Les éditions
Actes Sud ont décidé de publier en deux volumes l'intégralité des nouvelles de
Liu Cixin dans la belle traduction de
Gwennaël Gaffric. Ce livre est le premier de ces deux volumes. Certaines de ces nouvelles ne sont pas inédites en français ou en anglais. ● « le Chant de la baleine » raconte une nouvelle et originale façon de faire du trafic de drogue. ● Dans « Aux confins du microscopique », l'humanité tente de briser un quark, la plus petite unité de matière connue. ● « L'Effondrement » ne relate pas malgré son titre une apocalypse écologique mais un autre type d'effondrement. ● Dans « Avec ses yeux », un personnage prête ses yeux à un autre personnage. ● « le Feu de la terre » est une nouvelle de plus grande ampleur et relate un phénomène que je ne connaissais pas mais qui existe vraiment à plusieurs endroits de notre planète : l'incendie de mines de charbon entières depuis des années, parfois des décennies. ● «
Terre errante » a déjà été publié à part et raconte l'histoire de notre planète transformée en vaisseau spatial. ● « L'Instituteur du village » met en scène un instituteur qui dédie sa vie entière à ses élèves mais va bientôt mourir ; parallèlement, deux empires spatiaux, le Carboné et le Siliceux, s'affrontent. ● « le Micro-âge » nous montre une humanité en miniature. ● « Fibres » joue sur les univers parallèles de la théorie quantique. ● Avec « le Destin » on retrouve le thème du voyage dans le temps et de ses paradoxes. ● « Brouillage de toute la bande de fréquences » met en scène une guerre entre l'OTAN et la Russie. ● Dans « le Messager » on retrouve un scientifique bien connu qui avait pour violon d'Ingres… un violon, lui aussi. ● « le Battement d'ailes d'un papillon » reprend la théorie bien connue, mais cette fois elle est utilisée à des fins guerrières. ● « le Soleil de Chine » retrace l'itinéraire professionnel bien particulier de quelqu'un qui commence comme laveur de carreaux. ● « La Mer des rêves » met en scène un artiste extra-terrestre qui fonde son oeuvre sur les océans terrestres. ● « L'Ere des anges » raconte une histoire de génome humain modifié. ● Enfin, «
L'Equateur d'Einstein » cherche une théorie unifiée de l'univers, voire des univers, le rêve d'Einstein. ● Je suis un fan absolu de la trilogie de
Liu Cixin,
le Problème à trois corps, qui pour moi est un chef-d'oeuvre pas seulement de la science-fiction, mais bien de la littérature. ● Et malheureusement, à chaque fois que je lis une nouvelle du même auteur, je ne peux m'empêcher de faire la comparaison et d'être déçu. ● Même si les nouvelles sont loin d'être inintéressantes et sont toutes originales, elles ne peuvent pas avoir la même ampleur que la trilogie qui nous entraîne dans un récit à l'imagination échevelée où de multiples aspects de la physique et d'autres sciences, y compris humaines, sont sollicités. ● Ici chaque nouvelle traite un point en particulier, ça me fait moins rêver. ● de plus, déjà dans la trilogie on pouvait noter une propension à exalter la supériorité de la civilisation chinoise. Ici c'est plus net encore, avec des nouvelles qui parfois, comme « L'Ere des anges », rejettent carrément la civilisation occidentale et envoient le message que les droits de l'homme et autres préoccupations de la même eau sont des marottes purement occidentales, qui ne conviennent pas à toutes les cultures... ● Si dans la trilogie on pouvait penser que l'auteur voulait passer le cap de la censure, ici force est de constater qu'il est un prosélyte sincère et zélé du régime politique chinois actuel. Je trouve cela bien décevant de la part d'un auteur dont j'admire l'imagination débridée, le savoir scientifique, les talents de conteur… ● Pour finir, je citerai un passage qui m'a fait penser à
Proust, lorsque le narrateur regarde les gens dîner au Grand Hôtel de Balbec : « le restaurant ressemblait à un énorme aquarium, dans lequel les clients somptueusement habillés étaient un banc coloré de poissons d'ornement. » ● En tout cas, lisez plutôt
le Problème à trois corps ! le début est lent, on se demande où il veut en venir, mais ensuite on est récompensé de sa patience, fasciné par cette oeuvre magnifique.