Le récit romancé de la découverte d'une espèce éteinte par deux chercheuses de fossiles anglaises, au début du XIXe siècle. Leurs classes sociales les opposent, mais elles deviendront amies. Une bonne lecture tranquille pour l'hiver, pour découvrir la société anglaise de l'époque, voir comment les scientifiques devaient négocier avec les collectionneurs pour obtenir des pièces d'études et lutter contre les préjugés religieux.
Une critique enthousiaste m'a poussé à tirer de ma pile ce roman de
Tracy Chevalier, dont «
La jeune fille à la perle » m'avait fasciné dans le passé.
Les personnages de «
Prodigieuses créatures » sont moins magnétiques que ceux de ce roman-là. le plaisir de lecture était dès lors moins intense, mais j'ai tout de même passé un bon moment.
C'est un livre pour l'hiver, dirais-je. Un livre tranquille à lire au coin du feu, pour se plonger dans une ambiance du passé, sans se faire secouer.
Au centre du récit, deux femmes Elisabeth Philpot et Mary Anning. Elles ont réellement existé. Elisabeth et ses deux soeurs cadettes se voient obligées de quitter leur belle demeure londonienne pour s'installer sur la côte anglaise, à Lyme Regis, où le coût de la vie est moindre. Femmes de bonne famille, elles vivent sans homme, avec leur bonne vieille servante. Elisabeth s'intéressent aux fossiles, qu'elle étudient dans les livres.
Mary à toujours vécu à Lyme Regis. Elle a le don pour repérer de nombreux fossiles sur la plage et les falaises. Elle les nettoie et en fait de beaux objets qu'elle vend aux touristes, pour survivre. Elle n'a pas lu les livres…
Malgré l'opposition de leurs milieux sociaux, Elisabeth et Mary deviennent complices et amies. Un jour, Mary découvre un fossile plus grand, qui ne ressemble pas aux animaux qu'elle connaît. Et puis d'autres, tout aussi intriguants. Elle les vend à des collectionneurs, qui la laissent dans l'ombre lorsque ces fossiles acquièrent de la renommée. L'Angleterre de cette époque était un monde d'hommes (les locaux de la Geological Society n'étaient pas accessibles aux femmes), des hommes dont la culture les empêchait de faire preuve de la moindre considération envers une femme du milieu social de Mary. Heureusement, Elisabeth sera là pour redorer son blason !
J'ai été intéressé par la place des collectionneurs de fossiles, qui fournissent les musées et les universités, comme on pourrait l'imaginer pour des collectionneurs d'objets d'art. Les préjugés liés à la religion m'ont également intéressé. Ainsi, on pensait qu'il était impossible qu'une espèce puisse s'éteindre, car cela serait un signe d'imperfection des desseins divins. Ou encore, on n'admettait pas que des animaux puissent se retrouver fossilisés, c'est-à-dire mêlés à la pierre, étant donné que Dieux a d'abord créé la Terre, et ensuite les animaux.
Donc bref, un bon tableau de société, écrit dans un style fluide dont on ne se lasse pas. le récit est écrit à la première personne, en alternant Mary et Elisabeth comme narratrice, ce qui permet de bien mettre en évidence leurs différences sociales, mais aussi le lien d'amitié qui finit par les unir.
Tracy Chevalier décrit ses personnages avec une finesse remarquable; c'est une auteure que je continuerai sans hésitation à suivre. Néanmoins, je maintiens que les personnages de «
La jeune fille à la perle » étaient bien plus fascinants…