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EAN : 9782267030297
472 pages
Christian Bourgois Editeur (31/08/2017)
4/5   9 notes
Résumé :
La vie du père de l'écrivain, l'ancien ministre Luis Federico Cisneros Vizquerra, dit El Gaucho. Son fils interroge ses amitiés sulfureuses avec les tortionnaires d'Amérique latine et met en balance le père aimant et le dictateur.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Une histoire qui débute avec une séance jubilatoire chez le psychiatre. On y va pour cause de dépression suite à un bobo d'amour, on en ressort avec le bobo totalement discrédité par la vie adultère de papa avec maman, dont on est le fruit. On croyait avoir tout réglé avec le temps, eh bien non. le sujet du livre est justement ce retour au passé, pour réduire « la distance qui nous sépare » avec un père, déjà décédé, et trouver à travers lui, les pièces manquantes du puzzle de notre personnalité et de notre existence, qui nous font aujourd'hui souffrir, “Si je réussis à comprendre qui était vraiment mon père avant ma naissance, je pourrai peut-être comprendre qui je suis moi-même maintenant qu'il est mort.” Mais fouiller dans le passé peut autant révéler son lot de mauvaises surprises que de bonnes.
Le dit père n'est pas n'importe qui. Il est un personnage éminent de la dernière dictature militaire au Pérou (1968-1978, dictature soutenue par les États Unis) et d'après les propres paroles de son fils, “le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable “. El Gaucho est aussi redoutable avec son fils, un des nombreux de sa lignée,Les Cisneros Vizquerra. Pourtant cet homme, Don Juan machiste, est tout autre dans ses vies amoureuses que son fils découvrant sur la tard ( posthume), nous raconte avec un élan romanesque digne des grandes histoires d'amour de la littérature classique. Quand à ses relations avec ses enfants, au total six, de deux femmes différentes , elles sont plutôt compliquées, mais intéressantes, et révèlent l'ambiguïté du personnage.
Tant qu'il n'a pas à séduire, il est, aussi bien côté vie privé que public, l'homme qui détient le pouvoir, un pouvoir non discutable, redoutable comme le révèle l'histoire , aux conséquences néfastes, et aux zones d'ombres sulfureuses (« Augusto Pinochet, un autre de ses héros, ou plutôt de ses idoles.'' / « cet homme en uniforme qu'on voyait souvent à la télévision et qui, tous les matins, après nous avoir embrassés et avoir refermé derrière lui la porte donnant sur la rue, se transformait en criminel du peuple. »....).
C'est un roman passionnant, sur fond d'histoire du Pérou, où Cisneros avec beaucoup de courage redonne vie à un père, personnage criminel, paradoxal et complexe, à travers "l'autofiction". Derrière le personnage public redoutable, le militaire et politicien célèbre se cache « un homme tout à fait ordinaire ». Très très réussi et très bien écrit.

Je voudrais ajouter.....est-ce-que l'espérance d'un monde équitable, où ce genre de monstres, de tyrans, de dictateurs disparaîtraient à jamais, existe-t-elle ? Ou ce n'est qu'un leurre ??? Cette année j'ai lu de nombreux livres où ces vrais personnages ont croisé mon chemin, au passé, mais aussi, malheureusement toujours au présent......


