l'appauvrissement de l'éducation qui se remarque, d'exemple : dans les sujets des concours d'entrées en IEP, d'où la mal-information de nos jours malgré les nombreuses sources d'informations ; qui de part cet appauvrissement des connaissances de nous tous, les "informés" n'exulte pas l'information alors que le temps médiatique est à la "saturation".
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La saturation du temps médiatique en période de confinement par ces débats tournant en rond et le décalage qui apparaît avec la gravité de la situation permettent de prendre conscience de l’impasse dans laquelle nous étions engagés. La première chose à faire est sans doute d’éteindre le poste, de prendre un livre. À la fin du confinement, à titre individuel, c’est promis, on changera le fond sonore pendant la vaisselle du soir. On ne voudrait pas, quand même, relever de la sentence de Bernanos qui écrivait (en 1944 !) : "Être informé de tout et condamné ainsi à ne rien comprendre, tel est le sort des imbéciles. "
Surtout, on s’interroge sur cette "élite" très particulière à qui on a négligemment confié le "skeptron", simple bâton qui, dans les assemblées de la Grèce archaïque, passait de main en main et conférait le droit à la parole. On confesse qu’il y avait déjà, avant la crise, des activités dont on n’était pas bien fier mais auxquelles on se laissait aller, par lassitude, après une journée de travail. Écouter tels ou tels "informés" sur le coup de vingt heures – il n’était pas alors question d’applaudir sur son balcon –, en préparant le dîner ou en faisant la vaisselle, était de celles-là.
La communication s'enseigne mieux sur un fond d'ignorance, comme la lumière se propage plus vite dans le vide qu'à travers un solide en verre. Pour apprendre à parler avec aplomb de n'importe quel sujet, mieux vaut n'en véritablement connaître aucun.
Bien sûr, c'est la société tout entière qui, depuis longtemps, est frappée par l'obsession des réunions où on n'apprend rien, où les banalités roulent de l'un à l'autre et d'où on sort sans avoir rien décidé, mais les palabres d"'informés" sur les médias dominants ont la quintessence.
(...) bref, on donne une opinion sur tout, alors qu'on ne sait à peu près rien, que les données manquent, que la variation d'un paramètre peut tout changer.