« Tout le monde était passé à côté de ce livre et moi seul je l'avais découvert. »
Quiconque a fait de la lecture une de ses activités favorites sait que, progressivement, son rapport au subjectif ne fait que croître au fur et à mesure que sa maîtrise littéraire progresse. le rationnel s'oppose à l'affectif dans un combat sans juge et épuisant.
Le livre
L'Été, deux fois, de
Christian Costa est assurément un chef d'oeuvre. Méconnu du plus grand nombre certes, mais cela n'est pas grave. Car ceux qui savent, savent. Alors lorsque
Fabrice Chillet le découvre puis se le fait voler à une table des Initiés - café rouennais bien nommé – la perte est immense et se doit d'être réparée.
C'est de ce postulat que démarre la quête de
Fabrice Chillet dans
N'ajouter rien, petite fugue littéraire au charme fou qui, mélangeant réalité et fiction, va entraîner l'auteur sur les traces de Costa et de ses exemplaires disparus, pour retrouver le Graal et en démonter la légende.
« le temps travaille pour la perte, quoi qu'on puisse espérer. Il en va des livres comme des hommes. Si l'on veut entretenir la flamme, il faut forger sans cesse d'autres rebondissements. Construire des catastrophes, des accidents, des troubles. »
Au-delà de cette quête, c'est toute la quatrième dimension de la littérature et de la lecture que Chillet explore ; celle irrationnelle qui voit l'affectif déborder de l'activité intellectuelle et, parfois, entraîner le lecteur dans une forme de démesure que d'aucuns comparent à de l'addiction.
Ode au livre, à sa matière vivante et intemporelle, mais aussi à l'écriture dans toutes ses dimensions jubilatoires comme expiatoires,
N'ajouter rien est un délice de lecture dont l'apparente humilité narrative cache un gros talent. Pas étonnant, il est Rouennais ! On peut donc se précipiter.
Et ne pas oublier : « Un livre qu'on aime doit se tenir debout. Droit. »
N'ajouter rien…