Aurore

Je fais de la résistance. Ce roman a été réédité plus tard chez City Edition, sous le titre Un sacré numéro. Mais je préfère ce titre, cette couverture, et cette version, que j'ai découverts lors d'une opération promo. Alors voilà. J'ai lu ce roman il y a longtemps déjà, mais je l'ai déjà relu plusieurs fois, offert plusieurs fois. Il ne me paraissait pas normal qu'il n'ait pas sa place sur ce blog.

Trentenaire parisienne, Aurore ne respire pourtant pas la joie de vivre. Il faut dire que tout autour d'elle lui renvoie la médiocrité de sa vie. Son père est un homme d'affaire réputé. Sa mère est la présidente d'une des plus célèbres marques de macarons de la place Vendôme. Son frère est un horloger connu dans le monde entier, sur le point de se marier. Et elle... travaille dans l'entreprise de maman et est toujours célibataire. Jusqu'au jour où elle envoie par erreur un SMS à un inconnu. Commence alors un échange qui va bouleverser sa vie: peut-elle vraiment nouer une relation avec quelqu'un qu'elle n'a jamais vu?

Le résumé est celui d'un banal roman chick-litt tout ce qu'il y a de plus cliché. Et en effet, on a beaucoup de codes de la comédie romantique. Une héroïne maladroite, jeune mais pas trop, qui cherche un sens à sa vie, une hésitation amoureuse, un monde ultra-glamour, des situations cocasses et improbables. Jusque là, rien d'exceptionnel. Ce qui m'a surtout plu, c'est que c'est sacrément bien écrit. On passe du comique au poétique et au musical avec virtuosité, Volontiers douce-amère, l'histoire a beaucoup d'auto-dérision et de cynisme pour cette jeune femme qui devrait tout avoir pour être heureuse et qui ne l'est pas parce que l'essentiel est ailleurs. Elle m'a beaucoup touchée à ne pas arriver à trouver sa place parmi ses proches. Elle n'est pas du tout calibrée pour le monde dans lequel elle vit, elle est consciente de sa vacuité. Et ça change un peu.
Les personnages, de manière générale, m'ont beaucoup plu. Leur originalité pour commencer, qu'il s'agisse de la mère devenue la prêtresse parisienne du macaron après son divorce ou la belle-soeur, "nez" pour un parfumeur. Même les personnages secondaires sont bien campés, avec des trouvailles très sympathiques comme le père qui offre systématiquement des cadeaux à côté de la plaque à ses enfants qui sont ravis de se les échanger, ou la baronne incollable sur qui couche avec qui dans la haute société parisienne. Leurs liens sont d'ailleurs au coeur du roman puisque l'irruption de celui qu'Aurore appelle "Mr Bip" va faire voler en éclat pas mal de choses dans cette grande famille.
Mais je crois que ce qui m'a surtout plu, c'est la manière dont l'histoire évolue pour montrer à Aurore qu'elle se trompe sur toute la ligne. Comment elle passe complètement à côté d'une histoire parallèle qui devrait la concerner au premier plan et les subtilités narratives par lesquelles elle lui revient dans la figure. Parce qu'au détout d'une tentative de rencontrer Mr Bip, Aurore va tomber sur un autre homme. Très séduisant. Qui semble la trouver très intéressante. Et dont elle aurait bien voulu qu'il soit Mr Bip. Alors elle va hésiter. Et surtout, ne rien comprendre, parce que dans son dos, dans son passé, beaucoup de choses se sont jouées dont elle n'a absolument rien vu.
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