« Peut-être qu'écrire, c'est s'exiler. Peut-être ce livre est-il une certaine forme d'exil. ».
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Renato Cisneros, l'auteur et narrateur va essayer de comprendre son histoire familiale suite à une séance chez son psy qui lui conseille de s'interroger sur la façon dont ses parents se sont rencontrés. Dans la distance qui nous sépare, Renato va donc revisiter le passé et à travers celui-ci le parcours de son père qui n'est autre que Cisnéro El Gaucho dépeint par son fils comme "le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable".
Ce général a donc été ministre de l'intérieur au Pérou de 1976 à 1978. Ami avec les tortionnaires Argentins, il censurera la presse, arrêtera les journalistes et n'hésitera pas à user et abuser de son pouvoir.
Ce livre est fort, et la tentative de Renato Cisneros pour comprendre ce père intransigeant aussi bien dans sa vie privée que dans la vie publique est tout à fait louable.
Il y a des passages particulièrement prenant et sublimement bien écrits.
Les pensées, les ressentis sont décrits avec beaucoup de force, les images associées sont à chaque fois très bien trouvées, la poésie n'est jamais loin.
Blessures, culpabilités n'épargnent personne et quel que soit l'âge, on ressent pour chacun la douleur, le manque.
Si le début commence chez un psy, tout le livre est imprégné d'éléments et de réflexions psychologiques, voire psychanalytiques d'où des passages intenses émotionnellement.
Tout au long de ce récit, Renato va s'apercevoir de la distance qui le sépare de son père mais aussi de ce qui le rapproche et le lie à lui. C'est un livre intense qui mérite d'être lu. J'ai appris beaucoup de chose !
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Célèbre présentateur de télévision au Pérou, Renato Cisnerost nous livre un roman à ressort très autobiographique en racontant sa relation avec son père,
un ministre et général ami de Pinochet et des dictateurs argentins.
Ayant du éplucher quantités d'archives officielles
pour découvrir le vrai visage de son
père, l'auteur tente ainsi de faire lumière sur les horreurs et les zones d'ombres de son père tout en tentant de
lui conserver une sorte d' amour filial malgré la distance qui les sépare..
Immerger ainsi dans les tréfonds de l'Histoire
sud-américaine est forcément difficile, même racontée sous le sceau de la sincérité et de cet amour père fils qui demeure contre vents et marées.. Un projet aussi Instructif que courageux!
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Il s'appelait Luis Cisneros Vizquerra (1926-1995). Il fumait jusqu'à 9 paquets de cigarettes par jour, buvait sans beaucoup de modération et, après deux mariages, resta un séducteur invétéré jusqu'à sa mort. Ne cherchez pas son nom sur le wikipédia français, il n'y figure pas. Il fut ministre de l'intérieur du Pérou puis de la guerre dans les années 80, symbole d'une droite autoritaire, ennemi juré de la gauche. Ah oui, il était aussi ami de Kissinger, Pinochet et Videla. Né en Argentine à cause de l'exil de son père, on l'a surnommé le "Gaucho". Il se trouve que son fils, Renato, poète, journaliste et romancier est aujourd'hui célèbre à son tour, lui qui n'a connu son père que pendant 18 ans. le livre qu'il lui consacre, La distance qui nous sépare, il le qualifie de roman d'autofiction. Mais attention, que les allergiques au genre, ce en quoi on ne peut leur donner tort, ne détournent pas la tête, c'est un ouvrage qui se lit comme un roman, comme un thriller parfois, comme une épopée historique, agencé de telle façon, entre enquête, mémoire familiale, témoignages, reconstitution et libres pensées qu'il en devient passionnant dès ses premières lignes, l'intérêt ne s'essoufflant pas grâce à la prose limpide de Cisneros. le livre est une lutte entre les sentiments d'un fils et l'exigence d'un écrivain, un acte de courage et d'honnêteté incontestable. Renato Cisneros a toujours été fasciné par ce père dont l'autorité domestique ne se relâchait jamais. Mais cet homme de conviction a aussi été un militaire intransigeant, brutal dans ses déclarations et ses actes. Notamment face aux exactions terroristes du Sentier lumineux mais aussi dans sa collaboration avec des dictatures à peine plus "molles" que celles d'Argentine ou du Chili. Controversé, attaqué de partout, il est pourtant défendu par un fils qui n'a pas été vraiment aimé, encore que, mais qui reste obsédé par ce père qu'il n'aura pas vu vieillir et avec lequel il n'aura jamais pu discuter d'homme à homme. Ce dialogue interrompu, il a tenté de le prolonger dans La distance qui nous sépare, véritable livre cathartique comme on n'en rencontre rarement de cette force et de cette intelligence. La distance qui nous sépare est un grand roman vrai et imaginaire, virtuose et humble à la fois.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Parce que son père est mort mais ne le quitte pas depuis vingt ans, Renato Cisernos va à sa recherche dans ce roman sincère, douloureux et courageux. Une pierre de plus dans la mare des livres consacrés au père, une pierre qui déclenche des remous concentriques qui vont mettre un sacré temps à s'estomper.

