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« Tout le monde était passé à côté de ce livre et moi seul je l'avais découvert. »

Quiconque a fait de la lecture une de ses activités favorites sait que, progressivement, son rapport au subjectif ne fait que croître au fur et à mesure que sa maîtrise littéraire progresse. le rationnel s'oppose à l'affectif dans un combat sans juge et épuisant.

Le livre L'Été, deux fois, de Christian Costa est assurément un chef d'oeuvre. Méconnu du plus grand nombre certes, mais cela n'est pas grave. Car ceux qui savent, savent. Alors lorsque Fabrice Chillet le découvre puis se le fait voler à une table des Initiés - café rouennais bien nommé – la perte est immense et se doit d'être réparée.

C'est de ce postulat que démarre la quête de Fabrice Chillet dans N'ajouter rien, petite fugue littéraire au charme fou qui, mélangeant réalité et fiction, va entraîner l'auteur sur les traces de Costa et de ses exemplaires disparus, pour retrouver le Graal et en démonter la légende.

« le temps travaille pour la perte, quoi qu'on puisse espérer. Il en va des livres comme des hommes. Si l'on veut entretenir la flamme, il faut forger sans cesse d'autres rebondissements. Construire des catastrophes, des accidents, des troubles. »

Au-delà de cette quête, c'est toute la quatrième dimension de la littérature et de la lecture que Chillet explore ; celle irrationnelle qui voit l'affectif déborder de l'activité intellectuelle et, parfois, entraîner le lecteur dans une forme de démesure que d'aucuns comparent à de l'addiction.

Ode au livre, à sa matière vivante et intemporelle, mais aussi à l'écriture dans toutes ses dimensions jubilatoires comme expiatoires, N'ajouter rien est un délice de lecture dont l'apparente humilité narrative cache un gros talent. Pas étonnant, il est Rouennais ! On peut donc se précipiter.

Et ne pas oublier : « Un livre qu'on aime doit se tenir debout. Droit. » N'ajouter rien
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Le livre le plus dangereux de la rentrée littéraire. Oui j'ai bien dit dangereux. Car il est capable de vous faire virer à l'obsession. de vous transporter dans le monde des tocs littéraires qui font que Guillaume Dalban passera trente ans à tenter de faire rééditer un livre méconnu des éditions de Minuit. La vie est un livre de Fabrice Chillet. La comédie humaine s'agite devant les palabres de lecteurs aux lubies incessantes. « La réalité dépasse la fiction » n'est pas un mythe.

L'été, deux fois, 1989, Christian Costa. Vous n'avez sûrement pas lu son roman et vous ne connaissez pas cet auteur mais vous risquez d'acheter deux livres à la fin de cette chronique. L'un était épuisé il y a quelques mois et a été réédité tant on a senti qu'un mystère littéraire se cachait derrière lui et que j'attends de recevoir avec impatience. le second, de Fabrice Chillet est brillant dans sa construction de mise en abîme incessante. Tout débute par un vol du livre de Christian Costa sur une table de café. (N'imaginez pas que cela vous arrive, vous allez passer une mauvaise journée). Une absence légère aux toilettes, le roman disparaît et l'enquête modianesque que vous trouverez au coin de la table ne vous laissera pas indifférent. Entre fiction et réalité, entre faux semblants et évidences, Fabrice Chillet livre l'écrin le plus précieux qui soit. S'y trouve un roman dans le roman, un personnage dans le personnage, une poupée russe de poupée russe. N'ajouter rien fait partie de ces romans où l'amour des mots revêt une importance singulière, celle de faire parler l'auteur sans en avoir l'air. Il s'agit ici de traverser la difficulté d'écrire, de n'être parfois qu'un écrivain fantôme ou de ne pas penser avoir assez de talent pour passer après Stendhal et Perec.

« Un boiteux ne révèle son infirmité que lorsqu'il marche. Sinon, il ressemble à tout le monde. Mais dès lors qu'on sait qu'il est boiteux, on le voit claudiquer quand il est assis ».

