Min-ho Choi est dessinateur bd et tout jeune marié. Sa nouvelle condition le pousse à chercher ce qu'il y a de mieux pour sa famille. Il décide de se rapprocher un peu plus de la nature, emménage à Uijeongbu, au pied des montagnes et décide surtout de louer un potager. Faute d'espace, c'est en périphérie de la ville qu'il trouve son coin de bonheur. Enfin, le bonheur n'arrive pas tout de suite. Pas simple pour un citadin ignorant de l'art du jardinage et de l'agriculture de faire pousser des légumes ! Heureusement, sa rencontre avec d'autres jardiniers sera source d'apprentissage.
Akata, l'ancien label manga de Delcourt, devient indépendant et se lance dans ses propres collections. Moi, jardinier citadin est un de ses premiers titres, un récit autobiographique où nous suivons l'auteur dans sa pratique potagère.
Ce dernier réussit à louer un petit lopin de terre dans un jardin collectif dirigé par une vieille mamie un peu péremptoire qui met notre homme tout de suite au travail ! C'est que la nature n'attend pas !
Min-ho Choi se retrouve tant bien que mal à bêcher cette terre dont il est responsable sans bien comprendre ce qu'il fait. Pourtant, l'homme bedonnant fait preuve de volonté et, au fil des jours, découvre en discutant avec les autres jardiniers du potager les principes de la nature et de la culture. Si chacun d'eux a ses propres motivations et ses propres techniques, l'auteur développe son amour pour la terre et son souhait de la protéger et de la respecter se fait prégnant. Moqueries de ses confrères, erreurs et déboires en tout genre seront le chemin inévitable avant de réussir à faire pousser quelque chose.
Suivant les saisons et ses changements météorologiques, on suit le parcours de notre apprenti cultivateur qui tâtonne un peu avant de trouver son rythme. Préparer la terre, faire les premiers semis, apprendre à les éclaircir pour mieux laisser la place aux autres, arroser, protéger des intempéries ou des nuisibles : le potager est exigeant en temps et en investissement. L'auteur l'apprend petit à petit et bien que cet univers n'est à l'origine pas le sien, il s'accroche avec opiniâtreté à ce travail qui bientôt le récompensera. Quoi de plus motivant que de déguster ses propres légumes dont le goût n'a rien à voir avec ceux de la grande distribution ? Mois après mois,
Min-ho Choi nous fait partager ces petites riens qui donnent du sens à la vie : voir grandir de petites pousses et frétiller de satisfaction (avant de voir le parallèle avec le ventre de sa femme !), découvrir que la nature sait se régénérer des mauvais pesticides du voisin, comprendre l'utilité de chaque plante et leur association productive. Ponctués de planches éducatives, l'ouvrage nous éclaire aussi de manière plus précise sur certaines techniques, des variétés de plantes, etc qui sera bon d'appliquer dans nos propres jardins.
Se décrivant avec beaucoup d'autodérision, l'auteur nous offre un récit rafraichissant qui sent bon l'enthousiasme et l'amour de la nature. Loin d'être un manuel de jardinage et d'agriculture, Moi, jardinier citadin, évoque plutôt ce mouvement de retour aux choses essentielles et simples, à une nourriture saine dépourvue de pesticides, à cet acte de prendre le temps de faire les choses. Il nous est rappelé tout le travail que les légumes exigent, la patience, l'importance d'écouter la nature mais le fruit du hasard aussi parfois. Il met également en avant la richesse des connaissances de ces jardiniers amateurs qui se plaisent à partager leurs connaissances avec les néophytes. Des échanges essentiels qui tissent des liens entre les hommes et valorise la transmission des savoirs.
Derrière une histoire un peu naïve, se cache finalement un récit engagé mais non militant. Associé au mouvement des Incroyables Comestibles dont le co-fondateur signe la préface,
Min-ho Choi met en avant des valeurs importantes qui s'opposent à la surconsommation et à la malbouffe.
Voilà de quoi donner envie aux citadins que nous sommes de se lancer dans un potager collectif ! Tous à vos bêches !
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