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Yves Chevrefils Desbiolles (Autre) Waldemar-George (Autre)
EAN : 9782711875191
120 pages
Réunion des Musées Nationaux (27/05/2020)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Marc Chagall (1887-1985) et ses tableaux dans lesquels des personnages - des âmes ! - ondoient dans un ciel mobile et coloré, sont connus de tous. Le critique d'art Waldemar-George (1893-1970) est quant à lui, aujourd'hui, bien moins célèbre même si sa plume fut l'une des plus influentes de l'entredeux-guerres. Or Waldemar-George a organisé la première exposition parisienne du peintre en 1924. Il a écrit de nombreux textes sur cet artiste dont une monographie restée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai reçu ce livre dans le cadre de masse critique et je remercie donc vivement babelio et l'éditeur.
J'avais choisi ce livre car je suis amoureuse de la peinture de Chagall, de la poésie qui s'en  dégage, son côté féerique, son caractère justement à contre courant qui ne suit ni les modes, ni les dictats officiels de l'académisme.
Personnellement, j'aime tout ce qui fait cette peinture, l'influence culturelle et religieuse russe et juive, la fréquentation des peintres français lors de son premier séjour à Paris entre 1910 et 1914, etc.
Le fauvisme, l'impressionnisme, le cubisme ont sans nul doute inspiré Chagall durant ce séjour alors qu'il ne mangeait pas toujours à sa faim. Mais il éprouvait alors une grande sensation de liberté, et c'est peut-être ce que l'on ressent dans sa peinture et qui en fait la différence. Les événements de la guerre dans tous les pays où il a séjourné, dans sa ville natale de Vitebsk, à Paris où à Gordes dans le sud de la France, à Berlin, ne peuvent que marquer sa peinture de même que son séjour en Amérique.

Waldemar-Georges est un critique d'art influent qui a connu Chagall dès son premier séjour en France et l'a suivi jusqu'à la fin. Il propose au peintre, en 1963, un essai intitulé Chagall et l'orient de l'esprit. Chagall, alors travaillant au plafond de l'opéra de Paris, n'en veut pas, préférant "ne pas trop s'arrêter sur le côté biographique", mais souligner plutôt le côté technique de sa peinture. Et l'on apprend que Chagall souffrait d'un sentiment d'infériorité de par ses origines juives, mais aussi face à ceux qu'il considérait comme des "grands" (les autres peintres de Paris notamment).
Cet essai n'a donc pas été publié comme il était prévu en 1964, et retrouvé il y a peu dans les archives de Waldemar-Georges, il est donc édité en 2020, avec l'autorisation de ses héritiers, je suppose.
S'ensuit un chapitre très instructif intitulé "histoire d'une oeuvre" qui détaille les influences du peintre sur quelques tableaux, chapitre auquel on peut facilement se référer si l'on veut mieux comprendre le parcours à la fois pictural et humain de Chagall.

Pour ma part, je resterai toujours émerveillée par cet artiste qui a pour moi une auréole quasi mystique. Même sans tout comprendre, on peut être touché par la force de la peinture, juste par l'émotion qu'elle fait naître en nous.
C'est ça le génie, non ?