La fascination littéraire opère avec le mystérieux Guillaume Daban, dernier propriétaire du seul roman de Christian Costa. Auteur à un seul roman, n'étant pas gage d'absence de qualité, sosie officiel de Gerard Depardieu dans Les Valseuses et Dennis Wilson, le batteur des Beach Boys, sur une planche de surf, Christian Costa est une sorte de chimère insaisissable qui ne demande qu'à rester cachée. Si son éditeur n'avait plus de nouvelles de lui, le mystère continue de s'épaissir pour notre grand bonheur. Pour l'une des rares fois dans ma vie, je ne souhaitais pas savoir. Je ne souhaitais pas réellement connaître tous les détails. Effleurer le mystère suffisait pour ne pas être déçu. En jouant sur les introspections respectives, Fabrice Chillet saisit par la pureté de son style où chaque mot s'imbrique comme une résolution d'énigme d'un roman de P.G Wodehouse. En trompant son monde avec différents artifices subtils, le narrateur et/ou l'auteur prennent le parti des losers magnifiques, de ceux qui par leur pugnacité arriveront peut-être à se libérer de leurs chimères.

« Je crois qu'il faut du temps pour comprendre l'espèce humaine. Davantage encore pour s'y accoutumer et s'immuniser contre les virus qu'elle est capable de générer.
Il en faut beaucoup moins pour s'en éloigner. »

En neuf chapitres, « N'ajouter rien » incarne toute la beauté romanesque que tout lecteur aime découvrir. Vous serez d'autant plus séduits par la qualité de l'ouvrage, du livre objet toujours aussi soigné du côté des artisans Bouclard. Des rabats aux couleurs du roman de Costa, mettent en valeur celui de Fabrice Chillet. Vous détenez à présent un petit trésor littéraire, qui, s'il vient à être épuisé dans 30 ans, sera tout aussi savoureux (mais je vous le vendrai bien trop cher). Parce que l'auteur maîtrise la formule de style avec parcimonie en touchant sa cible à chaque saillie. Ce roman est élégant, délicat, au style inimitable, ne se vole pas, se savoure, s'offre, se donne et se partage.
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A peine ouvert, j'ai été totalement happée par ce livre. Tout commence par le vol d'un livre dans un bistrot. Pas n'importe quel livre. Il s'agit d'un roman épuisé. le narrateur est désespéré et ce roman devient une obsession. Il faut à tout prix qu'il retrouve un exemplaire de « L'été, deux fois » de Christian Costa, paru aux éditions de Minuit en 1989.
Guillaume Daban est le seul et unique propriétaire des derniers exemplaires de ce livre. Il peut accéder à la demande, au désir du narrateur. Les deux hommes se rencontrent et se revoient régulièrement par la suite pour parler de leur passion commune pour cet écrivain.
La narrateur soupçonne Guillaume Daban d'être l'auteur du roman. Daban voulait être écrivain mais lorsqu'il a découvert le livre de Christian Costa, il a réalisé que le roman qu'il voulait écrire existait déjà. Alors il a consacré 30 ans de sa vie à organiser des expositions et à promouvoir cette oeuvre.
Un mystère plane tout au long de la lecture. le lecteur envisage divers scénario. C'est un livre original. En fait, l'histoire part de faits réels. « L'été, deux fois » existe réellement et a été épuisé jusqu'à cet été où les éditions de Minuit l'ont fait rééditer. Fabrice Chillet a rencontré Guillaume Daban plusieurs fois, comme le narrateur. Certaines scènes ont existé. Il s'agit d'une histoire totalement romanesque qui paraît dans la bien nommée collection « Tout est vrai ou presque » chez Bouclard.
Un roman qui parle de littérature, du lien entre fiction et réalité, je ne peux que l'aimer. En plus d'être brillant, il est très bien écrit. Je vous recommande le replay de la rencontre VLEEL, quand il sera disponible. Vous découvrirez un auteur très intéressant avec un discours qui m'a beaucoup plu.
Vous vous en doutez, après avoir lu « N'ajouter rien », j'ai très envie de lire « L'été, deux fois » !
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Brillant!
Un réel plaisir de lecture, pour ce court roman.
Le narrateur se fait voler, alors qu'il était aux toilettes d'un bar, un livre "L'été, deux fois" de Christian Costa paru aux éditions de Minuit, qu'il venait de récupérer dans une boîte à livres. Qu'importe, il pourra bien en racheter un exemplaire ailleurs, sauf que...le livre est introuvable! Epuisé en librairie, et à consulter sur place en bibliothèque...S'ensuite une (en)quête autour de ce livre, de son auteur mystérieux...
L'auteur joue avec beaucoup de finesse sur la frontière entre fiction et réalité, et entreprend finalement une réflexion plaisante et profonde sur le métier d'écrivain, sur la littérature, mais aussi sur la vie et notre rapport aux autres.
Le récit est un brin loufoque, mais conserve un certain sérieux, qui confère à l'oeuvre une forte originalité.
L'écriture est fine, et la construction sacrément intelligente.
Très prenant, et très agréable à lire.
Une seule envie maintenant, lire "L'été, deux fois"!
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Fabrice Chillet est un écrivain spécialiste des pas de côté (littéraires)... qui se dit in-capable d'inventer toute une histoire, mais tout à fait capable de mentir ! Et justement Bouclard a une collection à la mesure de son travail d'auteur : "Tout est vrai ou presque".
À la page de l'achevé d'imprimer il est indiqué : Cette quête a été publiée... pas "ce roman", "cette quête" !

