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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Estée a rompu. Notre narrateur se plonge dans la rancoeur, l'alcool et la lecture de "Madame Bovary". Il devient le Madman Bovary, qui ressent, ressasse, vit et revit les scènes et les personnages. Rien ne résiste à son chagrin, surtout pas nous lecteur.ice médusé.e devant les envolées sombres de la prose poétique de Claro. Un titre qu'il faudra relire dans quelque mois après avoir relu le classique de Flaubert.
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Je ne connaissais pas le style de Claro, seulement sa réputation. J'aurais dû me douter que le lire en vue d'un travail de français n'était pas adapté mais j'ai voulu tenter l'aventure. Et Madman Bovary en est une.
Le narrateur ne supporte pas sa rupture avec Estée et décide de se plonger dans Madame Bovary, roman qu'il a déjà lu plusieurs fois, afin d'échapper à sa douleur. Partant, il va s'identifier aux personnages, mais aussi s'inventer des identités bouffonnes (puce, pied bot) pour s'approcher de chacun d'entre eux et les juger, les comprendre, leur inventer des pensées et passés variés. Les rencontres et les bals d'Emma sont actualisés, transformant la rêveuse agaçante en véritable aguicheuse de boite de nuit, rapprochant dangereusement Emma d'Estée. Même Félicité, la servante du couple Bovary, se confond avec le personnage d'Un coeur simple, pour finir par le dissoudre dans la vie du narrateur, glissant de « Félicité » à « Féliestée ». Car quoi que fasse le narrateur pour se perdre dans sa lecture, cette dernière ne fait que le ramener à sa propre existence.
Ce roman est écrit avec une énergie et un humour vraiment réjouissants, les chapitres courts (une phrase : une réaction immédiate, un arrêt dans la lecture) alternant avec les chapitres longs (une description, la jeunesse d'Homais recomposée). Ce rythme et cette variété ne manquent pas d'emballer le roman qui brosse tout le récit de Flaubert au pas de course. La construction des parties et des chapitres laissent volontairement perplexe, et l'on aurait tort d'essayer d'y comprendre quelque chose. Mais l'ensemble n'est pas une fantaisie brouillonne ; au contraire, tout est maîtrisé et s'amuse de nos attentes, de nos habitudes de lecture, volontairement brisées ou interrogées. le langage, les images sont vifs et recherchés, c'est un régal et du pur délire. L'ensemble, malgré la complexité, est une bulle de fraîcheur qui surprend et amène généralement un sourire aux lèvres.
Enfin, Madman Bovary, surnom que se donne le narrateur, rend parfaitement compte du bovarysme à l'oeuvre. En effet, le narrateur joue avec le récit initial, rêve de secouer les personnages, fouille dans les recoins de leur esprit et de leurs jupons, extrapole, regrette, associe à son quotidien, confond, intertextualise. C'est donc un roman dont le personnage fait oeuvre de lecture.
Lecture vivement conseillée mais à ne pas prendre à la légère : à éviter sur la plage ou en lecture du soir pépère. Claro se savoure en prenant son temps et en faisant appel à toute sa concentration.
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S'incarner dans un roman plutôt que dans un personnage : pari inouï et réussi !

Deux ans avant le monumental « CosmoZ », notre traducteur préféré (à part Mélanie Fazi qui est hors concours...) livrait en 2008 son treizième ouvrage, habile et déjanté comme il se doit. Très fin connaisseur et admirateur du romancier au gueuloir, Claro s'incarne, le temps d'un dur et rageur chagrin amoureux, non pas dans le personnage d'Emma Bovary, mais dans le roman de Flaubert lui-même... : « Tomber dans « Madame Bovary », c'est s'abandonner au vertige des mots, aux vices des personnages ; c'est aussi retrouver à chaque page Emma, prototype de la garce dont Estée n'est peut-être qu'un avatar. Tour à tour puce, domino, cravache ou pied-bot, dans le corps d'Homais ou d'Hippolyte, le narrateur traverse le miroir déformant de la lecture. le voilà perdu dans le texte, fantôme hurleur, démiurge délirant. », nous dit avec justesse la quatrième de couverture.

« Oui, le corps d'Emma est une discothèque de province, c'est le Louxor, le Tremplin, le Wake Up ou le Pim's, bref, un de ces night-clubs où il fait bon s'ébattre et suer sans pour autant recommencer les guerres du Péloponnèse. Une lune d'argent pirouette au plafond et fait rissoler ses lucioles blêmes sur les peaux qui s'imbibent selon des rites savants. »

« (Quand j 'étais petit, l'expression « sauter les descriptions » m'insupportait déjà, me croyait-on voué à un parcours hippique, attentions aux haies, plus haut, plus haut, ici une barre, blanche et rouge comme un dégueulis dentifrice figé horizontalement à un mètre vingt du sol, allez, élan, élan, on saute ! Alors que justement les descriptions, qu'elles fussent de corridors ne menant qu'à la désorientation de soi ou d'étangs grouillant d'une faune abjecte, permettaient cette dissolution qu'interdisait la bruyante partie de flipper des dialogues. (...)) »

Moins gigantesque que « CosmoZ », moins radical que « Bunker anatomie » ou « Chair électrique », ce roman constitue sans doute la meilleure introduction possible, toute en plaisir et en jubilation, à l'oeuvre exigeante de Claro – et pas uniquement pour les passionnés de Flaubert !
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