Cent lignes à un amant

Minuscule mais énorme. Inutile donc parfaitement indispensable. Plusieurs expressions similaires pourraient s'appliquer au petit recueil Cent lignes à un amant de Laure Anders, édité à La Boucherie Littéraire.
Comme une sorte de théorie des suites appliquée à la littérature, Cent ligne à un amant reprend à merveille la poésie simple de l'énumération, à l'image des Je me souviens aux 50 choses à ne pas oublier de faire avant de mourir de Georges Perec, des Cent titres aux listes de courses froissées de Sinon j'oublie de Clémentine Mélois, ou autres « sushis littéraires » de la Vie triée de Christophe Spielberger aux Gens qui s'aiment illustrés d'Elsa Hieramente. Ici, le petit album photos en forme de baisers revisite en cent courts items une courte relation amoureuse, de la conquête à la séparation.
Belle couverture écarlate. Format irrésistible à l'oeil et au toucher. le court recueil d'une vingtaine de pages est enserré de quelques pages vierges, avec l'idée - qui sait ? - de servir de support à l'imagination du lecteur. Tel un bibelot emprunt de souvenirs, un grigri contre la morosité à conserver dans son sac à main ou un doudou poétique à porter de main, Cent ligne à un amant est à laisser traîner ici ou là, petit manifeste de poésie contemporaine, à feuilleter de temps à autres.

« Il lui a dit : Tes baisers tu m'en feras cent lignes.
Voici ce qu'elle lui a répondu… »

Une énumération amoureuse, qui a fait briller mes yeux…
Tant de poésie dans ces cent lignes… et ces 99 baisers saveur poésie, maniés avec délicatesse.
Tant de vibrations ressenties à leurs lectures…
Tant de frissons qui ont parcouru mon corps…

Le charme a opéré inévitablement et cette collection de « jolis sandwichs poétiques », est d'une telle ingéniosité ! le texte pris, entre 80 pages blanches pour laisser nos songes, s'encrer librement. le papier d'une remarquable qualité n'en est pas en reste ! Un énorme, que dis-je, gigantesque coup de coeur !