Quand on lit N'ajouter rien on est chahuté d'un bout à l'autre entre vérité et fiction ; le mieux est de se laisser faire, de ne résister pas.
À la fin vous pourrez vouloir recoller les morceaux, ou pas. Moi, j'étais plutôt pour.

Le narrateur habite Rouen, oui et alors ? Il est plume au cabinet du maire, oui et alors ? Il a rêvé d'être écrivain et croule aujourd'hui sous les corvées administratives, oui et....
L'écrivain Chillet se nourrit de son vécu : ce n'est pas très original, mais jusqu'où, c'est ça la question ?

Mais laissons ça et revenons à l'histoire de ce lecteur rouennais qui lui ressemble et qui vient de trouver un roman dans une boîte à livres.
Au café où il s'installe pour commencer à le lire, il se le fait voler... (presque) sous son nez.
Il est furieux mais accrocheur : il se met à courir librairies, médiathèques et bouquinistes.
Peine perdue, il doit se rendre à l'évidence, "son" livre est épuisé, introuvable. Il enrage et a bientôt pour unique obsession de retrouver un exemplaire de L'Été, deux fois de Christian Costa publié en 1989, jamais réédité.
À force de s'agiter en tous sens, il tombe enfin sur une piste. le journaliste Alexandre Fillon lui ouvre une porte :
Guillaume Daban est son homme !

Mais la quête ne s'arrête pas là, même une fois le narrateur en possession du livre.
Il passera encore par les affres de la paranoia, se croira poursuivi, calomnié, moqué.
Il entrevoit toutefois la solution pour ne plus être un rédacteur-fantôme englué dans une routine administrative paralysante et retrouver le plaisir de l'écriture.
Arrivera-t-il à réaliser son rêve secret ? Trouvera-t-il autre chose ou quelqu'un d'autre, au bout de sa quête ?

Fabrice Chillet, lui, a atteint son but. Il nous a amusés, instruits, intrigués, ravis.
Dur de s'empêcher d'aller vérifier les infos qu'il nous a données sur Guillaume Daban et Christian Costa, voire d'en trouver de nouvelles !
Difficile de résister à la lecture de L'Été, deux fois (réédité aux Éditions de Minuit, septembre 2023)...

** mention spéciale beau bouquin aux éditions Bouclard pour qui la beauté et la qualité du livre comme objet ne sont pas de vains mots. Au toucher comme à l'oeil.
La couverture à rabats de N'ajouter rien est exceptionnelle, avec des fac-simile qui illustrent le contenu du livre de façon originale.



Lien : https://tillybayardrichard.t..
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Fabrice Chillet flirte volontiers avec la fiction et la non-fiction, trompant ainsi le lecteur par sa démarche. Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est faux ? Trouver un livre (réel) dans une boîte à livres, commencer à le lire dans un café : jusque là on s'identifie. le tournant arrive au moment où, s'absentant quelques minutes, le narrateur se rend compte que son livre lui a été volé. Commence alors une quête littéraire afin de se procurer un autre exemplaire, tenter de retrouver celui dérobé et, peut-être, se venger ! Si le livre-objet est au coeur de l'intrigue, ce sont pourtant les rencontres humaines autour de cet objet - précieux - qui mènent la danse. Un triangle littéraire se forme entre l'auteur, le narrateur et le passionné fétichiste d'un unique livre. le propos semble étrange (et l'est forcément un peu) mais l'absurdité ne prend jamais le dessus et le récit demeure cohérent. On déroule l'histoire avec envie et plaisir.

