Le peu d’obscurité que je dilapide
c’est de l’air qui me manque
L’absence des dieux
ce fragment de quartz la contient toute
Nul œil pour fixer
le tremblement de la lumière
-
Je m’entête à fouiller ces décombres
les traces des grands hiéroglyphes
avant de tomber à mon tour
en poussière bien noire
en ossements vermoulus
pour avoir trop cherché
ce qui était perdu.
-
Ce qui s’élèvera
ce qui naîtra
est indicible
Les traces meurent d’être dites
elles déplacent le monde plus loin
à peine qu’un silence.
-
L’immensité est silencieuse
son image ne l’est pas
j’aime ce qui m’éblouit
puis accentue l’obscur en moi.
-
Sans m'arrêter
je passe
disant adieu
jour après jour
aux horizons
qui n'en finissent pas de se dérouler
Il y a toujours
quelque chose plus loin.
pp. 39-42 & 84.
Ferons-nous un jour le voyage
à travers tous ces ciels
de plus en plus clairs
défiant toutes les lois de l’ombre
Nous sommes de la nature
de la brume
en quête d’un peu de chaleur
qui la dissipe
Mais nous nous voûtons
pour soulever l’ombre
et secouer le froid de nos épaules
À glaner les tessons
du temps
à chercher les éclats de verre
dans la poussière
on ne fait pas l’éternité
La fenêtre s’ouvre
un écran immense où se tord la nuit
des lambeaux s’échappent
Le reflet du monde va s’éteindre
bien plus loin
La suite des jours est incertaine
l’air se met à vibrer
quand le sanglot de la nuit cesse
le temps est soudain clair
comme une goutte d’eau
Et le calme du ciel
épuise le courage
qui soulevait nos mains.
Le ciel est trop bas
pour qu'on puisse rire.