Dans les départements techniques, il en allait autrement. Ils étaient morts. Les ordinateurs et les massives consoles électroniques étaient muets, leurs voyants éteints, leurs relais endormis. Quelques machines avaient les tripes à l'air et des hommes en blouses blanches les examinaient comme des devins cherchant un oracle dans les entrailles des poulets. Les fenêtres vertes de leurs yeux étaient vides. Leurs vrombissements électroniques s'étaient tus. Elles étaient mortes et les pièces aux murs d'une blancheur aseptique où elles gisaient étaient les salles d'opération où elles avaient succombé par manque de compréhension.
Adams avait une optique différente. « Ici, dans la journée, c'est à peu près normal. Tout est tranquille, tout a son aspect approprié. Mais, la nuit, quand l'écoute commence. Croyez-vous aux fantômes, Mr. Thomas ? »
— « Toutes les civilisations ont leurs fantômes. En général, ce sont les dieux de la précédente. »
— « Les fantômes de cette civilisation sont dans ses machines, » dit Adams. « Année après année, elles exécutent vos ordres, mécaniquement, sans protester. Et puis, soudain, elles sont possédées et elles font des choses pour lesquelles elles n'étaient pas créées, répondent à des questions qui n'ont jamais été posées, posent des questions qui n'ont pas de réponse. La nuit, les machines s'animent. Elles acquiescent, elles clignent de l'oeil, elles chuchotent entre elles, elles ricanent. »
Il était difficile de voir si les troupes antagonistes avaient des chefs. Mais ce qui est certain, c’est que le signal d’assaut fut donné au même moment de part et d’autre. Le tunnel contenant les touristes constituait un obstacle au corps à corps. Et, très vite, cette ligne de combat s’imposa comme limite symbolique. Grimpant les uns sur les autres faute de pouvoir s’agripper aux parois trop lisses, les hommes s’efforçaient de passer de l’autre côté du tunnel pour égorger, transpercer ou fusiller à bout portant leurs adversaires.