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« Artiste barbare et raffiné, savant et puéril, peintre byzantin et peintre universel, Chagall réconcilie l'Occident et l'Orient, l'esprit géométrique et la pensée mystique. S'il garde la nostalgie de la partie du monde où le soleil se lève à l'équinoxe, il a une formation purement européenne. L'Orient, selon Chagall, n'est qu'un accroissement de notre capital de rêve et de fiction. »
Je remercie Babelio pour l'envoi de cet ouvrage suite à une masse critique. Ce livre n'a failli ne jamais me parvenir et, après l'avoir attendu, c'est moi qui ai été rattrapée par le facteur temps et ses péripéties incontrôlables avant de pouvoir enfin me plonger dans cette lecture et vous en faire retour.
Pourtant Marc Chagall siège en bonne place au-dessus de mon bureau et m'accompagne depuis longtemps déjà, habillant mes murs, semant des cartes un peu partout : petits bouts d'images dupliquées d'une oeuvre enivrante.
Waldemar George, influent critique d'art de la première moitié du XXème siècle et soutien fervent du peintre Chagall, avait écrit un essai sur l'art pictural de l'artiste, ses influences. Or dans une « lettre aux lecteurs » que nous découvrons à la fin de l'ouvrage, Mr George nous fait part du refus de Chagall à la parution de cet essai, du moins de ses relectures excessives, pointues et répressives jusqu'au « feu vert » non attribué pour la publication.
Alors la question immédiate est pourquoi ce refus ? Pourquoi cette résistance à revenir sur un pan autobiographique, sur des influences culturelles lesquelles ont de toute évidence un vrai rôle à jouer dans son oeuvre ?
Cet essai n'a pas pour objet de répondre à cette énigme : le temps a passé et seul le jeu des interprétations hypothétiques pourrait tenter d'apporter des pistes de réponses. Quelques données biographiques laissent entendre, dans les quelques pages introductives à l'essai, le mauvais timing entre un Chagall au sommet de son art, en pleine réalisation du plafond de l'Opéra-Garnier qui ne désire plus se retourner sur le passé, un passé dont on devine bien sûr la dimension dramatique, la menace constante, loin du présent auquel le peintre veut se consacrer pleinement….
Toute la valeur de cet essai réside dans la connaissance presque intime du critique d'art. « (…) je suis le seul écrivain d'art vivant qui connaisse ce qu'on pourrait appeler l'hinterland ethnique de Marc Chagall et de ses oeuvres peintes. Je puis donc apprécier à sa valeur exacte sa résonance immédiate dans son art. Je suis, d'autre part, à même de me rendre compte des rapports qui existent entre le style de Chagall et l'âme juive. »
Sans doute voit-il en Chagall un double, un reflet de part leurs origines communes, une judéité partagée jusqu'à la conversion de Waldemar-George… Connaissance de l'expert et de l'ami qui nous offre à voir, à relier, à nous immerger dans l'univers onirique, non empêché par le cadre, ni même par la technique, laquelle est présente mais hors dogmes ou courants…Le choix des oeuvres nous raconte ainsi la vie du Peintre de Vitebsk, sa perception, sa façon d'envisager le réel, le monde, ses rencontres avec les artistes du tout paris de l'entre-deux guerres…Essai par conséquent précieux pour qui aime ou découvre l'art de Chagall.
Peintre universel à mes yeux : le foisonnement, les couleurs, l'imaginaire appellent à la vie dans ce qu'elle a de plus flamboyant, de plus tragique aussi à l'image d'une roue de fortune, de destin qui nous brasse, nous envole, nous vibre. Ses oeuvres s'adressent à notre commun au-delà des codes. le propre de l'art me direz-vous ! Seulement l'expression « chagallienne » est toute empreinte de symbolisme : à la façon du rêve comme une langue propre, où le temps s'étire, défie tout cadre, où la parole échappe aux convenances et prône l'inconscient en maître.
« L'oeuvre d'art, selon Chagall, n'est pas une projection de la vie extérieure. La réalité fait place à la fiction qui en exprime l'essence. » Cette phrase sonne si juste pour signifier le travail du peintre et sonne en écho du travail littéraire dans l'art de nous conter des histoires, des souvenirs, des vies, des espoirs et dans cet imaginaire ubuesque et poétique nous émouvoir en nous faisant frôler un peu l'essence/les sens de l'existence…
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Manipulé par Chagall, le cubisme n'est ni un jeu de construction gratuit, ni une nouvelle genèse de la nature des choses, ni un calcul de probabilité. C'est une piste d'envol et un tremplin. Le peintre perfore les murs et renverse les maisons. Il incline ou retourne les objets. Son monde à l'envers entre en transes. La laitière tombe du ciel. Sa tête la suit de loin. La vache se tient debout sur un toit à pentes raides : À la Russie, aux ânes et aux autres (1912). L'œuvre d'art, selon Chagall, n'est pas une projection de la vie extérieure. La réalité fait place à la fiction qui en exprime l'essence.
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Si les motifs des tableaux de Chagall heurtent l'opinion commune, ils ne sont pas absurdes ou arbitraires. Ils ont un sens caché. Mais la folie, dont Erasme fait l'éloge, n'est pas l'unique argument de l'artiste. Si Paris à travers la fenêtre (1931) est un paysage dans lequel il marie la tour Eiffel et l'île Saint-Louis, si les silhouettes de ses promeneurs couchés ont l'air de se promener sur un lit de nuages, si le chat a un visage humain et si le personnage assis au premier plan est un homme à deux têtes, Chagall compose toute une suite de portraits qui n'échappent à la norme que parce qu'ils ont une âme.
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