PS : La mise en abyme génère la curisoité de lire le roman de Christian Costa, "L'été deux fois".
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Quand le livre devient objet de désir et de convoitise.

Tout débute lorsque le narrateur se fait voler son livre dans un café.
Un livre somme toute banal d'un auteur inconnu trouvé dans une boîte à livres.

Mais tout se complique quand le narrateur veut acheter le livre pour le finir, car le roman n'est plus édité et un seul lecteur passionné détient tous les ouvrages…

La quête du Graal peut commencer.

Un roman étonnant, très bien écrit, qui joue avec nos nerfs. L'auteur réussit avec brio à nous embarquer dans cette enquête entre fiction et réalité.
Et l'on ressort de cette lecture avec l'envie irrépressible de lire ce fameux livre introuvable, L'été, deux fois, de Christian Costa.

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Rarement lu un roman-enquête qui m'ait autant captivé depuis… allez : "L'inconnue de la Seine", de Didier Blonde. Ou peut-être "La Maison aux livres" d'Enis Batur. Ou "Ferdière, psychiatre d'Antonin Artaud" tiens, d'Emmanuel Venet. Mais trêve de blabla. Certes, l'histoire du mystérieux roman "L'été, deux fois", de Christian Costa, ne m'était pas inconnue, car découverte dans un numéro de la revue Décapage il y a bien six ou sept ans me semble-t-il, mais pour accentuer le mythe (un homme s'éprend du roman, rachète le stock entier aux éditions de Minuit, l'expose dans une galerie, tente de le mettre sous un éclairage plus favorable) il fallait faire de cette anecdote de fou de littérature un véritable roman – chose faite avec ce brillant "N'ajouter rien". Les journalistes aiment parfois demander aux écrivains et aux autres quel est le roman qui a changé leur vie, les réponses, le plus souvent, sont calculées : on cite un classique comme on porte un vêtement de marque. Mais qu'en est-il lorsque vous vous entichez d'un inconnu ? Cet amour pour un livre, un personnage, une histoire, cache-t-elle une envie d' écriture ? Tentative de réponses élégante, avec fantaisie et style, pour un livre qui devrait, les jours, les mois et mêmes les années prochaines, faire de nombreux émules. Bijou.
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N'ajouter rien de Fabrice Chillet éditions Bouclard
Le narrateur s'est fait voler son livre dans un café. Très vite il se rend compte qu'il est introuvable en librairie. Cela devient une obsession. Et pas question de l'emprunter en bibliothèque. Il veut le posséder.  S'ensuivra une quête qui le conduira à différentes rencontres.
Ce livre qui se lit facilement est cependant très pointu intellectuellement, notamment en matière de références littéraires et cinématographiques. 
De plus le narrateur se procure rapidement (trop) le livre en question et la suite est une quête sur son sens caché, sur la raison de cette rupture de stock étrange. On y parle aussi de création, de message passé par un auteur, et de l'obsession des bibliophiles pour un livre et leur façon de l'honorer.
Ce livre n'est pas inintéressant mais le public sera confidentiel car très érudits. Le livre existe vraiment et on peut se le procurer car pas si introuvable que ça !
&&&
Littérature- livre disparu - obsession 
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mon esprit imaginatif est resté cette fois-ci sur le premier degré de ce livre et ne m'a rien fait ressentir. Cela était peut-être le but...
Je n'ai pas réussi à comprendre cet engouement pour un livre "volé" alors que Fabrice CHILLET n'en a lu qu'une vingtaine de pages, autant de démarche pour le retrouver et en faire une véritable obsession.
Les échanges avec sa connaissance passionnée également de l'oeuvre m'ont encore plus perdue dans ce méandres d'extrapolations.
N'ajouter rien....
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