Luis Cisernos Visquerra, dit El Gaucho, a été général, Ministre de l'Intérieur, Ministre de la Guerre de plusieurs gouvernements militaires péruviens, porteur de plusieurs coups d'états, adversaire implacable, simultanément controversé et adulé du Sentier Lumineux.
le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable.

Renato a vécu dans cette ombre arrogante , séductrice, autoritaire, enfant incertain et froissé, fasciné par ce père qu'il avait "besoin de conquérir".

L'auteur - outre son père, mais aussi comme lui - endosse plusieurs générations d'hommes fantasques, marqués par le destin, aux amours prolifiques et atypiques. Cette empreinte est là qui impacte les parcours et les émotions des générations successives.

Veut-il confesser, dénoncer, minimiser, pardonner? Il se situe d'entrée de jeu dans un acte psychothérapeutique et ses chemins le mènent peu à peu  à un engendrement littéraire.

C'est quoi être le fils d'un titan tyrannique et de l'aimer? C'est quoi de le connaître en homme et non en loup? de déterrer ses blessures jamais avouées, sa généalogie pathogène? Renato veut comprendre tout cela, avec une fureur déterminée, à sa façon à lui, il écrit donc un roman et non une biographie, un roman différent de celui qu'écriraient ses frères et soeurs (les enfants de sa mère et ceux que Luis a abandonnés pour créer cette deuxième famille), ses femmes et ses mantes, ses compagnons politiques ou militaires, ses opposants traqués, torturés et tués, tous auteurs possibles d'histoires différentes.

Il y a  des pages dont la sincérité est d'une audace profonde, qui m'ont étreint le coeur, dans leur intensité, dans leur douceur intime. L'analyse implacable,  toute en subtilité, de cet attachement parfois révulsé, laisse par moments la place aux rares épanchements de cet homme fermé et haïssable. Il ressort de cette enfance qu'elle fut malgré tout protégée, et cependant heureuse. Tout autant que son père, on apprend à connaître Renatio, ce jeune homme délicat et tourmenté, poète et journaliste,  nonobstant fier de son arrogant paternel,, d'une honnêteté et  d'une  fidélité touchantes envers son passé, sa mère, ses frères et soeurs, sa famille tentaculaire et son histoire, ce jeune homme qui raconte son amour désarçonné pour un homme non aimable, un amour marqué par cette  "distance qui [les] sépare" .

