Ce grand classique du genre policier, ce titre si bien connu de la littérature anglaise n'a pas rempli les attentes que j'avais pour lui. Les vingt-cinq premières pages ne sont pas du tout accrocheuses et sont même un peu surfaites. Les personnages sont loin d'être convaincants : à peine arrivés au port et se rendant compte qu'ils ont une destination commune, une atmosphère méfiante s'installe, comme s'ils se doutent du drame qui va se jouer. Convenez que ce n'est pas crédible ! Un petit groupe de personnes amené à passer plusieurs jours de vacances ensemble sur une île célèbre cherche à lier connaissance normalement, non ? Mais rares sont ceux qui échangent quelques paroles. Ils sont sur leurs gardes comme s'ils s'attendaient à se faire voler leur portefeuille…
Dans les premiers chapitres, j'ai eu l'impression que les protagonistes n'étaient qu'un vague prétexte à une intrigue policière. Ils sont désincarnés, sans substance et semblent même presque enfantins (notamment dans la scène du train). Cette ambiance de suspense met le lecteur sous tension, mais leur fait perdre de la crédibilité. Ce qui leur nuit le plus, c'est le fait qu'on ne suive pas un personnage en particulier (ou même, qu'on n'ait pas de chapitres accordés à un narrateur spécifique, comme dans le Trône de Fer). Non, on suit les pensées de TOUS en même temps ! C'est relativement chaotique, et j'ai trouvé que cela créait une certaine distance entre eux et le lecteur. D'autant plus que les formulations ne sont pas très finement choisies : « le général Macarthur s'exclama : — Ah ! C'est splendide ! Cependant, en son for intérieur, il ne se sentait pas très à l'aise : "Fichu endroit pour vivre…" » Autant dire que cela ne m'a pas du tout plu.
Mais je blâme, je blâme alors que les formulations sont le produit du traducteur et non de l'auteur... Comment savoir qui est à l'origine de quoi ?
Ce que j'aurais préféré, ç'aurait peut-être été d'avoir plus de dialogues entre les vacanciers, plus de contacts, ce qui aurait permis d'en savoir un peu plus sur chacun d'entre eux de manière naturelle et progressive. Laisser planer un peu plus de mystère, en somme. Nous laisser croire à leurs mensonges. Ne pas rentrer dans leur tête à tout bout de champ pour voir que leurs paroles sont fausses.
Fort heureusement, cela arrive après. Quand le premier meurtre survient, l'action s'installe, les personnages s'interrogent, tentent de démêler la situation, montent des stratagèmes pour se démasquer et grâce à cela, semblent gagner en profondeur. Je me suis prise à lire avec plaisir, sans contrainte, alors que le début m'était plutôt pesant tant il était simpliste.
Honnêtement, le dénouement m'a surprise. Je ne m'attendais pas du tout à ça – soit parce que je manque d'imagination, soit parce que l'auteure a vraiment bien brouillé les pistes ! Les explications de fin sont plausibles, quand on y réfléchit, mais tellement inenvisageables que je loue la créativité de l'auteure pour avoir monté ça de toutes pièces !
En revanche, je n'ai pas été d'accord avec le choix du meurtrier, qui voulait tuer ses victimes par ordre de culpabilité. Pour moi, Mrs Rogers aurait dû être la première, suivie de Vera, Macarthur, Rogers, Blore, Emily, Armstrong, Lombard, Antony. En somme, Vera n'est pas si coupable que ça, à part céder aux caprices d'un gamin gâté et mettre moins d'énergie que nécessaire à le sauver. Comparé à Antony, qui a écrasé deux gosses et continue à faire des excès de vitesse sans éprouver le moindre remords, elle est nettement moins fautive (déjà, il y a deux fois moins de victimes !). Par ailleurs, elle semble être la plus inoffensive du groupe, la plus innocente – même si c'est une sorte de façade.
Et puis, je n'ai pas du tout trouvé crédible le fait que les cadavres s'« entassent » dans la maison au fil de l'histoire. Au fur et à mesure que les invités se font tuer, ils s'ajoutent dans la maison, chacun dans sa chambre, et ne gênent personne… Et le respect dû aux morts ? Pourquoi personne n'a eu l'idée de les enterrer ? Et les odeurs, alors ? Mais à la réflexion, l'action se déroule sur un peu plus de 48 heures, donc peut-être qu'il n'y en a pas encore…
Au final, c'est un petit livre qui devient facile à lire et divertissant au fur et à mesure de l'avancement. le huis-clos finit par être prenant, et nous aussi on se prend à chercher qui est coupable, si c'est l'un des « Nègres », si c'est une autre personne, caché sur l'île, une cause surnaturelle, ou autre chose… Même si le début n'est pas du tout accrocheur pour moi, la lecture reste quand même agréable et accessible à tous. Christie a une plume légère et fluide qui se lit facilement, l'action se met rapidement en place et le suspense est au rendez-vous. Mais je n'ai eu aucune attache pour les personnages – à part éventuellement Vera – et pour moi, c'est un gros problème.
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Très bon livre, bonne intrigue, on s'interoge jusqu'à la fin !
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Je pense que c'est le premier de Agatha qu'il faut lire. Ce livre m'a donné envie de lire les autres ^^
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L'iconique huis-clos dans une grande maison isolée, où les invités meurent les uns après les autres dans des circonstances mystérieuses et doivent deviner qui est le meurtrier qui se cache parmi eux avant que leur tour ne vienne. Ça m'a rappelé le film Clue, grand classique de mon enfance, que j'ai dû voir au moins cent fois et qui a clairement été inspiré de ce roman.
L'intrigue est bien construite, efficace et ludique, même si, de nos jours, le lecteur moyen étant plus habitué aux retournements inattendus, la fin surprenante ne nous paraît pas aussi surprenante qu'elle le devrait! Comme en témoigne l'utilisation éhontée du mot en "N", certains aspects du livre ne vieillissent pas très bien...
C'était tout de même une lecture divertissante. Je suis bien contente d'avoir enfin lu ce grand classique du genre policier, qui manquait à ma culture!
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