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critiques presse (2)
LeFigaro
03 novembre 2017
Un redoutable chef militaire péruvien, pilier de la dictature et sinistre tortionnaire, raconté par son fils.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
15 septembre 2017
Dans « La distance qui nous sépare », Renato Cisneros revisite le Lima des années 1970-1980 au prisme de l’intime – l’écrivain est fils d’un militaire au pouvoir à cette époque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
* « Mon cher fils Federico, veille bien sur tes perspectives, car elles dépendent de tes aptitudes à t’imposer à la vie et à aimer les tiens !....
«  Tes aptitudes à t’imposer à la vie » ......En quoi consiste le défi de s’imposer à la vie ? Cela ne signifierait-il pas par hasard modifier le cours naturel de la vie, se rebeller contre son ordonnancement, se mutiner contre ses caprices ? S’imposer à la vie, c’est empêcher que la vie dicte les règles du jeu et définisse le périmètre de nos mouvements. S’imposer à la vie, c’est l’acculer, la soumettre, éluder ses pièges, se méfier de son charme, jouir de ses récompenses sur la pointe des pieds. C’est se méfier nécessairement de son apparente harmonie, douter de ses définitions et de ses stéréotypes. Si l’on permettait à la vie de nous entourer et de nous étouffer, comme une mer séductrice qui, calme dans un premier temps, se creuserait soudain pour tout emporter sur son passage, alors on perdrait toute perspective, toute distance, tout horizon. Si l’on n’est pas plus malin que la vie, si l’on ne voit pas plus loin que le bout de son nez, on ne peut pas appréhender l’avenir, on demeure immobile et l’on est incapable d’aimer.....
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Ce qui désormais vous désespère est de ne pas savoir. De ne pas être sûr, de ne faire que suspecter. L’ignorance est une détresse et la détresse une intempérie : voilà pourquoi elle vous irrite, vous étourdit et vous donne froid. Voilà pourquoi vous continuez à creuser. Pour savoir si vous avez bien connu votre père ou si vous n’avez fait que le voir passer. Pour savoir à quel point les souvenirs éparpillés dans les réunions familiales d’après-repas sont exacts ou déformés. Pour savoir ce que cachent les éternelles anecdotes qui, répétées comme des paraboles, dessinent parfaitement la surface de toute une vie, mais ne révèlent jamais son intimité : quelle vie détachée se dissimule derrière les fables domestiques dont la seule finalité est de sculpter une mythologie que vous ne supportez plus, dont vous n’avez plus besoin car, en plus, elle ne vous sert à rien pour répondre aux silencieuses, monumentales et gênantes questions qui compriment à présent votre cerveau.
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Accrochée à l’un des murs, on peut voir une représentation de Hunab Ku, le dieu créateur des Mayas. Ma sœur croit en ce dieu, elle est capable de lire le calendrier Maya et de repérer presque à coup sûr les énergies qui régissent notre univers. Elle a appris à lire ce calendrier à mon petit frère Facundo. Grâce à eux, j’ai su que mon signe solaire est l’Orage, ce qui signifie que je suis un individu inquiet de nature, libre, amical et énergique, même si cela ressemble plutôt à la description du caractère d’un lapin.
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Cette même année 1976 –quelques jours après être passé à Lima où mon père le reçut du mieux qu’il put, l’emmenant déjeuner au Suizo de La Herradura, puis prendre quelques verres de pisco sour au bar du Salto del Fraile –Kissinger se rendit précisément au Chili pour rencontrer Augusto Pinochet au Palais de La Moneda où il lui déclara : « Aux États-Unis, nous avons beaucoup de sympathie pour ce que vous tentez de faire ici. Le gouvernement précédent (celui de Salvador Allende) avait pris le chemin du communisme, et je pense que nous ne pouvons pas tolérer qu’un pays devienne communiste à cause de l’irresponsabilité de son peuple. Nous souhaitons bonne chance à votre gouvernement et nous espérons qu’il réussira. En tout cas, nous sommes tout à fait disposés à vous aider. »
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Je possède de petites cartes postales où mon père écrit des messages d’une rhétorique débridée à Lucila.
« Nombreux soient les 30 du mois que nous fêterons ensemble, mon amour. Ton Lucho. 30 juillet 1948. »
« Plaise à Dieu que je parvienne à réussir dans la vie pour t’offrir cela en gage d’adoration et d’idolâtrie. Ton Lucho. Septembre 1948. »
« Mon amour, je te demande juste de ne jamais me retirer la chance de t’adorer toute la vie. Ton Lucho. Octobre 1948. »
« Pour ma Lucila adorée, mon amour, ma vie, mon espérance, ma réalité, mon obsession. Tu es tout pour moi, mais avant tout, tu es à moi. Février 1949. »
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Video de Renato Cisneros (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Renato Cisneros
Renato Cisneros nous parle de son roman « Tu quitteras la terre » qui vient de paraître chez Christian Bourgois éditeur
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